vendredi 16 octobre 2009

Élections présidentielles en Tunisie : Prêts pour les résultats de 2009 ?


Comme la méchante sorcière du conte de "La belle au bois dormant" qui demande quotidiennement à son miroir : qui est la plus belle ? Notre président, demande tous les cinq ans, à son peuple, de lui dire à quel point il est le grand président qu'il aurait aimé être. Grand Président : il s'est même engagé à l'être dans un discours historique, un jour, qui ne l'est pas moins, le 7 novembre 1987.

22 ans de règne plus tard, les mots de ce discours sonnent plutôt comme ceux d'un conte imaginaire que ceux de notre réalité amère. Plus triste encore, ils peuvent être ceux qu'on pourrait dire aujourd'hui de sa présidence...

Punica Fides
www.nawaat.org | www.yezzi.org


vendredi 21 août 2009

Ramadhan Moubaarak !!



Croissant de Lune. Copyright Vincent van Campenhout (mai 2006)


ceux qui le font et à ceux qui ne le font pas ; A ceux qui le font et qui le montrent et à ceux qui ne le font pas et qui le montrent aussi bien; A ceux qui le font par habitude et à ceux qui culpabilisent de ne pas le faire ; A ceux qui en profitent pour trouver (ou retrouver !) « le droit chemin » et à ceux qui attendent déjà l’Aïde pour retrouver les sentiers de travers, bref à tous ceux pour qui le mot Ramadan signifie quelque chose : Romdhankom Mabrouk !!

Mais,en ce début du mois, saint pour certains, prétexte à une rentabilité zéro pour d’autres, mes pensées vont en particulier à ceux qui sont loin de leurs familles qu’ils soient injustement emprisonnés, exilés volontaires (Mais peut on l’être volontairement ?) ou forcés.

Que ce mois soit celui du début de la délivrance.



mardi 2 juin 2009

Rapport du SNJT sur la liberté de la presse en Tunisie : Les journalistes tunisiens seraient-ils les pires ennemis de leur métier ?

La presse tunisienne. www.nawaat.org | BG.Sami


La célébration, le 3 mai, de la Journée mondiale de la liberté de la presse, et les semaines qui l’ont suivi, ont été encore une fois l’occasion pour notre paysage médiatique de montrer avec éloquence l’étendu du mal qui le ronge depuis des décennies.

Un mal dont « le pouvoir politique » est certes le premier responsable mais certainement pas le seul. Certains journalistes et « professionnels de l’information » se révèlent être encore plus néfastes pour ce « 4e pouvoir » qui n’a jamais réussi à en être un dans notre pays.

C’est le Président de la République qui a, comme toujours, ouvert le bal avec un message qui ne manque pas d’humour. Relayé par toute la dite « presse », notre président se « plait, […] d’adresser [ses] plus chaleureuses félicitations et [ses] meilleurs vœux aux membres des bureaux du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et de l'Association des directeurs de journaux (ATDJ) et à tous les membres de la famille de la presse ». Faisant part de sa « considération pour les efforts louables qu'ils déploient en vue de consacrer une information authentique et crédible »

Comme chacun le sait, l’amour de la liberté de la presse est un credo chevillé au corps de notre président et qu’il a, comme il le dit lui-même, « toujours considéré la liberté d’expression comme un droit fondamental des droits de l’Homme, et accordé au secteur de l’information et de la communication l’attention, le soutien et les encouragements qu’il mérite ».

Mais voilà, piqué par je ne sais quelle mouche et malgré les « chaleureuses félicitations » du président, les membres du bureau exécutif du SNJT, sous la houlette de leur président, Neji Bghouri, ont fait le choix, dans leur « rapport annuel sur la liberté de la presse en Tunisie », de constater l’état d’avancement des « réalisations » dans le secteur au lieu de se contenter de les...énumérer.

On y apprend alors que malgré « l’attention, le soutien et les encouragements », la situation ne se prête gère aux fanfaronnades présidentielles. Une démarche qui se voulait pourtant constructive :

Extrait du rapport annuel du SNJT sur la liberté de la presse en Tunisie

« Notre passage en revue du paysage médiatique ne prétend pas à l’exhaustivité, mais nous souhaitons qu’il donne une idée proche et objective de la réalité. Aussi, l’insistance de ce rapport, comme son précédent, sur les inconvénients, les imperfections et les lacunes que nous avons dernièrement enregistrés dans le secteur, est mue par notre désir de les éviter et de les dépasser pour élever notre information et la développer. »

Il faut dire qu’il y avait de quoi s’alarmer. Pas un seul classement mondial traitant des libertés fondamentales qui ne classe notre pays parmi les derniers. Le classement 2009 de l’organisation Freedom House, publié à l’occasion de cette journée mondiale de la liberté de la presse ne fait pas exception. La Tunisie y est classée 176e au niveau mondial et 14e au niveau de la région Afrique du Nord Moyen-Orient.




Bien qu'il soit incomplet et soufrant de plusieurs lacunes tant sur sa forme que sur son fond, ce rapport du SNJT a surtout le mérite d’exister. Il se permet même quelques insolences sur des sujets qui fâchent comme par exemple celui de la publication dont le cadre légal actuel « entrave » l’activité ou dans un autre registre le traitement de certaines informations par les médias nationaux :

Extrait du rapport annuel du SNJT sur la liberté de la presse en Tunisie

« Les médias nationaux et plus particulièrement les étatiques d’entre eux continuent d’ignorer les activités de plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques en optant pour un traitement sélectif de l’information nationale et régionale basé sur des considérations politiques.»

Extrait du rapport annuel du SNJT sur la liberté de la presse en Tunisie

« Le traitement sélectif, orienté et trompeur de la plus part des journaux des événements du bassin minier, mouvement protestataire et social et les procès qui l’ont suivi, ajouté à d’autres événements comme les grèves, les actions et le sit-in des agents de la radio télévision tunisienne, à laisser le champ libre aux médias étrangers pour présenter ces événements selon leurs orientations. ».

