vendredi 28 décembre 2007

Toujours sans nouvelles du bloggeur Fouad Al-Farhan !






ouad Alfarhan, l’auteur du célèbre blog alfarhan.org a été arrêté le 10 décembre 2007 à Jiddah ou il réside avec sa femme et ses deux enfants. Près de 20 jours après son arrestation, le plus connu des bloggeurs saoudiens est toujours en détention dans les locaux des services du ministère de la sécurité intérieur sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.

Selon son épouse, contactée par Global Voices Advocacy, Fouad a été arrêté au siège de sa société, le lundi 10 décembre et accompagné à son domicile par des agents du ministère de l’intérieur qui ont procède a une perquisition durant laquelle son ordinateur portable a été confisqué. Sans révéler les charges qui pèsent sur son mari les agents l’ont tout de même informé qu’il sera mis en détention provisoire pendant un mois durant lesquels aucune visite ne serait autorisée. Mme Alfarhan a également affirmé que l’arrestation de son mari était liée à ses écrits sur son blog.

Ce n’est pas la première fois que Fouad ait à faire avec la police saoudienne. L’année dernière il a été enlevé par des agents en civil et contraint de fermer son blog. Une interruption forcée qui n’a duré que quelques mois suite auxquels Fouad a finalement décidé de reprendre le blogging. Se confiant à ses amis, Fouad se savait déjà dans la ligne de mir du ministère de l’intérieur comme il l’expliquait dans un courrier envoyé à quelques uns de ses amis quelques jours avant son arrestation :
« On m’a informé qu’il existe un ordre officiel émanant d’un haut responsable du ministère de l’intérieur pour m’interroger. Ils m’arrêteront à n’importe quel moment durant les deux semaines qui suivent.

Tout cela parce que j’ai écrit sur les prisonniers politiques en Arabie Saoudite. Ils pensent que je suis entrain de monter une campagne sur internet pour promouvoir leur cause. Tout ce que j’ai fait était d’écrire quelques textes et réaliser quelques bannières et demander à d’autres bloggeurs de faire de même.

La personne qui m’a révélé cette information m’a demandé de collaborer et de signer des excuses. Je ne suis pas sur que je suis prêt à le faire. Des excuses pour quelles raisons ? M’excuser pour avoir dit que le gouvernement ment quand il accuse ses personnes de supporter le terrorisme ?

La source m’a également demandé de s’attendre au pire à savoir mon arrestation pendant 3 jours le temps d’établir un rapport sur moi avant de me relâcher. Il se peut aussi qu’il n’en est rien mais si cela durait plus que 3 jours, il faut que cette lettre soit révélée à tous…Je ne veux pas être oublié en prison. »
En réaction à cette arrestation injuste, plusieurs bloggeurs se sont réunis pour organiser une campagne en ligne pour demander la libération de Fouad. Que ce soit sur le blog de la campagne de soutien ou sur son propre blog qui continu d’être mis à jour par ses amis ou encore sur le groupe créé sur Facebook, des dizaines de messages de soutiens de bloggeurs saoudiens mais aussi des internautes de toutes les nationalités, s’indignent de cette arrestation arbitraire et exigent la libération de Fouad Alfarhan. Le bloggeur Sami Ben Gharbia, responsable de Global Voices Advocacy et ami de Fouad se dit « triste de voir qu’un bloggeur soit arrêté et réduit au silence pour avoir exercé sa liberté d’expression pour condamner le terrorisme et promouvoir des reformes politiques dans son pays. »

Plusieurs organisations non gouvernementales ont également condamné cette arrestation. Dans un communiqué du 24 décembre 2007, The Arabic Network for Human Rights Information, s’inquiète de cette détention et exige des autorités saoudiennes de révéler les raisons de cette arrestation. Exigence également formulée par The Committee to Protect Journalists qui par la voix de son directeur exécutif, Joel Simon déplore que Fouad soit « secrètement détenu depuis plus de deux semaines sans aucune charge contre lui » et « appelle les autorités saoudienne à le libérer immédiatement ». Pour sa part, Reporters sans frontières, regrette que « Les réformes et l’ouverture annoncées par le roi Abdallah Ibn Al-Saoud sont toujours sans effet sur la vie quotidienne des Saoudiens. » en rappelant que L’Arabie Saoudite figure sur la liste des "treize ennemis d’Internet" et qu’elle occupe la 148e place sur 169 du classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation en octobre 2007.

Ceux qui connaissent le blog de Fouad apprécient surtout son courage et le ton résolument audacieux de ses écrits. Toujours avec élégance et humour Fouad brosse un portrait sans concession du milieu politico-affairiste de son pays. Il est également l’un des plus virulents détracteurs du double jeu du pouvoir saoudien sur la question du terrorisme international. Toute en condamnant la violence dans toutes ses formes, il appelle dans son blog au dialogue et aux reformes politiques indispensables pour envisager un avenir meilleur dans son pays. C’est pourtant ce discours courageux, pacifique, modéré et réformateur qu’on reproche à Fouad Al-Farhan. Raison de plus pour ne pas l’oublier en prison et permettre ainsi aux autorités saoudiennes de le réduire au silence.



lundi 24 décembre 2007

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action note blanche












Les dessins de 2007




Sur le pupitre-cercueil : La politique du président des Etats-Unis en Irak. 10 Jeanvier 2007. Dans un discours à la nation George Bush annonce l'envoi de 20 000 soldats supplémantaires en Irak. Fin 2007, le nombre de millitaires américains tués en Irak depuis le début de l'invasion de 2003 approchera les 4000. Dessin de Martyn Turner, Irlande.



14 Janvier 2007. Nicolas Sarkozy devient officiellement le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle. Dessin de Dave Brown, Royaume-Uni.



13 Février 2007. Lors de pourparlers à Pékin, la Corée du Nord accepte de renoncer au nucléaire en échange d'une aide économique et énergétique. Dessin de Francisco, Philippines.



"Dire qu'après quatre ans je ne sais toujours pas distinguer un chiite d'un sunnite". 19 Mars 2007. Le 19 mars 2003 les Etats-Unis attaquent l'Irak. Ala fin "officielle" de cette guerre, le 1 mai 2003, a succédé une période - qui continue - d'attentatset de guerre civile entre sunnites, chiites et Kurdes. En quatre ans la guerre aurait fait plus de 650 000 morts, selon une étude du journal britanique The Lancet. Dessin de Matson, Etats-Unis.



La filiale d'EADS annonce, sous le nom de "power 8" un plan de restructuration prévoyant 10 000 suppréssions d'emploi. Il s'agit entre autres, de compenser les pertes dues aux retards accumulés dans la fabrication du très gros porteur A380. Dessin d'Herrmann, Suisse.



6 mai 2007. Nicolas Sarkozy est élu président de la république française avec 53% des suffrages. Il prend ses fonctions le 16. Dessin de Glez, Burkina Faso.



17 juin 2007. Ségolène Royal et François Hollande annoncent leur séparation. La rupture entre le premier secrétaire du PS et celle qui brigue la succession brouille un peu plus les cartes au PS. Dessin de Barrigue, Suisse.



"Maintenant c'est nous qui contrôlons la situation."14 juin 2007. Après plusieurs jours de combats entre le Fatah et le Hamas, les deux composantes du gouvernement d'union palestinien, ce dernier prend le contrôle de la bande de Gaza. Celle-ci devient, de fait, un territoire où s'applique la loi islamique. Dessin de Riddell, Royaume-Uni.



26 Septembre. Au Myanmar, après plusieurs semaines de manifestations pacifiques menées par les bonzes, les forces de l'ordre chargent les manifestants. La répression de ce mouvement réclamant plus de démocratie, amorcé à l'occasion de l'augmentation du prix des carburants, fait au moins 31 morts. Une chape de plomb retombe sur le pays. Dessin de Marco de Angelis, Italie.



