jeudi 22 février 2007

Je ne sens pas les fausses blondes !

J’arrive à l’heure convenue sur le lieu du rendez-vous, un célèbre bistro du boulevard st-germain. Mais je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas très surpris de ne pas voir mon ami ? C’est donc spontanément que je m’installe dans un coin de la salle, prends le journal et commande un café. 45 minutes plus tard et alors que j’entame ma troisième cigarette et ma deuxième tasse de café, mon attendu ami me fait le plaisir de sa venue. A ma grande surprise, il n’est pas seul. Deux jeunes femmes ostentatoirement faites et surfaites et bardées de sacs de toutes les formes et de toutes les couleurs, l’accompagnent : sa fiancée et la sœur de celle-ci !

Le choc de la première impression estampé, je m’emploie à accueillir la future épouse de mon ami comme il se doit. Comme le veulent les conventions, je m’efforce à poser plein de questions sur les circonstances de leur rencontre et les préparatifs du mariage et tout le tralala habituel. J’essaye également de m’intéresser un peu à la sœur qui semble bouder dans son coin. Mais je n’aurais pas du ! Puisque de cette maladresse j’apprends qu’elles (elle et sa sœur) « font la tète » parce qu’à cause de ce rendez-vous (donc de moi) elles n’ont pas pu aller « aux galléries » pour un achat de première importance. Le visage pale, je me retourne vers la grande sœur espérant que celle-ci se désolidarise de cet affront. Rien ! Elle est entrain de contempler la carte des boissons d’un air exaspéré en jetant de temps à autre des regards envenimés à son fiancé.

Voila donc que je découvre, après trois quarts d’heure d’attente et une heure de mièvres souvenirs de rencontre, que j’étais, sans le savoir, une contrainte, un contretemps, pour ces deux jeunes femmes-enfants à qui je n’ai rien demandé. Ce rendez-vous commence à tourner au cauchemar !

Toujours déterminé à garder un visage souriant, je reviens vers mon ami espérant trouver un peu de compassion amicale dans cet environnement qui s’est avéré hostile. On commence à peine de parler de son travail, que la sonnerie de mon téléphone me donne de quoi espérer la délivrance. C’est mon amie qui propose de me rejoindre pour que l’on dine ensemble. Je ne vous raconte pas ma joie suite à cette heureuse proposition qui va me permettre de prendre congé sans donner l’impression de me défiler. Mais que ma joie fut courte ! À l’annonce de ce RDV salvateur à mon ami, il a aussi tôt décrété que c’est l’occasion idéale pour que nous dinions tous ensemble et ainsi faire connaissance, au grand désespoir de ces deux accompagnatrices. La gorge serrée je rappelle mon amie et lui annonce la nouvelle qu’elle trouve (bien évidement), « géniale ». Toujours partante, comme elle est, mais aussi et surtout, ignorant la nature des deux vipères qui l’attendent.

Transpercé par les regards empoisonnés et sans gêne des deux mégères en herbe et excédé par les vaines tentatives de mon ami de détendre l’atmosphère, la demi-heure qu’elle a mis pour nous rejoindre m’a fait vivre l’enfer de Dante. Mais maintenant je ne suis plus seul, elle est la, et je suis vraiment content de la voir. Ce n’est pas que je ne lui suis pas à chaque fois que je la vois, mais cette fois-ci, ça venue a, à mes yeux, quelque chose de miraculeux. Je me précipite pour faire les présentations et je m’installe à coté de mon amie qui s’emploie innocemment à dire à quel point elle est contente de faire la connaissance de l’un de mes copains de lycée et par la même occasion de sa future épouse et sa belle sœur. Puff quelle perte de temps ! En réaction à l’enthousiasme de mon amie, les deux pestes la regardent deux fois de haut en bas, puis se regardent et plongent leurs deux crinières dans leurs menus comme pour dire qu’il fallait mieux passer directement au diner. T’en mieux ! Passons au diner ! Plus vite celui-ci sera expédié, plus vite sera notre délivrance.