Là encore, on voit bien que la démarche n’a rien de mal intentionnée. Peu importe. C'est déjà trop pour les présidents du comité de la déontologie et du comité des libertés du même syndicat qui ont immédiatement attaqué le rapport. Pas assez « objectif » à leur goût.

Le président de la commission de la déontologie, le dénommé Kamel ben Younes, en arrive même aux mains pour corriger l’« affabulateur » président du syndicat. Voilà, pour ce garant de la déontologie une bonne manière de montrer « ses aptitudes déontologiques ».

Heureusement que l'Association tunisienne des directeurs de journaux était là pour laver l’affront en publiant, à son tour, son 1er rapport annuel qui, selon son président Hédi Mechri (ça ne s’invente pas !), « apporte une analyse des principaux développements dans le secteur de la presse ».

L’«analyse » promise par M. Mechri s’est, en fin de compte, révélée être un passage en revue de l’ensemble des incitations, des mesures et des encouragements décidés par le chef de l’Etat au profit de la profession ainsi que la mise en exergue du soutien inconditionnel du « président Zine El Abidine Ben Ali aux entreprises de presse et aux journalistes, ainsi qu’à la promotion de la liberté d’opinion et d’expression dans le cadre des principes démocratiques et des valeurs de probité et de crédibilité. ». C’est écrit, comme il le rappelle, dans « le point 21 du programme présidentiel pour la Tunisie de demain 2004/2009 ».

Or, il se trouve que 2009 touche à sa fin et les quatre points en question, à savoir « le soutien à la presse des partis et d’opinion », « l’élargissement des espaces de dialogue », « l’impulsion de l’initiative privée, dans le secteur de la presse » et « l’amélioration des conditions de travail des journalistes », sont les sujets qui préoccupent le plus le syndicat des journalistes qui estime pour sa part que très peu à été fait pour permettre d’atteindre ces « objectifs présidentiels ». L’ingratitude de nos journalistes est vraiment un vilain défaut !

Heureusement que ce n’est pas le cas de tous les journalistes. Le 9 mai, Jamel Kermaoui, le président de « la commission des libertés », celle qui trouvait le rapport du bureau central manquant d’objectivité a, à son tour, pendu son propre rapport sur la question. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il balaie d’un revers de main les griefs de ses camarades.

Le « sage » de cette commission pense qu’il est « inconcevable d’occulter les avancées ayant été accomplies dans le domaine de l’information en Tunisie » affirmant que la promotion de l’information « est une préoccupation partagée entre les journalistes et le pouvoir » sans oublier de passer en revue les initiatives du Chef de l’Etat visant à promouvoir les conditions des professionnels du secteur ! Qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour bien se faire voir par « le pouvoir » !

Dernier acte de cette mascarade dont le SNJT est victime et acteur malgré lui, le 11 mai, le bureau exécutif décide de mettre un peu d’ordre dans ce qui s’apparente à une mutinerie fomenté par le palais de Carthage et ses infiltrés au sein du syndicat.

C’est ainsi qu’on apprend, qu’après que sa démission ait été refusée, le président bagarreur de la commission de la déontologie a été déchu de sa qualité de membre du syndicat pour « violation de l'éthique professionnelle » en application de l'article 11 du règlement intérieur.

Le plus consternant, c’est que la presse tunisienne dans son ensemble, pourtant défendue par le rapport de la SNJT, a tout fait pour que celui-ci passe inaperçu ! Les quelques médias qui en ont parlé, l’ont d’emblée présenté comme sujet à controverses rappelant son prétendu manque d’« objectivité ».

Les autres, c'est-à-dire l’écrasante majorité, ont préféré commenter dans les détails les plus insignifiants le pseudo rapport du l’ATDJ ou encore, par un procédé malhonnête, le rapport de la commission des libertés le faisant passer pour le vrai rapport du syndicat. TunisiaIT.com, un nouvel arrivant sur le marché du journalisme alimentaire titrait même : « Le SNJT fait son rapport sur la liberté de la presse en Tunisie ». !

Depuis, une kabbale médiatique est savamment menée par les médias tunisiens pour remettre en cause la légitimité du bureau exécutif du syndicat à coup de déclarations « spontanées » de « journalistes » allègrement reprises par toutes les rédactions. Une pétition circule même appelant à dissoudre le bureau exécutif.

A ce sujet L’observatoire tunisien des droits et libertés syndicales nous rapporte que la maison de presse Al-Anwar, qui passerait prochainement sous le contrôle de Belhassen Trabelsi, fait pression sur certains de ses journalistes syndiqués pour signer cette pétition. Des pressions reportées également au sein d’autres rédactions.

Heureusement, où plutôt malheureusement, c’est encore à une ONG internationale de monter au créneau pour défendre l’indépendance du SNJT. Dans un communiqué publié le 11 mai la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) dénonce cette campagne organisée par les autorités contre le bureau exécutif du SNJT, qui est selon eux une « autre preuve de l'absence de toute tolérance politique et de l'inimitié envers les défenseurs de la liberté d'expression et des droits de l'Homme. », en apportant son soutient à la position du SNJT et son « droit à publier des rapports indépendants ».

Le même jour, le groupe d'observation de la Tunisie de l’International Freedom of Expression Exchange, (IFEX-TMG), a envoyé un message au Président Ben Ali, pour faire part de sa « sérieuse préoccupation concernant les mesures prises par [son] gouvernement pour miner l'indépendance du SNJT et interférer dans ses affaires internes ».

Ainsi va la vie d’un syndicat de journalistes qui tente de rester indépendant en Tunisie. Une vie faite de pressions, de coups bas et de beaucoup de mauvaise foi. Encore une fois ce sont les journalistes eux-mêmes dans leur écrasante majorité qui se révèlent être les pires ennemis de leur métier.

Au lieu de faire bloc derrière leur syndicat, quitte à discuter plus tard et en interne de la meilleure stratégie à adopter, ils préfèrent sauter par-dessus bord, abandonnant le navire en proie à ceux qui ont montré depuis 22 ans maintenant le peu d’estime qu’ils portent au métier de journaliste. Pauvre Tunisie !


Malek Khadhraoui

lundi 13 avril 2009

Stabilité politique et démocratie en Tunisie : La TAP ne risque pas la mise à “l’index” !


Le journalisme tunisien ressemble de plus en plus à un torchon chinois, la presse dans ce pays faisant œuvre d'instrument de propagande et non source d'information selon le code déontologique du journaliste qui a conscience de l'importance de son rôle dans le processus démocratique.

Encore une fois c’est notre sinistrée agence de presse nationale, la TAP, qui en a fait l’illustration dans un article publié hier commentant « le classement de la Tunisie au 32me rang de la stabilité politique »...devant lequel le décodeur d'Astrubal pour la langue de bois fait figure de petit joueur. Et les mensonges commencent dès les premières lignes :

« La Tunisie a été classée au 32e rang mondial, parmi 165 pays, de l'indicateur de la stabilité politique, selon le classement de l'équipe de "The economist intelligence Unit". »

pouvons-nous lire dans l’introduction du ce chef d’œuvre de la malhonnêteté journalistique.

Or le rapport en question classe les pays selon le degré « d’instabilité politique » et non « la stabilité politique » comme l’indique l’article. La Tunisie est dans ce classement 134e sur les 165 pays étudiés. Le 165e pays étant le pays qui présente le moins de risque « d’instabilité politique ». Comme on peut le voir sur le tableau du classement.



Bien que...renversante, cette « interprétation » de l'index est surement due à « un souci de clarté » de la part de la TAP. On les comprend. Parler « d’instabilité » dans le pays de « la sécurité et de la stabilité », selon la formule officielle, risque de… « déstabiliser » le lecteur !

Le journaleux rappel un peu plus loin que :

« La Norvège, le Danemark, le Canada, la Suède, la Finlande, le Japon, la Suisse, l'Autriche et l'Allemagne sont considérés comme les pays les plus stables politiquement, dans le monde. »

en oubliant de préciser que pour ces pays le faible risque d’instabilité est surtout du à la maturité de leurs systèmes de gouvernances hautement démocratiques alors que la place obtenu par notre pays est plutôt due à l’autoritarisme de notre système politique qui laisse peu de place aux "changements". Surtout que pour le régime tunisien, tout "changement" autre que celui du "7 novembre" est considéré comme source d'"instabilité" !

La stabilité par l’apaisement contre la stabilité par la répression en quelques sortes. « Chacun son model » dirons certainement les supporters de "l'unique changement".

Et c’est surement pour cela que la TAP ne consacre aucune ligne concernant d'autres classements qui sont pourtant publiés par la même source, tel que la dégringolade en l'espace de deux années, du rang de 135e en 2006 au 141e en 2008 du Democracy Index toujours par la même The economist intelligence Unit, cette section de la CIA basée à Londres.

Les rapports du Demcracy index démontrent, preuve à l'appui qu'il n'y a pas de quoi pavoiser, et que la stabilité se paie au prix fort. Il y aurait même de quoi s'inquiéter. Comme le montre le tableau suivant qui récapitule les classements de la Tunisie pour les années 2006 et 2008.


A noter qu'en 2006 la Tunisie devançait la Chine (138e), maintenant elle est derrière (136e), et pour cause ! Si le processus électoral reste ironiquement stable avec un zéro pointé, (on ne peut faire pire) il y a une détérioration de la culture politique et des libertés civiles, toutes deux en baisse.

Il est clair qu’avec de tels résultats il aurait était difficile pour le scribe de la TAP de conclure son article par cette envolée propagandiste :

« Ce classement est une nouvelle reconnaissance internationale des acquis de la Tunisie et de ses réalisations qui en font un modèle de réussite, de bonne gouvernance et de stabilité politique. »

Après cela, ce qui semble certain c'est que les pontes de la TAP ne risquent pas d'être mis à...l'index !

*Article écrit avec la précieuse aide de Alyssa.

Article publié sur www.nawaat.org

vendredi 3 avril 2009

Tunisie : La « jeunesse du monde » a déjà voté pour Ben Ali

Caricature de Z. Source : Le blog Débat Tunisie.


Après avoir élevé « le dialogue avec les jeunes » au rang de priorité nationale (si ! si !) et sans même qu’on ait le temps d’en voir les résultats sur notre jeunesse nationale, notre convalescent président veut déjà ouvrir le dialogue avec les jeunes du monde entier ! Et pour faire plaisir au président, c’est naturellement un de ses innombrables « fans clubs » qui s’y colle.

Pour cette occasion, c’est l’Union Tunisienne des Organisations de Jeunesse (UTOJ), avatar affilié au parti unique, qui a eu « le plaisir » d’organiser les 18 et 19 du moins dernier, un colloque international sur le thème « Jeunesse du monde : enjeux et défis ».

Cette grande sauterie internationale se voulait, selon ses organisateurs, « un lieu de rencontre, de débat et d’échange interculturel », nous annonce la page d’accueil du site internet créé à l’occasion. Et les objectifs annoncés sont à la hauteur de la grandeur de cet événement.

Le premier affiché par les organisateurs, est celui de « répondre à l’appel du Président de la République Tunisienne son Excellence Zine El Abidine Ben Ali pour la mise de l’année 2010 sous le signe de l’année internationale de la jeunesse et l’organisation d’un congrès mondial de la jeunesse. » Si ça, ce n’est pas de l’ambition ?

En plus de vouloir faire plaisir à notre président, ce séminaire se donnait accessoirement pour mission de « développer la capacité de dialogue entre les jeunes vivant dans les différents contextes…; Favoriser le rôle des jeunes dans l'élaboration des politiques…» et enfin et ce n’est pas le moindre : « exhorter les chefs des gouvernements nationaux et des autorités locales et les organismes internationaux à renforcer les politiques de jeunesse ».

Pour atteindre ces nobles objectifs, finis les forums fantomatiques en manque d’inspiration, aux oubliettes les salles poussiéreuses des maisons de jeunes locales, réservées à notre jeunesse. Les heureux participants ont été entièrement pris en charge par les organisateurs.

Transport des participants des quatre coins du monde, hébergement et activités culturelles sur mesures ont été au programme. Tout a été mis en œuvre pour permettre à nos jeunes hôtes de donner le meilleur d’eux-mêmes pour répondre aux grands enjeux des années à venir.

Pour joindre l’utile à l’agréable, qui mieux que le beau frère pour accueillir tout ce beau monde dans son hôtel 5 étoiles à Hammamet ? Surtout qu’en temps de crise, plus de deux cents clients facturés au prix fort permettent de mettre un œuf ou deux dans le bol de Lablabi des Trabelssi.

Et vu qu’on n’est jamais mieux servi que par les siens, c’est donc Abdelwaheb Abdallah, membre du Bureau politique du RCD et accessoirement ministre des « affaires mensongères », bien évidement « sur instructions du Président », qui a présidé, l’ouverture de cette grande messe du dialogue.

Destinée aux « organisations internationales, jeunes entre 18 et 35 ans, responsables des associations de jeunes et d'étudiants, jeunes des partis politiques et les chercheurs en matière de jeunesse … » cette joyeuse fête du dialogue à été comme en ont témoigné certain participants, bien sur sous couvert d’anonymat, un peu trop… « prévisible ».

Comme c’est le cas généralement dans ce genre de manifestations, le colloque s’est résumé à une grande mascarade inutile où des jeunes « patriotes » RCDisto-compatibles, presque aussi nombreux que les invités, ont excellé dans l’art de l’autosatisfaction, vantant, avec toute l’objectivité qu’on leur connait, les biens fait du model tunisien. Cela devant d’autres jeunes, non moins embrigadés, tout simplement content de profiter du voyage !

Toujours selon ses « ingrats » anonymes, pendant les 4 jours de leur séjour tunisien, ils n’avaient eu aucune possibilité de sortir du groupe et aller flâner librement dans les alentours de l’hôtel. En plus des activités hautement encadrées annoncées dans le programme, les invités se sont vus alloués des accompagnateurs, pour « faciliter » leurs séjours parmi nous, leur a-t-on dit. « C’est plutôt pour nous éviter les « mauvaises rencontres » » ironise un des participants.

Pourtant, il aurait été pertinent pour les organisateurs, pour pimenter un peu ses joyeuseries et montrer, preuve à l’appui, notre grande aptitude au dialogue, de convier quelques invités surprises :

Ainsi pour la session « Jeunes et participation à la vie publique », qui s’est déroulée le 18 mars, ils auraient pu inviter les 4 étudiants grévistes de la faim, exclus de leur université, à cause de leurs activités syndicales et qui après plus de cinquante jours de jeûne, attendent désespérément de « dialoguer » avec les autorités pour pouvoir reprendre leurs études.

Dans la même veine, une délégation de jeunes habitants de la région du bassin minier de Gafsa, auraient pu animer la session qui traitait le lendemain d’«insertion sociale et économique ». Dans le domaine, ils en connaissent un rayon. Surtout que 38 habitants de la région se sont fait « insérés »…en prison pour avoir réclamé une meilleure…« insertion sociale et économique » en dénonçant le népotisme des responsables locaux.

Une délégation des 1200 candidats à l’immigration qui croupissent dans le centre de rétention de Lampedusa, aurait pu faire le déplacement pour parler de « dialogue interculturel et compréhension intercivilisationnelle ». Ils sont pourtant la preuve vivante qu’un tel dialogue est possible.

Après un « dialogue intercivilisationnel » italo-tunisien, nos voisins italiens peuvent parquer nos jeunes candidats à l’immigration dans des camps insalubres et surpeuplés avant de les renvoyer en Tunisie ou ils seront accueillis par notre police avec la plus grande « compréhension ». Si cela n’est pas un exemple de dialogue !

Mais ça serait trop demander aux organisateurs. Entre coller aux basques de nos hôtes, « les soirées dansantes » et « les après-midis culturelles » ils leurs restait à peine le temps de se fendre d’un message vibrant à notre grand président pour lui dire tout le bien qu’ils pensent de son approche « dans le domaine de la jeunesse et sa démarche consistant à adopter le dialogue comme méthodologie dans ce domaine, […] pour favoriser la participation des jeunes à la conception des contours de l’avenir de la Tunisie. ».

Notre jeunesse mondiale ne tiendra sûrement pas rigueur de ce manque d'audace des organisateurs. La preuve : Les participants se sont eux aussi empressés d'exprimer leur « gratitude au Président de la République pour son initiative visant à proclamer l’année 2010, « Année internationale de la jeunesse »». Voilà une bonne raison pour réinviter tout ce beau monde !

Malek Khadhraoui
http:stranger-paris.blogspot.com
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* Caricature de Z. Source : Le blog Débat Tunisie


vendredi 20 février 2009

Leçons de « journalisme anthropologique » au Figaro : Les « jeunes Français d’origine musulmane » à l’honneur


www.nawaat.org | M.k. | Getty Images


Certains travers des médias français ont vraiment la peau dure. Le quotidien Le Figaro dans son édition du 18 février, en a donné un exemple éloquent. Dans un encadré d’appel à La une du journal, on pouvait lire ce titre pour le moins accrocheur : « Quand des beurs vont chercher fortune à Dubaï » !

La suite est plus…affligeante. « Depuis quelques années, de nombreux jeunes Français d’origine musulmane partent s’installer dans les pays du Golfe…» Pouvons-nous lire dans l’encadré. Oui, vous avez bien lu : « Jeunes Français d’origine musulmane ». Voilà donc que pour Le Figaro, l’Islam est un « groupe ethnique » bien distinct ! Ça commence bien.

« Certains tentent l’aventure pour être en phase avec leurs aspirations culturelles ou religieuses […]», continue le journal. Après avoir appris que l’islam est une « race », on découvert, que pour qu’un « français d’origine musulmane » puisse être « en phase » avec ses « aspirations culturelles et religieuses », il faille qu’il s’expatrie dans un pays musulman ! On craint presque pour le cœur des 4 à 5 millions de musulmans en France, qui apprennent sans ménagement et en quelques lignes, deux « vérités fondamentales » sur eux-mêmes.

En tournant la page pour aller découvrir l’article, annoncé page 2, on s’attend déjà au pire. Et on ne sera pas déçu ! Tout d’abord, par l’auteur de l’article. Georges Malbrunot. Grand reporter au Figaro devenu célèbre après son enlèvement par « l'armée islamique en Irak » qui réclamait à la France, contre sa libération et celle de son confrère Christian Chesnot, l’annulation de la Loi sur la laïcité. Le journaliste est réputé être un « bon connaisseur » de « la région » et « ses subtilités », et était, a priori, bien placé pour éviter les clichés simplificateurs.

On déchante dès la lecture du titre de l’article : « Le Golfe, nouvelle terre d'asile des Beurs de banlieue ». Ici aussi le qualificatif « beur » est employé sans aucun « complexe ». Mais on apprend surtout que le « beur » est un éternel exilé. Après sa première « terre d’asile », la France (où il est née), ingrat comme il est, le voilà qu’il part à la recherche d’une « nouvelle terre d’asile ».

Et les premières lignes donnent le ton. « M. arrive au rendez-vous dans un café branché de Dubaï en djellaba blanche, la tenue traditionnelle du vendredi, jour de prière en islam. ». nous apprend l’auteur. Admirez ici les élans pédagogiques du journaliste qui éclaire les lecteurs du journal sur les traditions vestimentaires et religieuses du « Français d’origine musulmane ».

Bien évidement, « cet ingénieur en télécommunications » qui habite avec son épouse « dans un immeuble moderne de cette ville où les mosquées côtoient les plus beaux hôtels du monde » et qui ne voyait aucun inconvenant à « voir des filles en minijupe » se sent mieux dans son nouvel environnement et peut tout à fait connaitre les joies de « l’artisanat islamique » et pratiquer librement ses « étranges » rites et coutumes. « Si j'étais resté en France, on me regarderait bizarrement. Ici, cela ne gêne personne » nous dit-il. Quoi de plus normal ? N’est-il pas au milieu de ses semblables ?

D’ailleurs Malbrunot nous le dit cash : « À Dubaï, il (le français d’origine musulmane ? [ndlr]) peut donc, sans tracas, jeûner pendant ramadan, manger halal et faire ses ablutions ailleurs que dans les toilettes. ». « Le beur », peut alors « se fondre dans la masse ». Quelle chance pour M. pour qui « l'opulence ostentatoire de Dubaï ressemble pourtant bien peu au bled algérien de ses parents ». Que c’est bien dit !

« L'alliance […] de la BMW et du Coran, sous le soleil et dans une atmosphère de relative liberté individuelle. » est parait-il ce qui plait le plus à ces jeunes « beurs » comme Nesim, un « jeune Beur, d'origine tunisienne », victime de discrimination à l’embauche en France alors qu’il est, selon le journaliste, « non pratiquant et parfaitement intégré ».

En lisant la suite on comprend très vite, que si par malheur des « beurs » des cités osent tenter l’aventure de l’expatriation pour un meilleur avenir, comme le fond des milliers d’autres français aux « bonnes origines », c’est forcément par esprit de revanche sur cette France qui ne les accepte pas comme ils sont.

D’ailleurs, ce n’est pas le journaliste qui le dit...mais Khalid, « cadre d'une société d'intelligence économique », qui ne reviendra vivre en France que « lorsque la France aura appris à vivre avec ses musulmans ».

Il existerait même une « très petite minorité », « très religieuse », en rupture totale avec la France et à qui « Le djihad ne déplairait pas fondamentalement ». Tellement en rupture qu’il n’était « pas question », pour le journaliste, « d'approcher l'un d’eux ». On est presque soulagé qu’ils soient expatriés

Bref, tantôt d’origines « islamiques » tantôt d’origines « maghrébines », ces « beurs des banlieues » présentés par ce travail de journalisme « anthropologique », n’échapperont pas à leur étiquette même à des milliers de kilomètres de leur pays, la France.

Mais maintenant qu’on connait mieux « le Français d’origine musulmane », le journaliste peut pousser ses efforts « à but informatifs », pour nous faire découvrir les péripéties d’autres français d’ « origine ». Pourquoi pas les jeunes français « blacks » d’origine…« noire » !

Malek
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mercredi 28 janvier 2009

« Ahmed and Salim » : Quand les israéliens s’essayent à la propagande "artistique" !




Alors que des centaines d’ONG et organisations citoyennes se mobilisent à travers le monde pour condamner les crimes de guerres commis par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, un site israélien diffuse depuis le 20 janvier un dessin animé « humoristique » qui met en scène les mésaventures de deux jeunes apprentis-terroristes palestiniens !

La mini-série est « destinée à se « moquer des terroristes » palestiniens sans amalgame avec l'Islam. » nous dit le nouvelObs.com qui en parle dans son édition électronique du 27 janvier.

En effet, la série intitulée « Ahmed and Salim » met en scène deux jeunes terroristes en herbe qui semblent préférer jouer avec leur Ipod et leur console Wii qu’à jouer les bombes humaines dans les bus israéliens. Leur commandant et père ne sais plus quoi faire pour qu’ils s’appliquent et réussissent leurs tentatives d'attaques suicides qu’ils ratent systématiquement.

Empruntant le graphisme de « South Park », le dessin animé politiquement incorrect qui excelle dans l’art de la parodie sociale, les deux auteurs de "Ahmed and Salim" sont loin d’avoir le talent des hauteurs de la série américaine.

Même si on esquisse un sourire devant certaines situations et même si dans l’absolu cette série aurait pu être une bonne parodie des logiques de guerre qui prévalent dans les deux bords, l’état d’Israël ne semble à aucun moment mis en cause dans cette série.

Des le premier épisode le parti pris est flagrant. Le père des deux enfants se balade avec son kalach entouré des femmes de la maison (en bourqa bien sur) en parlant une langue inventée imitant le dialecte palestinien.

Le journal télévisé, dans ce « pays » imaginaire commence sur un ton grave en annonçant qu'"un bus israélien est arrivé à destination sain et sauf avec tous ses passagers ». Et que nos deux jeunes kamikazes maladroits ont, en fin de compte, explosé un bus qui transportait des arabes !

Tiens. Tiens ! Ça ne vous rappelle pas le leitmotive des flayers balancées par l’armée israélienne sur les gazaouis pour les « convaincre » que la cause de leur malheur n’est pas leurs bombardements meurtriers mais plus tôt le Hamas qui les tiendrait « en otage ». Le même message qui a été servi au libanais pendant la guerre de 2006 contre le Hezbollah.

Certains « responsables » israéliens ne sont ils pas allés jusqu’à accuser le Hamas « de tuer leurs propres enfants pour faire mal paraitre Israël dans les médias» ?! Comme par hasard, c’est ce que tente de faire à tout prix ce père de famille odieux qui rêve de voir ses enfants réussir leurs opérations suicides et donc de mourir.

Produit par le site israélien « Sugar Zaza », "cette vidéo n'a pas pour but de se moquer des musulmans mais des terroristes. Qui, comme nous le savons tous, sont une bande de trous du cul. Pour ceux qui se sentent facilement offensés, s'il vous plaît, ne regardez pas", nous disent avec beaucoup de « finesse » les auteurs israéliens. Après ce premier épisode on a du mal à croire à l’innocence de leur propagande…« artistique »...



mercredi 21 janvier 2009

« Statut avancé » accordé à la Tunisie : À quand les explications d’Abdelwaheb Abdallah ?


Abdelwaheb Abdallah, ministre des affaires étrangères tunisien. (AP Photo/Stephen Chernin)


Dans un dernier article j’ai formulé mes « sérieux doutes » sur l’honnêteté des déclarations de notre ministre des « affaires mensongères » sur le « statut avancé » que l’UE aurait accordé à la Tunisie.

La vérité c’est qu’il ne s’agissait qu’une candidature tunisienne qui sera étudiée avec « bienveillance » par l’UE. Il ne fallait pas enquêter pendant des mois, juste quelques vérifications de bon sens suffisent pour comprendre que notre ministre ne faisait que prendre nos « vénérables » conseillers pour des andouilles.

Et comme d’habitude dans ce genre de magouilles médiatico-propagandistes, c’est à une obscure agence de presse à l’indépendance douteuse de diffuser la bonne nouvelle. Après, il ne reste plus aux Médias officiels et autorisés qu’à reprendre « l’information » en faisant monter la sauce avec des analyses pseudo-objectives. Même l’opposition s’est faite prendre et a ressorti illico les déclarations de circonstances.

Mais voilà, mes « doutes » semblent avoir entamé la certitude des rédacteurs du site internet espacemanager.com, un des sites qui ont relayé les déclarations du ministre. 3 jour après la publication de l’article par l’express.fr, ils se sont fondus d’un article qui exprime leurs désarrois de « ne plus rien y comprendre » et se demandent : « ce qui retenait nos politiques à nous éclairer encore plus sur la question. ».

On ne peut qu’être de leur avis, surtout qu’ils ont repris une bonne partie des arguments pour enfin reconnaitre que « le communiqué de la partie européenne évoqué par l'agence APA et repris par plusieurs journaux s'avère être introuvable sur les supports de diffusion de l'Union européenne a-t-on appris du journal français l'Express. » Sans aller jusqu’à mettre le lien de l’article. Mais c’est peut être trop leur demander !

Pour le correspondant tunisien de JeuneAfrique.com les choses sont plus claires. En oubliant de revenir sur les déclarations du ministre, le journaliste nous rappelle la décision du dernier conseil d’association qui se trouve disposé « à étudier avec bienveillance » cette demande. « Mais l’on n’est qu’au début du processus de réflexion par un groupe de travail conjoint dont les travaux n’ont pas encore démarré » s’en presse-t-il de préciser.

Devant « les doutes » qui commencent à gagner des rédactions en général peu farouches, il fallait que quelqu’un vienne au secours de notre optimiste ministre. C’est le bimensuel l’Economiste Maghreb qui s’y colle et nous apprend que le chef de la délégation européenne en Tunisie est « très confiant quant aux chances réelles de la Tunisie d’accéder, dans les meilleurs délais à «un statut avancé » ». Tellement confiant qu’il a même déclaré que « la Tunisie est suffisamment avancée dans son rapprochement avec l’Union européenne pour accéder à ce statut ». Nous sommes donc « suffisamment » avancés pour obtenir le « statut avancé » ! Nous voilà donc à moitié rassuré !

Parce que, du coté des autorités, du ministère concerné plus précisément, toujours aucune réaction. Silence radio ! Pourtant notre ministre à beaucoup à nous dire. À commencer par s’expliquer à propos de cette « faute de gout » diplomatique. Mais surtout nous informer du déroulement et du contenu de ces négociations avec l’UE qui au cas où il l’aurait oublié, concerne en premier lieu les tunisiens eux-mêmes.

Il serait par exemple intéressant de savoir si le gouvernement tunisien s’apprête à engager les réformes nécessaires dans le domaine politique pour préparer la future accession au « statut avancé » dans le respect de l’esprit du plan d’action de la politique européenne de voisinage ? À l’approche des prochaines élections présidentielles qui, selon le dernier rapport de suivi de l’EU, posent « des enjeux essentiels pour le fonctionnement du processus démocratique tunisien », le régime en place a encore le temps de montrer sa « bonne volonté ».

Ou va-t-il plutôt profiter du « principe de différenciation », nouvelle invention européenne, qui consiste en des accords de coopérations « sur mesure » ? « Ce rapprochement d’intérêt mutuel pourrait concerner plusieurs secteurs d’activité comme par exemple le commerce, l’environnement, la politique maritime et de la pêche, les transports ou l’énergie. » aurait déclaré l’EU. Il est certain qu’on risque gère de se fâcher en parlant de nucléaire, d’énergies renouvelables ou de TGV. Même s’ils veulent parler poiscaille, l’UE aura du mal à donner des leçons à la Tunisie alors que deux de ses membres, la France et l’Italie, sont soupçonnés, autant que la Tunisie, de « pêche illégale » !


mardi 6 janvier 2009

Le ministre des Affaires étrangères tunisien en flagrant délit de mensonge ?


M. Abdelwaheb Abdallah, ministre tunisien des affaires étrangères(G) et M. Javier Solana chef de la diplomatie européenne (D). AFP/Getty Images


Les relations entre la Tunisie et la communauté européenne ne datent pas d'hier. Cette idylle a commencé en 1976 et s'est poursuivie au gré des différents accords de partenariats et d'associations. C'est ainsi que la Tunisie est parmi les premiers pays à s'engager en 1995 pour le partenariat euro-méditerranéen, et c'est tout naturellement qu'elle adopte en juillet 2005 "la Politique Européenne de Voisinage" qui propose aux voisins immédiats, terrestres ou maritimes, de l'Union « une relation privilégiée, basée sur un engagement mutuel en faveur de valeurs communes ».

Parmi ces « valeurs communes », on peut citer, en s'efforçant de ne pas s'esclaffer : « La démocratie et droits de l'homme, la règle de droit, la bonne gouvernance »...etc. Dans le cadre de cette même politique, le « statut de partenaire avancé » vient renforcer ce partenariat selon un plan d'action plus précis et plus contraignant pour les deux parties. Jusqu'à présent, seul le Maroc avait ce statut tant convoité. Un statut auquel il a postulé en 2004 et qu'il a obtenu seulement au mois d'octobre dernier.

Mais voilà qu'une dépêche de l'Agence de Presse Africaine (APA) datée du 17 décembre dernier nous apprend que le ministre des Affaires étrangères tunisien, M. Abdelwaheb Abdallah, a annoncé devant la Chambre des conseillers, que la Tunisie « a été autorisée à occuper le "statut de partenaire avancé" de l'Union européenne ».

En plus de nous rapporter les paroles du ministre, cette dépêche parle d'un communiqué de l'UE qui précise que « ce rapprochement d'intérêt mutuel pourrait concerner plusieurs secteurs d'activité comme par exemple le commerce, l'environnement, la politique maritime et de la pêche, les transports ou l'énergie »

La dépêche annonçant cette grande nouvelle a bien évidement été reprise en chœur par tous les organes de la propagande officielle tunisienne mais aussi par d'autres sites tunisiens d'informations « autorisées ».

Notre scribe national, Mouldi M'barak, rédacteur en chef du quotidien francophone La Presse, notre Pravda à nous, a même pondu un édito, un de ceux qui lui ont valu plus d'une fois le titre peu enviable de « journaliste Boudourou » (expression tunisienne qui pourrait ce traduire par « à deux balles »), prix décerné par un groupe de blogueurs récompensant le pire journaliste tunisien. « Un nouvel acquis qui s'ajoute, à un moment où la Tunisie célèbre dans la fierté et l'allégresse le 21e anniversaire du Changement » nous dit-il.

Certains défenseurs des droits de l'homme, sont même montés au créneau. « Le statut avancé que l'UE vient d'accorder à la Tunisie, c'est une prime à la torture, aux violations graves des droits humains dans le pays », a déclaré à l'AFP Sihem Bensedrine, militante des droits de l'homme en Tunisie.

Pourtant le communiqué que cite l'agence est introuvable sur les supports de diffusion de l'Union européenne... Ni la rubrique du site Internet de l'union qui traite de la question de la PEV, ni le site de la présidence française de l'union, ni le site de la délégation de l'UE en Tunisie, régulièrement mis à jours, ne pipent mot de cette décision. Les médias français non plus ne semblent pas emballés.

Si la décision d'accorder à la Tunisie « le statut de partenaire avancé » a déjà été officiellement prise, comment expliquer qu'on ne puisse pas trouver sa trace quelque part chez l'autre partie concernée... l'Union européenne ? Notre ministre des Affaires étrangères aurait-il osé mentir à notre « honorable » Chambre des conseillers ? Oserait-il aller jusqu'à annoncer unilatéralement une décision qui n'a pas encore été validée ? On y regardant de plus près, on s'aperçoit qu'on n'en est peut-être pas si loin !

En effet, lors de la dernière session du Conseil d'association UE-Tunisie qui s'est réuni le mardi 11 novembre à Bruxelles, on apprend que l'UE « a fait part de sa disposition à étudier avec bienveillance la proposition tunisienne d'un partenariat renforcé dans le même esprit que le « statut avancé » qui a été mis en place avec le Maroc » ! Voilà donc. Ce que notre ministre nous vend pour acquis n'est en fin de compte qu'une « bienveillance » européenne envers notre candidature ?

Le compte-rendu reste très évasif sur les modalités de cette « bienveillance ». Un groupe de travail « sera créé à cet effet » nous dit-on. Rien à voir avec les déclarations du conseil lors de l'annonce de l'obtention du Maroc de ce statut. « L'Union [...] est prête à répondre favorablement à la perspective du statut avancé demandé par ce pays ». Il est clair ici qu'entre « étudier avec bienveillance » et « répondre favorablement » il y a très peu de place à la fausse interprétation !

Donc, si on ne veut pas mettre en doute la parole de notre ministre, il faudrait admettre qu'en l'espace d'un mois, un groupe de travail aurait été créé, il aurait étudié la question et il aurait rendu un avis favorable. Le Conseil d'association Tunisie/UE et puis le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE auraient entériné cette décision.

Nous savons tous que la Tunisie de Ben Ali est le pays de tous les miracles, mais celui qui consiste à faire fonctionner aussi rapidement la bureaucratie européenne semble bien improbable !

Ce ne sont pas seulement les délais qui sont intenables, la position de l'EU vis-à-vis du gouvernement tunisien l'est autant. En effet, la PEV établit un large éventail de priorités avec une attention particulière à « la poursuite et la consolidation des réformes garantissant la démocratie et Etat de droit... ». Or le groupe de suivi ne cache pas son scepticisme envers la volonté du gouvernement tunisien de se conformer à toutes les exigences de cette association.

Dès décembre 2006, date de la parution du premier rapport, les technocrates européens regrettaient déjà dans des termes très diplomatiques que :

« sur le plan politique, il y a eu moins de progrès au cours des mois écoulés notamment en ce qui concerne la coopération et le dialogue sur les questions politiques » ou encore que la mise en oeuvre du programme de modernisation de la justice « n'est pas encore entrée dans une phase pleinement opérationnelle. » !

Un peu plus loin les critiques le sont moins:

« En ce qui concerne les droits de l'homme et les libertés fondamentales, il y a peu de progrès des libertés d'association et d'expression ».

Pour le deuxième rapport adopté le 3 avril 2008, sur les questions politiques le seul changement constaté est celui du langage employé par le rapport :

« Dans le domaine de la démocratie et de l'Etat de droit, malgré les garanties prévues par la Constitution, on ne peut observer d'avancées en termes de diminution du décalage entre la législation en vigueur et son application pratique. [...] L'échéance à court terme des élections présidentielles prévues pour 2009, pose des enjeux essentiels pour le fonctionnement du processus démocratique tunisien. »

En ce qui concerne le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, les rapporteurs européens frôlent l'insolence :

« Dans le cadre des Nations Unies, la Tunisie participe au dialogue sur les droits de l'homme mais des retards persistent dans la soumission des rapports périodiques (sept rapports restent en suspens). [...] Les demandes de visite de quatre rapporteurs spéciaux du conseil des droits de l'homme [...] attendent toujours une réponse du gouvernement tunisien. [...] La liberté d'association et d'expression connaît toujours des entraves considérables, et il en est de même du domaine des médias et de l'information. »

C'est à se demander si Nicolas Sarkozy, qui affirmait lors de sa visite à son ami Ben Ali, que « l'espace des libertés progresse en Tunisie », a eu la présence d'esprit de jeter un coup d'œil à ce rapport qui venait pourtant d'être publié ? Où s'agit-il d'une manière peu orthodoxe de désavouer les fonctionnaires d'une institution qu'il s'apprêtait à diriger ?

Peu importe. Puisque plus loin dans les rapports cités, dans les volets qui traitent d'échanges commerciaux, d'abolition de frontières et de taxes ou encore de collaboration dans la lutte anti-terroriste, le ton un peu gêné des premiers chapitres fait place à l'admiration à peine dissimulée. « Les performances économiques de la Tunisie se sont encore améliorées en 2007 et sont parmi les meilleures de la région », peut-on lire dans le rapport. Ou encore « La promotion de l'investissement étranger est l'un des objectifs prioritaires du gouvernement. » En d'autres termes, la Tunisie est un endroit où il fait bon investir !

Qu'il s'agisse de Nicolas Sarkozy ou de l'Union européenne, le choix a été fait depuis longtemps. Pas question de s'enquiquiner des questions des droits de l'homme, de justice et de libertés fondamentales. Les récentes déclarations de Bernard Kouchner à propos de la pertinence de la création d'un secrétariat des droits de l'homme ne font que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Et même ceux qui espéraient que le développement économique serait un moteur de changement politique réalisent aujourd'hui que depuis le processus de Barcelone et les millions d'euros investis, « le changement » politique reste toujours à espérer.

Les libertés avec la vérité que prend notre ministre des Affaires « mensongères » ne sont enfin de compte qu'anecdotiques et seront certainement mises sur le compte de l'impatience. Les observateurs de la scène politique tunisienne connaissent les tendances à l'exagération mensongère et le besoin obsessionnel de la reconnaissance internationale du régime en place. Mais ce dernier sait qu'il peut compter sur l'Europe et la France pour lui faire ce cadeau en cette année d'élection présidentielle où le président Ben Ali, a décidé de répondre positivement à la demande qui lui a été faite de se représenter pour un 5e mandat de 5 ans. Nous voilà bien « avancés » !

Malek Khadhraoui
http://stranger-paris.blogspot.com

Article publié sur L'Express.fr dans le cadre de l'opération "3001 Odyssée de l'Info" à l'occasion du 3001 numéro de l'hebdomadaire.