"Cette guerre est privée ! Voici VOTRE guerre !" La France, par la voix de Kouchner et Sarkozy, tient des propos fermes, voire belliqueux, à l'encontre de l'Iran. Pendant ce temps, un nouveau scandale éclate en Irak, lié à la présence massive sur place de sociétés de sécurité privées telles que Blackwater. Leurs salariés ont la gâchette facile et juissent d'une totale impunité. Dessin de Steve Bell, Royaume-Uni.



3 décembre 2007. Selon un rapport des agences de renseignements américaines, l'Iran aurait gelé son programme nucléaire millitaire en 2003. Dessin de Chappatte, Suisse.



3 décembre 2007. Après avoir été condamnée au Soudan pour avoir laissé ses élèves donner le nom du prophète à un ours en peluche, l'institutrice britannique Gillian Gibbons est graciée par le président Omar El-Béchir. Dessin de Mix & Remix, Suisse.


Source : Courrier International n° 894-895 du 20 décembre 2007 au 1er janvier 2008.


vendredi 21 décembre 2007

L’acharnement policier contre Ali Ben Salem continue



li Ben Salem, 76 ans, président de la section de Bizerte de la Ligue Tunisienne de défense des Droits de l’Homme (LTDH) et vice-président de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT) a encore une fois été victime le 20 décembre 2007 d’agressions policières devant son domicile situé à Bizerte alors qu’il recevait la visite d’un groupe de militants à l’occasion de la fête de l’Aïd.

L’agression de Mr Ben Salem survient alors qu’il tentait d’exprimer son refus quand les nombreux policiers qui encerclaient sa maison, empêchant ses amis d’y accéder. Pris à parti, il est violemment bousculé et piétiné. Sachant qu’en plus de son âge, M. Ben Salem a subi il y’a quelques temps une opération au cœur. Ses amis ont dû l’emmener à l’hôpital car il souffrait de douleurs au niveau du cœur.

Rappelons que le 07 novembre 2007 le Comité contre la torture (CAT) des Nations unies a considérée comme recevable la requête N° 268/2005 présentée par l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) en mai 2005 au nom de Mr Ben Salem, pour « torture et mauvais traitements » dans le poste de police d'El Manar en avril 2000, après épuisement des voies de recours internes.(voir sur le blog d'Astrubal le texte integral de la décision)

Mr Ali Ben Salem s’exprime à propos de la condamnation de la Tunisie par le Comité contre la torture de l’ONU pour mauvais traitement à son encontre. El Hiwar Ettounsi. Source : Nawaat.org

Cette lâche agression contre Mr Ben Salem n’est pas la première et n’est pas non plus étrangère à cette décision onusienne qui constitue une grande victoire non seulement pour Mr Ben Salem qui a fait preuve de grand courage et de grande détermination, mais pour toutes les victimes de l’arbitraire qui attendent justice et réparation des crimes dont ils ont fait l’objet.

Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie CRLDHT
qui s’indigne quant à cette nouvelle agression perpétuée à l’encontre d’un honnête citoyen qui a tant donné à la Tunisie et exige l’arrêt de cet acharnement sans fin à l’encontre de Mr Ali Ben Salem ainsi que ceux à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme qui font l’objet d’un harcèlement permanent dans leur vie quotidienne, visant leur intégrité et leur sécurité.

* Selon communiqués de la section de Bizerte de la LTDH


jeudi 20 décembre 2007

Chez Orange certains mots de pass ne passent pas !



’est le quotidien régional, Sud-Ouest qui a en premier révélé l’affaire. Mr Mohamed Zaidi, garagiste de Pessac et d'origine marocaine, a reçu un bien étrange mot de passe pour se connecter aux services du fournisseur d’accès Orange. En effet dans une lettre datée du 7 décembre et qui avait pour but de lui indiquer les identifiants de connexion de son compte, comporte en plus de l’adresse mail et le mot de passe correspondant composé de lettres et de chiffres, un mot de passe pour la connexion à Internet qui aurait pu être également une combinaison aléatoire de lettres et de chiffres. Mais voilà le mot de passe proposé à Mohamed Zaidi est « salearabe » !

Abasourdi, consterné, stupéfait, M. Zaidi ne comprend pas la raison de cet acte. A la suite de plusieurs appels au service client, l'abonné admet que parfois la discussion était tendue mais elle restait polie. Au micro d'un journaliste, l'intéressé déclare « Cela a été un énorme choc. J'ai appelé la hotline quand j'ai eu des problèmes de connexion, mais je ne me suis jamais énervé. C'est plutôt choquant de la part d'une entreprise comme celle-ci ».

Interrogée, la direction d'Orange est consternée et qualifie cet agissement « d'extrêmement choquant ». Les mots de passe étant générés automatiquement mais de telle manière que de tel password ne puisse pas être retenue, Orange constate qu'il s'agit d'une attribution volontaire et ajoute « Nous pourrons établir les responsabilités, les courriers sont tracés. Si un coupable est trouvé, nous entamerons une procédure disciplinaire qui pourra aller jusqu'au licenciement. Il n'est pas question de laisser passer ce genre de chose ».

Cette « blague » de bien mauvais goût prouve qu'il règne dans ce pays certaines idéologies qui vont à l'encontre de ses principes fondateurs.

Voir le témoignage de Mr Zaidi sur iTélé.


iTélé - Journal du 20 decembre 2007



dimanche 16 décembre 2007

Hypocratie : Le mal tunisien







près la chute du mur de Berlin et la déliquescence des idéocraties, des nouvelles formes de dictatures ont émargé de se vide idéologique. Alors que des peuples s’émancipaient des affres du communisme, d’autres sombraient sous le joug d’une nouvelle forme de tyrannie : les pseudos-démocraties. Ces régimes politiques d’un genre nouveau, qu’on qualifiera ici d’« hypocraties », ont résolument fait le choix des idéologies triomphantes en adoptant la politique du caméléon. Tout en se déclarant des valeurs démocratiques, les dirigeants de ces « républiques bananières » sont passés maîtres du volte-face stratégique et de la « double pensée » permanente. Le temps qu’il faudrait pour un caméléon de changer de robe, suffirait largement au maître « hypocrate » de troquer ces habits de tortionnaire contre ceux du défenseur des droits humains, aussi aisément que de passer du statut de militaire à celui de civil.

Le terme « hypocratie » porte en lui l’essence même de ces régimes. En effet on peut définir le mot en se basant sur les racines grecques de ces deux composantes sémantiques. Dans ce cas le mot se compose du préfixe, hypo, qui signifie « sous » ou « en dessous » et du mot cratie (cratien en grec) qui signifie pouvoir. Les mots formés du préfix « hypo », exprimant une idée de diminution, le mot ainsi formé désigne un pouvoir diminué ou un « sous-régime ». Le mot peut également être le résultat de la contraction du mot « hypocrisie » et celui de « démocratie ». Cette contraction exprimerait le caractère hypocrite de ces pseudo-démocraties qui proclament le contraire de ce qu’elles appliquent.

Une « hypocratie » est donc, un régime d’une part diminué par l’illégitimité politique de son existence et l’absence chez ses prélats de convictions claires, et d’autre part hypocrite, en s’efforçant de paraître pour ce qu’il n’est pas. Cette nature ne dispense pas « les hypocraties » d’être des régimes totalitaires, bien au contraire. Mais ces derniers présentent la spécificité de s'accommoder d'une façade démocratique avec la conviction que les possibilités d'expansion et de durée dans le temps sont bien plus grandes dans une « hypocratie » que dans une franche dictature. Le régime politique tunisien, Par sa légitimité discutable et son opportunisme hypocrite, est la démonstration vivante de tout ce qui peut faire une « hypocratie ».

Une légitimité politique discutable

Bien que les théories politiques ou juridiques ne soient pas les seules voies de la légitimation d'un pouvoir, elles en sont comme la toile de fond qui freine l'action et oblige le pouvoir à se justifier et à rendre des comptes. Conscient de l’importance de ces facteurs pour asseoir sa légitimité, le régime tunisien a reposé son pouvoir sur plusieurs théories à la fois, qui apparurent au premier plan au fur et à mesure des étapes qui ont rythmé son évolution. Bien qu’habilement distillées, ces théories de légitimation se heurtent à des vérités historiques et politiques de nature à démontrer incontestablement le caractère « hypocratique » de ce pouvoir.

Après le coup d’état médical du 7 novembre 1987, Ben Ali, alors premier ministre et ministre d’Etat, arrive au pouvoir en se présentant comme l’homme providentiel, le sauveur de la Tunisie alors que le pays est secoué par une crise politique doublée d’une crise économique le tout sur fond de menace islamiste. Les conditions adéquates pour que Ben Ali se proclame d’une légitimité matérielle qui consiste à dire : « je suis au pouvoir parce que je suis le plus apte » ou « celui qui mérite le plus d’y être ». Or cette forme de légitimité a le double désavantage d’être d’une part subjective surtout que le ministre putschiste ne s’est illustré pour le grand publique que lors d’une des pages les plus sombre de l’histoire de la Tunisie pour être, pendant « les émeutes du pain » l’organisateur de la plus grande action de répression menée dans le pays depuis son indépendance. D’autre part la légitimité matérielle par son caractère contingent, est d’usage délicat. Parce que supposant même que cette légitimité fut justifiée en 1987, elle n’est pas pour autant valable dans le temps surtout lorsque les circonstances changement et que la situation générale, jugée critique au départ, s’améliore. Il est donc clair qu’après 20 années de règne, l’actuel président ne peut plus prétendre à cette légitimité matérielle. D’une part son inaptitude à mener à bien les réformes institutionnelles nécessaires, promises au départ, a été confirmée par l’expérience et d’autre part les circonstances qui avaient pu justifier une telle légitimité n’existent plus.

Il est également patent que dans n'importe qu'elle société démocratique, la popularité d'un leader ne suffit pas à lui conférer de la légitimité politique. Ce n'est pas le charisme d'un leader qui légitime son pouvoir politique mais bien le processus démocratique qui valide son charisme. On peut tout de même admettre qu’une telle chose est possible lorsqu'un un leader incontesté prend la direction d'un mouvement de libération dans un pays colonisé, quand les conditions légales d'un processus démocratique n'existent pas. C’était le cas pour feu Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie. Dans ce cas précis le rôle d’un leader politique est de créer les conditions fondamentales pour une expression démocratique. Chose que Bourguiba a fait avec une certaine réussite dotant le pays d’outils institutionnels et juridiques avant-gardistes. Contrairement à son prédécesseur, l’actuel président, en plus du fait qu’il ne bénéficie pas des mêmes circonstances qui ont mené Bourguiba au pouvoir, il ne c’est jamais illustré par un charisme exacerbé ni par une personnalité emblématique, bien au contraire. On est effectivement loin de la popularité quasi-naturelle de Bourguiba et ses légendaires bains de foule. Encore une légitimité à la quelle Ben Ali ne peut prétendre. L’adhésion populaire s’est faite par dépit et perdure par la crainte et à défaut. Une adhésion qu’il serait plus judicieux d’appeler « non-opposition » qui devant l’inexistence d’une figure emblématique ou d’une alternative crédible, préfère l’acquiescement sans conviction devant les élans populistes de Ben Ali. Cela est bien sur loin de permettre une légitimation populaire.

Lors du coup d’état médical du 7 novembre 1987, c'est par la constitution et dans le respect scrupuleux des textes que Ben Ali procéda. On peut même dire que les seuls coups d’états illégaux sont ceux qui avortent. Un coup d’état ressui est en quelque sorte toujours légale, portant en lui les éléments de sa propre légalité. Pourtant, cela n’empêche pas l’illégitimité de la manœuvre. En effet, la constitution par la quelle Ben Ali est venu au pouvoir est une coquille vidée de toute force juridique. Elle n’est plus la loi suprême, celle qui, par nature se place au-dessus de toutes les lois de la république ainsi que toutes les considérations personnelles. Cette constitution s’est transformée le 12 septembre 1974 en un instrument de totalitarisme après son amendement par le parlement tunisien de façon à instaurer la présidence à vie pour « le combattant suprême ». Non seulement l’amendement, troque la république pour une quasi-monarchie mais donne le droit de destitution du président de la république au premier ministre alors qu’il n’à aucune légitimité électorale ce qui est en soit une disposition contraire à l’esprit républicain. L’illégitimité de cet amendement est double : constitutionnelle, en trahissant l’esprit de la constitution et le principe d’alternance démocratique à la tête de l’exécutif et républicaine pour ne pas avoir tenu compte d’une règle fondamentale qui veut que seul un élu du peuple puisse assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir.

Ce régime c’est donc construit sur les ruines d’une autocratie devenue illégitime à cause d’une constitution dénaturée, instrumentalisée, aux pratiques antirépublicaines et n’a fait donc que bâtir sur des fondations ébranlées. Bien sur Ben Ali n’est pas responsable de l’origine de cette perte de légitimité mais il n’a montré aucune réelle volonté de remédier à cette désacralisation des textes constitutionnels. Cela s’est révélé clairement dés le premier amendement, celui par lequel la présidence à vie a été abolie pour être remplacer par une formule ingénieuse du « président rééligible deux fois », amendement voté en fanfare par le parlement tunisien en 1989. Cet amendement qui se voulait historique n’a fait que renforcer le pouvoir du président en le préservant de la censure du parlement l’exonérant ainsi de toute justification devant la représentation nationale. Le président se retrouve par ce déséquilibre, au dessus du pouvoir législatif et légalement hors d’atteinte. Bien que faible, l’hypothétique pouvoir de la chambre des députés, conféré par l’amendement constitutionnel de 1976, le président Ben Ali le supprime lui trouvant un caractère dangereux, enlevant ainsi tous les moyens légaux de destitution d’un président en fonction. Ceci donne, bien sur, dors et déjà la possibilité au président de prolonger à l’infini son mandat et d’étendre sans retenue ses prérogatives. Toute action légale contre lui étant impossible, sa succession devient assujettie à son bon vouloir et le degré de développement de son esprit démocratique.

Hypocrisie généralisée

Comme déjà mentionné plus haut les régimes « hypocratiques » à l’instar du régime tunisien, s'accommodent fort bien d'une façade démocratique. En 20 ans d’existence le totalitarisme abouti du pouvoir en place n'a pratiquement plus besoin d'utiliser la force brute pour assoir son pouvoir. Il est vrai que par sa définition le totalitarisme est un système qui entend contrôler et dominer totalement la totalité de la vie et de la pensée de la totalité des populations, et qui interdit et réprime toute tentative de dépassement, de remise en question. Les « hypocraties » ne dérogeant pas à cette règle et détestent autant l'autonomie et la liberté individuelle. Mais à la place de la répression sanguinaire, le régime « hypocratique », préfèrent compter sur la docilité du peuple et sur la notion de « libertés réduites », à entendre, canalisées dans des voies déterminées qui ne peuvent pas lui nuire. Il mise plutôt sur la soumission volontaire, les contraintes économiques, la force de la propagande diffusée en permanence par les médias, l'école, les hommes politiques, les gens eux-mêmes. Une hypocrisie généralisée qui met à jour l’immense pouvoir de l’auto-persuasion de la majorité des gens et le bourrage de crâne exercé par les adultes sur les enfants. Une méthode beaucoup plus efficace que les exécutions sommaires et les camps de rééducation.

Tant que le peuple ne remette pas en cause leurs existences et tant qu’il ne se rende pas capable de construire autre chose, les hypocraties montrent un visage tolérant et ouvert. Les hypocraties tolèrent même l’existence d’une opposition. A condition, bien évidement, que celle-ci ne puisse se passer d’elles. Les quelques défoulassions sporadiques tolérées, permettent à « la dissidence» d'avoir l'impression de faire quelque chose et même d'avoir l'illusion de remporter parfois des petites batailles. Tant que l’opposition reste résiduelle elle ne constitue dans une hypocratie aucune menace. Elle sert même à montrer combien elle est tolérante ! Elle sait que grâce à la censure et à l’implacable jeu de la real politique, ils auront très peu d’accès aux grands médias, et donc que leur audience restera toujours limitée. Elle espère qu'ils finiront par se convertir comme tout le monde, ou par sombrer dans le désespoir ou la violence. A défaut, elle les marginalisera encore plus en les amalgamant à des catégories criminelles. Elle sait que ses sujets adorent les boucs émissaires et n'aiment pas ceux qui mettent le doigt sur les réalités qu'ils tentent d'oublier en adhérant à fond au système « hypocratique».

Au sein d’une hypocratie, les tenants du pouvoir s’évertuent, dans un subtil exercice, à fragiliser la population convaincus et à juste titre qu’il est plus facile de régner sur des gens diminués financièrement, spirituellement et intellectuellement. Il est certainement plus facile de les manipuler tant qu’ils se préoccupent davantage de leur survie quotidienne que de changer le monde. Précarité, chômage, surendettement, insécurité autant de levier sur lesquels les régimes «hypocratiques» jouent pour bloquer les possibilités de révolte à la base. La paupérisation de tous les aspects de la société est un d'excellent moyen de contrôle qui ne dit pas son nom. Mais une des ruses suprêmes des régimes hypocratiques, est d'obliger quasiment tout le monde, contestataires et conformistes, à franchir consciemment ou pas les limites de la loi. Chacun peut alors être l'objet de poursuites. Par exemple, pour s'exprimer, on peut avoir à organiser une manifestation interdite, pour survivre certaines personnes sont obligés de commettre des illégalités, les réglementations de certaines professions sont tellement tatillonnes qu'on est obligé de ne pas les respecter pour pouvoir survivre…Autant de truchement redoutables pour mettre toute la population à la porté d’une justice arbitraire et complètement à la solde du pouvoir et qui en donner, en Tunisie, des résultats remarquables.

Les systèmes « hypocratiques », bien qu’ils soient à la pointe du totalitarisme, peuvent probablement être perfectionnés et approfondis, notamment grâce aux innovations technologiques en matière de censure et de contrôle des populations, mais il semble difficile de faire plus vicieux et plus efficace sur le principe. Par les deux aspects qui les définissent, ces régimes ont réussit à se maintenir et à prospérer sans rencontrer de véritable résistance intérieure et encore moins extérieure. En effet, dans de tels régimes, les gens réclament eux-mêmes leurs chaînes et se révèlent encore plus répressifs que les services de répression d'Etat. Pas besoin de massacrer les opposants, il y en a trop peu et ils sont complètement paralysés par les rouages du système. Les braves citoyens s'auto-surveillent, s'autocensurent, le tout étant recouvert du drap blanc des libertés, du « gouvernement par le peuple ». Il suffit de savoir doser intelligemment répression, atteintes aux libertés, récompenses et biens matériels pour éviter révoltes et rejet en bloc. Le peuple veut y croire, il n'est donc pas trop difficile de le contenter, malgré tous les faits qui démontrent le contraire. De grandiloquentes déclarations, des élections pour élire un candidat unique ou des gens qui n'ont pas de pouvoir réel, suffisent à donner l’impression de vivre dans un système convenable.


Dans le monde beaucoup de régime optent pour une « hypocratie » et parviennent tant bien que mal à maintenir une illusion de liberté et une façade plus au moins convenable, mais de ceux qui ont le plus réussit l’application de ce modèle, le régime tunisien peut prendre valeur d’exemple. Depuis son installation à la tête du pouvoir il n’a cessé de perfectionner le système pour le rendre presque invisible, indétectable pour l’observateur étranger et complètement intégré par la majorité des tunisiens. Même ceux parmi eux qui découvrent la vraie nature du régime trouvent peu d’oreilles intéressées. Le visage humain du système « hypocratique » profère à ces tenants un certain « bénéfice du doute »…c’est peut être là sa plus grande réussite.



jeudi 13 décembre 2007

Kadhafi à Paris : Les caricatures d'une visite




Le canard Enchaîné du 12.12.2007


Le Canard Enchaîné du 12.12.2007 Charlie Hébdo du 12.12.2007

Charlie hébdo du 12.12.2007
Charlie hébdo du 12.12.2007





mercredi 12 décembre 2007

Un guide pour bloguer anonymement avec Wordpress et Tor





u moment où la censure de l’Internet, mais aussi les attaques contre ceux qui s’y expriment librement s’intensifient, notamment en Chine, en Tunisie, en Syrie ou en Egypte pour ne citer que ces pays, contourner la censure mais aussi se protéger des appareils de surveillances, de plus en plus sophistiqués, que ces pays mettent en œuvre, devient une nécessité pour beaucoup d’internautes amener à s’exprimer sur des sujets sensibles. C’est pour tenter de répondre à ce besoin qu’Ethan Zukherman, co-fondateur de Global Voices, a réalisé The Anonymous Blogging with Wordpress and Tor, un guide pour tous ceux qui veulent s’exprimer librement tout en protégeant leurs identités. Comme le dit l’auteur dans le texte introductif de ce guide :
« J'ai travaillé avec un certain nombre d'auteurs qui voulaient écrire en ligne sur des sujets politiques ou personnels, mais qui hésitaient à le faire avant d’être sûr qu’on ne pourrait pas faire le lien entre leurs écrits en ligne et leur identité. Ces auteurs sont aussi bien des activistes des droits de l'Homme, dans des douzaines de pays, que des employés qui désirent faire connaître des dysfonctionnements condamnables aux seins de sociétés privées ou gouvernementales dans certains pays répressifs. »
Le guide n’a pas la prétention d’exposer toutes les solutions possibles pour bloguer et surfer anonymement sur Internet, il ne présente pas non plus un nouvel outil, mais il permet, en combinant plusieurs outils existants, de proposer une méthode très efficace répondant aux deux exigences de sécurité et d’anonymat. En effet la solution proposée consiste à utiliser, dans une certaine configuration, le navigateur Firefox, le serveur de proxys Tor et l’éditeur de blog Wordpress, pour obtenir un degré de sécurité optimal. Etape par étape, l’auteur explique les installations à faire, les configurations à adopter et surtout le « pourquoi » de chaque étape pour ceux qui veulent aller plus loin. Illustré et mis en page par Sami Ben Gharbia, le guide est d’une simplicité appréciable. En plus de l’utilisation de ces trois outils, Ethan propose également quelques solutions pour répondre à des situations particulières, comme le choix de la messagerie, l’utilisation des logiciels de cryptages ou la possibilité de profiter de ce dispositif sur des ordinateurs publiques en utilisant une clé USB, toujours pour permettre le plus haut degré de protection possible.

Bien évidement pour ceux qui possèdent ou vont ouvrir un blog sur une autre plateforme ou encore ceux qui cherchent un moyen de contourner la censure, la combinaison de Firefox et Tor est déjà un très bon moyens pour le faire et ainsi se protéger contre les regard indiscret des polices de l’Internet. Tor, permet de se connecter au Web par l’intermédiaire de 3 serveurs différents avec à chaque fois une connexion cryptée et le navigateur Firefox, en plus d’être techniquement plus fiable que le fameux Internet Explorer, permet l’installation et l’utilisation automatiquement de Tor. Une fois Tor installé et Firefox configuré, vous pouvez publier vos écrits, en commenter d’autres ou tout simplement surfer librement sur la toile et cela tout en préservant votre identité.

Pour les internautes tunisiens par exemple, privés de leurs sites favoris ou pour ceux qui hésitent à tenir un blog par peur des représailles, la solution que propose ce guide est un bon moyen de s’affranchir de ces contraintes. Initialement publié en anglais, le guide est aujourd’hui disponible en français sur le blog de Global Voices Advocacy. D’autres traductions sont en cours et nous dit-on : La version chinoise et arabe ne devraient pas tarder. N’hésitez donc surtout pas à le télécharger, à mettre le lien sur votre blog et à en parler autour de vous et comme le dit Ethan : « Tor est semblable à un préservatif : ne pratiquez pas le blogging non protégé ».



Le guide est également disponible sur les liens suivants :

- Version en anglais
- Version française




dimanche 9 décembre 2007

Les "Ben Ali's Angels" de la censure






armi les nombreux domaines où la Tunisie occupe les premiers rangs dans les classements internationaux, il en existe deux où elle est particulièrement brillante : l’émancipation de la femme et la pratique de la censure. Alors, quand le régime tunisien décide de mettre à profits l’expérience accumulée dans ces deux domaines, cela donne l’Agence Tunisienne de l’Internet ou ATI pour les intimes. En effet depuis sa création en 1996 l’agence publique n’a été dirigée que par des femmes. Pas moins de 3 directrices successives qui ont constitué à elles trois un tableau de chasse impressionnant. Celles qui auraient pu être le symbole de cette Tunisie paritaire ce retrouvent être les administratrices pour le compte de l’état de l’une des pires de ses entreprises : celle de la censure et de la désinformation.

Elles s’appellent Khadija Ghariani, Feriel Béji et Lamia Cheffai. Leurs noms ne vous disent peut être rien, pourtant, elles participent de jours en jours, à mener à bien l’étouffement et la mise aux pas de l’Internet libre en Tunisie tant espérés par le pouvoir en place. Plus de 50 sites et blogs tunisiens sont depuis censurés sans compter des dizaines d’autres de diverses nationalités également inaccessibles. Pour y parvenir elles travaillent main dans la main et en dehors de tout cadre légal avec la police du Net tunisien. Il ne serait être autrement puisque depuis le 3 septembre 2007 et la censure de Dailymotion, le fournisseur d’accès TopNet a désigné directement l’ATI comme responsable du « filtrage » du site. Un aveu qui confirme se que tout le monde savait déjà. Etant le fournisseur de tous les autres fournisseurs d’accès, l’ATI peut filtrer à sa guise l’accès à l’Internet.

Il faut dire que si on lit bien entre les lignes les déclarations des différentes administratrices, l’activité de « filtrage » de l’internet tunisien n’a jamais été formellement niée par l’agence. Déjà, Mme Ghariani, première à avoir tenu les reines de l’agence et à qui on doit la première vague de censure qui a vu interdire les premiers sites indépendants de la toile tunisienne, répondant aux accusations de censure déclarait : « il n’y a pas de censure en Tunisie puisque les proxys n’y sont pas interdits ». Ce qui en d’autre termes veut dire « nous censurons mais nous permettons de contourner cette censure ». Admirez toute la subtilité de la réponse qui sous-entend que pour les internautes avertis sachant utiliser les Proxys, il n’était pas impossible de contourner les blocages. Mais elle oublie tout de même de préciser que le recours aux proxys est possible surtout parce qu’il est techniquement impossible de les censurer tous et que ceux utilisés étaient censurés à-fur-et-à-mesure que ses techniciens les découvraient.

Pour Mme Béji qui lui succède, le discours est toujours aussi subtil mais beaucoup plus explicite. Puisque tout en niant l’existence de la censure, elle justifie celle-ci par un besoin de servir l’intérêt général ! « Certaines voix calomnient la Tunisie en disant qu'Internet y serait censuré. » dit-elle. « La vérité, c'est que nous souhaitons une bonne utilisation du réseau, pour que cet outil serve réellement au peuple ». Voilà donc pourquoi censure-t-on en Tunisie : c’est pour éviter au peuple les lectures inutiles. Quelle abnégation et quel sens du devoir. Un sens du devoir qui lui permet de battre un record de rapidité en censurant Yezzi.org, le site de la manifestation permanente contre Ben Ali, moins de 18 heures après sa mise en ligne ! Encore, dans l’une de ses dernières actions à la tête de l’agence, surement dans un excès d’abnégation, elle censure Dailymotion l’un des sites les plus visités par les internautes tunisiens. « Le peuple », lui, n’apprécie pas vraiment, à en croire les dizaines de voix mecontentes des utilisateurs tunisiens de se site.

Mme Lamia Chafaï qui est venue dans les baguages de Mr Haj, le ministre actuel, et que la presse présente comme «une vraie communicatrice, très joviale, toujours souriante, courtoise et est dotée d’une grande maîtrise du Web et de l’Internet», n’est quant à elle, pas étrangère à la maison. Elle s’y occupait déjà de marketing et de commerce électronique sous le règne de Mme béji avant d’aller exercer ses talents à l'Agence nationale de certification électronique (ANCE) dont elle a été la directrice générale. D’ailleurs pour bien marquer son retour et montrer à ses commanditaires qu’elle peut faire aussi bien, voir mieux que ses prédécesseurs, elle censure You Tube un autre site de partage de vidéo qui est devenu le refuge de tous ceux qui ne pouvaient plus accéder à Dailymotion. Ce qui ne semble pas poser de problème à celle qui déclarait que « La Tunisie est certainement aussi avancée dans la voie de la société de l'information que de nombreux pays européens. […] Dans un certain nombre de cas, elle donne l'impression d'avancer plus vite que la France ». Il est évident qu’administrer la censure des deux sites les plus emblématiques du Web 2.0, et de dizaines d’autres sites est en soit un exploit que peu de pays peuvent égaler. Mme Cheffai vient même d’élever encore le niveau d’un cran en censurant il y à quelques jours un autre blog qui s’ajoute à une liste qui commence à être longue. Difficile donc de faire mieux !

Sur Tunisie Haut débit, un blog qui parle des services Internet en Tunisie on peut lire la présentation suivante : « L’ATI, vous connaissez ? C’est la police du net tunisien. Plus efficace que le contrôle parental, elle veille à ce que notre navigation sur internet soit la plus saine que possible. L’ATI joue, aussi, le rôle du « Big Brother » qui décide à notre place et à la place des FAI de ce qui est le mieux pour les exigences des Tunisiens sur le net». La réputation de l’ATI n’est plus donc à faire en matière de « flicage » et même si l’auteur de ces quelques lignes espérait « une bienveillance plus maternelle » de la part de Mme Cheffai, le palmarès déjà bien garni de cette dernière finira pas le convaincre du contraire. Reste encore un petit effort à faire pour l’agence pour assumer son rôle « de police de l’internet » au grand jour, puisque jusqu’ici elle cachait la censure qu’elle exerce en reproduisant une fausse page d’erreur, la fameuse page « 404 ».

Le journaliste, du site d’informations économiques, webmanagercenter.com ne croyait pas si bien dire en écrivant : « Décidément les femmes réussissent bien à l’ATI (Agence Tunisienne d’Internet). En effet, depuis sa création, l’ATI a été dirigée par des femmes (à trois reprises), ce qui dénote la capacité de ces dernières dans la gestion technique du nœud Internet national. ». En ce qui concerne la gestion du nœud les trois administratrices ont montré leur savoir faire à part que ce nœud est coulissant et qu’il est entrain d’étouffer le seul vrai espace de liberté en Tunisie. Je ne sais pas si le fait que cela soit l’œuvre de femmes tunisiennes le rend plus condamnable mais ce qui est certain c’est que cela est indigne de notre pays. Mais il semblerait que malheureusement la dignité a déserté depuis longtemps les couloirs du pouvoir en Tunisie. Ceci est aussi bien vrai pour les hommes que pour les femmes qui les arpentent.



jeudi 6 décembre 2007

Tunisnews hacked



e journal en ligne TUNISNEWS vient de subir une attaque. Cette action de piratage à fait disparaître totalement ses archives de la toile. On ne voit plus sur le lien du site que cette inscription « TUNISNEWS HACKED PAR BRK2 » au milieu de l’écran avec la photo reproduite en haut

La disparition du site a été signalée depuis hier « la requête vers http://www.tunisnews.net donne une erreur 403 (accès non autorisé). De même si l’on cherche à y accéder par Google cache, on y arrive mais, ensuite, les liens vers les différentes éditions demeurent bloqués. » par Astrubal. On doutait déjà que quelqu’un voulais donner le coup de grâce final à ce journal.

L’annonce le premier décembre par les gestionnaires du site de l’arrêt de leur publication après 7 ans et 7 mois a pris tout le monde par surprise. Des réaction amers ont été partout exprimés, tellement la publication s’est imposée au passage des années comme un source incontournable d’information indépendante et ouverte à tous dans un pays ou la liberté de la presse et d’expression sont totalement bloqués. Les messages de protestation et d’exhortation ont fini par amener les responsables du site à reconsidérer leur décision le 4 décembre 2007 :

« Nous n’avons pas pu obtenir de votre part la permission de prendre notre retraite. Un grande majorité parmi vous nous a fait comprendre que TUNISNEWS n’est plus notre affaire personnelle et qu’il s’agit dorénavant d’un projet patriotique, de portée nationale et civilisationnelle.

Les causes - personnelles et de force majeure - qui nous ont poussé à prendre la décision - pénible et trés difficile - n’ont malheureusement pas changé mais nous décidons de reprendre le travail tout en fixant un délai (La fin de notre 8éme année d’existence) pour élaborer un projet qui assurera- nous l’espérons- la pérennité, l’élargissement et l’amélioration de TUNISNEWS… »


Cette décision saluée par tous les sites indépendants n’aurait que l’effet d’une démobilisation face à la véritable épreuve que vient de subir ce journal citoyen. Ce n’est pas la première fois qu’il subit une semblable attaque et on ne peu que douter des origine d’un tel acharnement. Mais c’est le prix du combat pour la liberté, un archive de 2772 jours à reconstituer.

Bon courage TUNISNEWS, certain ont tendance à oublier que Tunisnews n’est pas un journal mais avant tout un instrument de combat pour alerter et dévoiler les supplices et les persécutions que subissent tout ceux qui ont besoin de son support derrière notre rideau de fer pour faire parvenir leurs voix.

Yahyaoui Mokhtar – Tunis Le 06 12 2007

Paris-Alger : Réconciliations financières !










Caricatures du Canard Enchaîné du 05 Décembre 2007


samedi 1 décembre 2007

Le Lobby des dictateurs et des corrompus



i vous pensiez qu’à un certain niveau d’éducation, d’instruction, qu’à un certain niveau de responsabilités, surtout celles susceptibles d’engager celle de tout un pays, on ne pouvait pas dire n’importe quoi, Vous allez très vite déchanter. Le ministre algérien des moudjahidines (anciens combattants), vient de balayer d’un revers de main toutes ces naïves croyances. Lors d’un entretien publié par le quotidien algérien El Khabar, à l’occasion de la visite éminente du président français, Monsieur Abbés a eu l’opportunité de montré l’étendu affligeante de son sens du jugement de la mesure.

Dans un discours qui, tantôt sent la naphtaline, tantôt les centrales d’épuration de l’ONAS, il affirme d’emblé qu’« au jour d’aujourd’hui, des relations de parité entre Alger et Paris ne sont pas envisageables ». Ici on se dit que comptes tenus du passé douloureux des deux pays, on peut comprendre que beaucoup d’injustices et de souffrances restent encore non reconnues ; qu’il reste surement beaucoup à faire des deux cotés ; que cela prendra encore du temps pour qu’on puisse concevoir des relations apaisées entre Paris et Alger. Tout cela est concevable et même naturel. Les victimes, pour pouvoir pardonner ont besoin qu’on reconnaisse leurs statuts de victimes.

Mais notre brillant esprit illuminé, lors d’une démonstration sans aucune ambigüité sort un argument fatal qui cloue le bec à toutes nos suppositions, surement trop terre-à-terre. « Vous connaissez les origines du président français et les parties qui l’ont amené au pouvoir ?» demande-t-il. « Saviez-vous que les autorités israéliennes avaient mis en circulation un timbre à l’effigie de Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale ? Le gouvernement d’ouverture que dirige M. Sarkozy, qui a vu plusieurs personnalités de gauche rejoindre un gouvernement de droite soulève plusieurs interrogations comme pourquoi Bernard Kouchner a décidé de sauter le pas, cela ne s’est pas fait pour des croyances personnelles ? » S’interroge-t-il avant de conclure très sur de lui : « Ceci était le résultat d’un mouvement qui reflète l’avis des véritables architectes de l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui a le monopole de la décision en France ». Apprécions particulièrement l’argument du timbre postal à l’effigie de Sarkozy, surement une nouvelle pièce maitresse dans le dossier déjà épais du « complot juif » qui menace le monde.

Mais bon après ces effarantes révélations sur cette « obscure machination », nous voilà rassurer par la vigilance de ce courageux fonctionnaire. Il faut dire que nous avons la chance de vivre dans des pays qui recèlent d’armées entières de soldats de son calibre, qui ne ratent aucune occasion de dénoncer « les desseins maléfiques de ces organisations secrètes qui lorgnent nos richesses et convoitent nos souverainetés ». Chez nos aussi, en Tunisie, mais aussi ailleurs dans notre sinistré Monde Arabe, on sait très bien déceler « les jaloux et les conspirateurs » qui emploient « des agents à leurs soldes et complètement ralliés à leurs causes ». Pourtant, toute cette ingéniosité à « inventer » des « grand méchants loups », s’évanouie en un aveuglement pathétique quand il s’agit de voir notre réalité pourtant visible à l’œil nu.

Quand il s’agit de dénoncer « le lobby des dictateurs », « le lobby des corrompus » ou encore « le lobby des raquetteurs » qui pourtant sévissent dans nos pays, au vus et aux sus de tout le monde, et composés de gens qui ont les mêmes « origines » que nous. Quand il s’agit par exemple pour l’Algérie d’expliquer comment ce fait-il que le pays, désendetté, est de plus en plus riche alors que la majorité des algériens restent désespérément pauvres ? Quand en Tunisie, les meilleurs affaires du pays et une grande partie des entreprises publiques se retrouvent dans les mains d’une poigné de familles sans aucun patrimoine propre mais miraculeusement proche du président actuel ? Ou quand au Maroc, plus de la moitié de la population est tout bonnement exclu du progrès certain que connaît le pays en termes d’investissement et de croissance économique. Les exemples ne manquent pas, pour illustrer les méfaits de ces « lobbys » bien de chez nous qui s’activent méticuleusement et par tous les moyens (même les plus violents) à faire triompher leurs intérêts particuliers au détriment de ceux de leurs pays et par conséquences, de leurs peuples.

Vous l’aurez certainement compris, la question ici n’est pas tant de savoir si « le lobby juif » existe (à cette question Mitterrand en son temps avait répondu par l’affirmatif) ou si ce fameux « lobby » est pour quelque chose dans l’élection du président actuel de la France. Ces questions intéressent en premier le peuple français qui, et comme l’histoire l’a montré à maintes reprises, n’accepte jamais que ses dirigeants aillent à l’encontre de ses intérêts et cela même pour des dirigeants qui ont, à un certain moment, reçu son approbation. La question est de savoir si une relation de parité, une relation d’égale à égale est possible entre la France et l’Algérie ou entre n’importe quelle autre « puissance » et nos pays « en voie de développement » ? À cette question la réponse ne peut être que « non ». Non pas à cause de j’en sais quel passé douloureux ou j’en sais quel « lobby » aux intentions malveillantes. Cette parité n’est tout simplement pas envisageable essentiellement à cause du manque de légitimité de nos dirigeants.

Alors bien évidement, Les dirigeants américains, français, allemands, israéliens et j’en passe, profitent de cette situation pour servir leurs intérêts, qui ne sont, en fin de compte, rien d’autre que ceux de leur citoyens. Mais, pour quelle raison ces pays ou leurs dirigeants se préoccuperaient de nous plus que nos propres dirigeants ? Pourquoi voulons-nous qu’ils pensent à nos intérêts avant les leurs ? Pourquoi oublions-nous toujours les vraies causes de nos problèmes pour trouver des justifications ailleurs que chez nous. La vraie cause de nos problèmes se sont nos dirigeants. Se sont eux qui oublient les intérêts de leurs peuples pour ne servir que les leurs. Se sont eux qui hypothèquent nos avenirs pour assurer la pérennité de leurs pouvoirs. Tant que nous acceptons « le lobby des dictateurs », des voleurs et des voyous à la tête de nos pays, tant que nos pays ne sont pas gouvernées par la seule volonté de nos peuples et non par celles, brutales et corrompues de ceux qui nous gouvernent actuellement, beaucoup profiteront de leurs soif de pouvoir au détriment de nos intérêts.


vendredi 23 novembre 2007

40 jours, déjà !



’ai découverts cette note à travers le blog d’Emma Benji. Elle a été postée sur le blog de Habib Bouhlila et dans la quelle il publie une lettre de son amie qui a perdu son père dans les récentes inondations qui ont endeuillé notre pays.

Le texte est fort et émouvant et sonne comme une charge contre « l’incompétente et la corruption qui règnent en maîtres dans notre cher pays. ». Je le publie ici en répondant à l’appel de Emma Benji de le publier par le maximum de bloggeurs pour « qu'une telle mort, due à l'incompétence humaine, ne passe plus inaperçue.»

« Il n'y a qu'une liberté, et son nom sera toujours écrit avec les lettres du sacrifice et du deuil*». Espèrerons seulement, qu’un jour, on honorera ses sacrifices et ses deuils en retrouvant notre Liberté.

*Hafid Aggoune. "Quelle nuit sommes-nous ?"


" 40 jours que le sol s’est craquelé pour que tu reposes dans ton tombeau d’asphalte, ce tombeau des hommes, creusé par la main de l’homme.

Avant de connaître la sérénité de la terre, tu as été englouti dans l’antre des bêtes féroces et cupides !


40 jours et 40 nuits durant lesquels le souvenir vivace de tes sourires et de tes gestes me hantent et me torturent.


Souvent, il me semble entendre le tintement de tes clefs, ta voix de ténor, si unique, qui berçait nos journées ou encore une de tes blagues sans pareilles qui déridaient même les plus récalcitrants. Mais ce ne sont hélas que des réminiscences d’un passé à jamais révolu.


Pourquoi ? Parce que l’incompétente et la corruption règnent en maîtres dans notre cher pays.

Un père de famille n’est plus. Un homme d’exception, qui a marqué tous ceux qui ont croisé sa route. Il a vécu, construit, éduqué merveilleusement ses enfants pour finir dans un trou !! Est-ce cela inquiète quelqu’un ?

Non bien sûr, les responsables dorment paisiblement, satisfaisant leur cupidité sans bornes.
S’ils oublient, moi je n’oublie pas et je donnerais jusqu‘à dernière goutte de mon sang pour venger mon père.

A ceux qui soutiennent que c’était la volonté de dieu, je répondrais que la main de l’homme n’en ai pas moins responsable.
J’aimerais pouvoir étreindre le feu ardent qui me consume chaque jour, mais il est en moi, pour toujours. J’écris pour qu’on n’oublie pas cet homme exceptionnel, ce rayon de soleil, cet ange parti trop vite.

Des enfants, des hommes, des femmes sont partis durant cette journée noire, emportant avec eux leurs projets, leurs histoires, leurs secrets. Pour la dignité du genre humain (si elle existe !!), ayons une pensée pour ces martyrs et essayons d’éviter d’autres catastrophes à l’avenir."


Paix à son âme...


jeudi 22 novembre 2007

Adieu Monsieur Béjart...

Boléro de Ravel par Maurice Béjart

samedi 10 novembre 2007

Le site Facebook vend le profil de ses internautes aux publicitaires

acebook, le réseau social actuellement le plus en vogue de l'Internet, a dévoilé, mardi 6 novembre, une offre publicitaire donnant aux annonceurs accès aux "profils" de ses 50 millions de membres et à la multitude de données privées (sexe, âge, préférences sexuelles, politiques, religieuses...) qu'ils contiennent. Les internautes auront néanmoins le droit de refuser une telle intrusion.

Le site, d'origine américaine, encourage désormais les marques à créer leurs propres "profils" et à interagir avec ceux des internautes. Elles peuvent ainsi les inciter à recommander leurs produits à leurs connaissances. "Nous allons aider vos marques à faire partie des conversations quotidiennes" entre les membres, a déclaré Mark Zuckerberg, le tout jeune PDG et fondateur (23 ans) de Facebook, dans une lettre aux annonceurs révélée par la presse américaine. "Il y a toujours eu du bouche-à- oreille, mais c'est une nouvelle façon de l'utiliser. Facebook devient tout à la fois un média et un outil de relations publiques", selon David Kenny, patron de Digitas, filiale numérique du groupe publicitaire Publicis. "Le réseau social parie sur le fait qu'un conseil d'ami a en général plus d'influence qu'une publicité", ajoute Kris Oser, du cabinet américain eMarketer.

Marc Rotenberg, directeur de l'Electronic Privacy Information Center (EPIC), une association américaine, crie à la trahison : "Les réseaux sociaux se sont développés sur la confiance : leurs membres pouvaient restreindre l'accès à leurs profils et choisir les cyber-amis qu'ils voulaient. Aujourd'hui, ces réseaux veulent valoriser leur vie privée : c'est écoeurant." Jeff Chester, directeur du Center for digital democracy, autre groupe d'influence basé à Washington, encourage les utilisateurs de MySpace et de Facebook à protester en quittant ces réseaux pour d'autres "plus respectueux de leur vie privée". Il réclame que la Commission fédérale du commerce américaine enquête sur les offres publicitaires de ces réseaux. " Le droit des données personnelles américain est quasi-inexistant. En France, nous avons une législation plus protectrice mais Facebook, qui n'a pas encore de filiale en France, n'a pas vraiment de raisons de faire des fleurs à un petit pays comme le nôtre", juge Charles Simon, de l'Internet Society (ISOC), une autre association.

Si les publicités "ultra-ciblées" de Facebook suscitent globalement l'intérêt des professionnels de la publicité et du marketing, certains doutent de leur efficacité. "La difficulté, pour Facebook, va être de trouver des internautes qui veuillent bien se prêter au jeu, notamment à celui des recommandations commerciales", estime Jennifer Simpson, du Yankee Group, un cabinet d'études. Pas sûr que les membres du réseau acceptent d'abreuver leurs cyber-amis de messages commerciaux : ils risqueraient trop de les perdre.

Pour beaucoup cependant, Facebook aura du mal, avec sa nouvelle offre publicitaire, à devenir un nouveau Google. Du coup, l'énorme valorisation de Facebook laisse certains songeurs. Ainsi de Barry Diller, le président du groupe de médias InterActive Corp, pour qui Facebook " est un outil intelligent mais il ne vaut pas 15 milliards de dollars". Pour Maurice Lévy, président de Publicis, " tout ce qui est réseau social est à la mode, mais on n'a pas eu la démonstration que cela génère des revenus importants".

Synthése

Source : LeMonde.fr


mardi 16 octobre 2007

"Ceux qui patientent" vivent comme ils aiment !


L'affiche publicitaire est celle de "Sabrine", une marque d'eau minérale et dont le nom signifie littéralement "Ceux qui patientent" !Tunis, El Menzah I, Samedi 12 Octobre 2007.


mardi 25 septembre 2007

Pluies torrentielles sur Tunis !

Hier Lundi 24 Septembre 2007 - Menzeh I - Croisement face à la pharmacie centrale - Tunis


dimanche 23 septembre 2007

Entretien avec Raouf Ben Yaghlane

"L'autre: c'est moi, autrement"
Raouf Ben Yaghlane

Entretien avec Raouf Ben Yaghlane lors de son derinier passage à Paris. Réalisation: Malek - Production: StrangeBox


ésolé de ne pas pouvoir me présenter comme il le faut car je viens de découvrir que je ne sais pas qui je suis au juste…» C’est ainsi que Raouf Ben Yaghlane se présente sur son nouveau blog. Alors vous comprenez que pour moi qui voulais à travers ce billet le présenter à la blogosphère, c’est un peu raté !

Il est vrai qu’on connait tous l’acteur Raouf Ben Yaghlane, que ce soit pour le plus grand nombre, comme un acteur comique, où pour les plus initiés comme un de ceux qui ont contribué à faire la réputation prestigieuse du théâtre d’auteur tunisien. Produit de la grande époque de Ali Ben Ayed, le maître incontesté de la scène théâtrale tunisienne, Il a joué avec et pour les plus grands et reste aujourd’hui l’un de nos plus talentueux acteurs. Réduire donc Ben Yaghlane à son répertoire comique c’est méconnaitre l’étendu de son talent. A travers ses personnages, plus complexes et « complexés », les uns que les autres, Ben Yaghlane pratique en réalité un art total qui souhaite mettre fin au cloisonnement des genres. Son travaille intègre toutes les dimensions de l'individu, aussi bien le tragique ou le sublime que le grotesque et le comique.

Mais l’individu Raouf Ben Yaghlane, l’« Etre » qu’il est, reste méconnu et cela même pour lui-même ! Alors on comprend mieux le recours à ces personnages comiques qu’il maltraite à souhait, et qui ne sont en réalité qu’un prétexte pour explorer ses propres complexes et faire face à ses propres peurs et par conséquences nous permettre d’affronter les nôtres. C’est donc à la recherche de « ce Raouf » que je me suis rendu chez lui lors de son dernier passage à Paris pour tenter de percer sa complexité qui se trouve aussi être celle de chacun d’entre nous.

L’accueil fut chaleureux et le courant est très vite passé avec ce communiquant né. La rencontre qui avait débuté entre deux bloggeurs qui se connaissaient à-peine, c’est transformée au fils du temps en une conversation décontractée où la franchise et le manque total de langue de bois furent la règle. Au point où j’avais vraiment du mal à sortir ma caméra pour filmer ces instants comme par une réaction égoïste, volant garder ce privilège pur moi tout seul. Mais après quelques heures d’une discussion aussi agréable qu’intéressante je me suis résigné à commencer à filmer. Je me suis donc caché derrière ma caméra comme pour disparaitre en posant le moins de questions possibles laissant la liberté à Raouf de se présenter et de nous livrer son approche du blogging qu’il voit surtout comme un moyen de s’affranchir de toutes les formes de censure. Inutile de vous en dire plus, le mieux étant de l’entendre le raconter lui-même (voir la vidéo). Cet entretien aurait pu se prolonger jusqu'à pas d’heure, aucun de nous n’avait vraiment envi que cela s’arrête, mais à 10 minutes du « iftar » (la rupture du jeûne), il me fallait bien se résigner à laisser Raouf partir la où il était attendu depuis déjà un moment.

Dans le métro qui me ramenait chez moi et avec les mots de Raouf qui résonnaient encore dans ma tête, je n’arrivais toujours pas à comprendre comment un artiste d’un tel calibre ne puisse pas trouver la place qu’il mérite dans notre espace médiatique pourtant sinistré. Comment expliquer que son spectacle « echikouloulou », qui traite de l’éducation sexuelle et de la prévention contre le sida ait été officiellement torpillé par (et c’est encore plus inimaginable) le ministre de la culture lui-même, qui voyait en ce spectacle, qui regorge d’ingéniosité pédagogique, un danger pour « l’harmonie familiale » et qui ne voyait aucune utilité à le promouvoir et l’encourager. Comment se fait-il que son dernier one man show « inaaber wella men abbarchi », qui traite de la nécessité vitale de s’exprimer et de l’importance fondamentale de la parole soit exclu de fait de tous les festivals nationaux et régionaux. Comment est-il concevable, et alors que la télé tunisienne offre sans compter ses espaces publicitaires à des productions douteuses alors qu’elle reste désespérément fermée au travail de Raouf Ben Yaghlane. Beaucoup de questions auxquelles je ne trouve pas de réponses sauf celle de la peur de ceux qui nous gouvernent face à un ésprit libre qui refuse «la politisation de la culture » lui préférant « la « culturisation » de la politique » !




mardi 18 septembre 2007

La liberte d'expression ne suffit pas !


Extrait de l'émission "El bood el akher ANB 2005 Raouf Ben Yaghlane.

"Je suis contre la politisation de la culture ; Je suis pour la "culturalisation" de la politique..."
Raouf Ben Yaghlane


mercredi 12 septembre 2007

Ramadhan Moubaarak !!



Croissant de Lune. Copyright Vincent van Campenhout (mai 2006)


ceux qui le font et à ceux qui ne le font pas ; A ceux qui le font et qui le montrent et à ceux qui ne le font pas et qui le montrent aussi bien; A ceux qui le font par habitude et à ceux qui culpabilisent de ne pas le faire ; A ceux qui en profitent pour trouver (ou retrouver !) « le droit chemin » et à ceux qui attendent déjà l’Aïde pour retrouver les sentiers de travers, bref à tous ceux pour qui le mot Ramadan signifie quelque chose : Romdhankom Mabrouk !!

Mais,en ce début du mois, saint pour certains, prétexte à une rentabilité zéro pour d’autres, mes pensées vont en particulier à ceux qui sont loin de leurs familles qu’ils soient injustement emprisonnés, exilés volontaires (Mais peut on l’être volontairement ?) ou forcés.

Que ce mois soit celui du début de la délivrance.



lundi 10 septembre 2007

Lessons in digital advocacy

spent Friday at the Berkman Center with my friend Sami ben Gharbia, the director of Global Voices’ advocacy project. Of the hundreds of people I’ve met through GV, Sami is near the top of the list of people I’m always learning from. He’s channeled some of the energy from his personal passion for freedom in Tunisia into a campaign for free speech online for everyone, everywhere. And in the work he and his Tunisian colleagues do to promote freedom of expression in Tunisia is continuing to push the envelope of what’s possible in the world of digital advocacy.

Sami pointed me to a new campaign put together by his comrade in arms, Astrubal, the author of the Apple 1984 remix… the one that preceded the Obama remix by three years. The target of their campaign is Tunisian President Ben Ali and his private plane. The Tunisian press rarely reports on Ben Ali’s trips outside of Tunisia - as Sami put it in a blogpost, translated by Amira Al Hussaini for Global Voices: “As we all know, Tunisian President Ben Ali has cut down on his travels since 2005, as he rarely leaves his safe fortifications in Tunisia. Records also show that his trips to Europe during the time those pictures were taken did not exceed three. He visited Geneva in December 2003, Rome in May 2004 and Malta in June 2005.”

fueled at taxpayer expense, is being used to accomodate vacations in the south of Spain or shopping excursions in the fashion centers of Europe. Astrubal and others have found numerous photos of the Presidential plane in European airports, photographed by amateurs and posted on sites like airliners.net and jetphotos.net. Using the photos, their locations and dates, Astrubal has built a flightplan for the Presidential jet, and rendered it in Google Earth, adding text, photos of the planes and a dramatic score.


The result is a little over the top, but it’s a compelling (and funny) way to draw attention to a situation that might represent abuse of presidential power. In an age where most advocacy groups are just starting to figure out how to use blogs or mailing lists, it’s impressive to see activists sewing together Google Earth, community photography sites and video authoring.

The Tunisian government may have thought it was compelling as well. Dailymotion, a popular French video sharing site, is once again blocked in Tunisia, possibly due to the presence of the video. There’s a subtext to the questions Astrubal is asking in his video, Sami tells me, undertones that would be clear to me if I knew more about Tunisian politics. Ben Ali is quite old and is believed to be somewhat infirm - frequent, unreported travel to Europe might indicate that he’s seeking medical care outside Tunisia. Or frequent trips to Malta might reflect that the plane is being used for business travel by the President’s wife.
Whether or not you’re worried about the use or abuse of the Tunisian president’s plane, there’s something very cool about seeing the wide range of tools Tunisian activists are willing to use to promote their struggle against a dictatorial government. I’m always learning from Sami, and advocates as a whole should be watching the Tunisian activists closely, looking for lessons in digital advocacy.

Publié Sur le Blog de Ethan Zuckerman, September 8, 2007

Lu sur : Nawaat.org