Apres 15 minutes d’hésitation nous passons finalement commande au serveur qui semble déjà appréhender les deux spécimens qui font mon malheur. A notre grande surprise (le serveur, moi et surement mon copain aussi) les filles acceptent leurs plats sans rechigner ! Priant dieu pour cette bonne humeur qui semble gagner les deux pestes, j’entame, pas sans inquiétude, mon diner tout en échangeant des banalités avec mon ami. Mon amie, quand à elle, elle s’aventure encore une fois à vouloir discuter avec les deux bimbos. Mais la conversation semble s’installer et je commence à me dire qu’enfin de compte j’avais peut être jugé trop hâtivement ces deux jeunes femmes. Grave erreur !

Au moment ou nous entamons le plat principal, l’heureuse fiancée de mon ami nous gratifie d’une énormité que rien pourtant, dans la conversation qui a précédé, ne pouvait prévoir : « Les blondes sont plus propres que les brunes » lance notre groupie ! « C’est connu » ajoute-t-elle sans sourciller. « Les blondes ne sentent pas mauvais…c’est génétique. C’est du à notre système hormonal qui est complètement différent de celui des brunes » continue-t-elle sur sa lancée ! Alors que j’essaye d’avaler la bouchée qui m’empêche de parler la sœur nous prend à la volée et rajoute en prenant un air sérieux : « oui c’est super connu ! C’est à cause des poiles…les brunes sont beaucoup plus poilues et c’est pour cela qu’elles sentent plus fort…même chez l’esthéticienne ce n’est pas le même tarif…pour les brunes...c’est plus cher…c’est normal ! elles ont plus de poiles ! » Et elle éclate dans un rire dont seules les tunisiennes semblent connaître le secret. Me remettant à peine de cette deuxième couche d’énormités, je me retourne vers mon ami qui toute en rigolant avec un air bête, s’essaye encore une fois à l’humour en lançant : « beh oui c’est évident ! C’est pour ça que je préfère les blonde et que j’en ai choisi une pour être ma femme ».

Oui ! Parce que ce que j’ai oublié de vous dire ou plus tôt parce que je ne l’ai pas remarqué avant : nos deux tigresses étaient vaguement blondes. Oui vaguement parce que, bien que la fiancée ne soit pas vraiment brune, les racines décolorées de ces cheveux montrent qu’elle doit être plutôt châtain que blonde. Quant à sa sœur, alors la ! Elle est tous ce qui a de plus brune et ce n’est pas la couleur blonde platine qui couvre ces cheveux qui pourrait nous faire croire (même pas pour un instant) le contraire. Je me retourne vers mon amie, qui, elle, est bien brune, en s’attendant à voir ses cheveux, bien noirs, se dresser sur sa tête. Mais, elle semble plutôt préférer prendre les choses avec philosophie et humour en annonçant à l’adresse des deux fausses blondes qu’elle allait se refaire « une petite beauté » en rajoutant, sournoise : « ce sont les inconvenants d’être une brune ».

Sur le chemin du retour, heureux de « ma brune malodorante », je pense au cauchemar que nous venons de vivre en me disant que les blagues sur les blondes devaient, finalement, avoir quelque chose de vrai. Mais là, ça n’explique pas la bêtise de ces deux écervelées. Même dans le cas où, comme le veut la légende, les blondes étaient sans cervelles, aucune d’elles n’était vraiment blonde. A moins qu’en se teignant les cheveux en blond les candidates à cette mystification, héritent de la bêtise supposée légendaire des vraies blondes. Elles développeraient en plus une tendance exaspérante à l’impolitesse et au mauvais goût !

*************************************************************
Pour détendre l’atmosphère, une petite vidéo pour mon ami si content de sa fausse blonde. Bien évidement c’est à prendre, comme pour ce billet, au second degré…quoi que ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire