jeudi 31 janvier 2008

Décés d’un lycéen des suites des coups reçues hier lors de la dispersion d’une manifestation à Jbeniana






ne marche lycéenne spontanée de protestation effectuée par les écoliers du lycée secondaire de Jbeniana contre les augmentations des prix hier après midi à Jbeniana c’est terminé par un drame après l’intervention musclé de la police pour la disperser.

Parmi les victime de cette intervention le jeune Bassem ben Fraj qui à été transporté à l’hôpital ou il a été gardé est décédé aujourd’hui, comme on vient de l’apprendre à sa famille.

Bassem ben Fraj est en deuxième année secondaire au lycée de Jbeniana, il a reçu les coups de matraque de la police sur le crâne hier lors de la manifestation. Il ne s’est pas relevée de son coma jusqu’a l’annonce de son décès par les médecins à sa famille aujourd’hui.

Lu sur Tunisia Watch


samedi 12 janvier 2008

"Lois de séries" et "Lois de conneries"






ous avez certainement tous entendu dire qu’«un malheur n'arrive jamais seul» ou que «jamais deux sans trois». Tout le monde a vécu ces moments où des événements totalement improbables s'enchaînent, des rencontres, des contrariétés ou même parfois des bonnes nouvelles qui nous donnent l'impression que cela est régi par une «loi des séries». Mais sous l’aspect faussement prémonitoire de ces adages se cache pourtant une certaine vérité qui explique l’accumulation de coïncidences, ou autrement appelé, hasard. Bien qu’il semble échapper à toute rationalité, c'est même sa nature, il peut être mis en équations. Et celles-ci peuvent servir à démasquer ce que l'on nomme « la loi des séries ». Pour mieux appréhender cette « loi », les mathématiques, qui se préoccupent beaucoup du hasard, possèdent quelques outils. Ainsi en est-il des probabilités, capables de quantifier les phénomènes aléatoires. Le hasard ne serait en fin de compte qu’une vulgaire histoire de probabilités* ?

Ainsi, par exemple, en théorie, il y a une chance sur deux d'avoir un garçon ou une fille. De même pour le lancer d'une pièce, chacune des deux faces ayant la même chance d'apparaître. Mais cela ne veut pas dire qu'une famille ne pourra pas avoir six filles ou que l'on ne pourra pas voir sortir dix fois de suite la face pile d'une pièce non truquée. Les lois du hasard nous disent simplement que la probabilité d'avoir six filles et aucune garçon est d'une chance sur 64 (0,0156), une telle famille sera donc plus rare que les autres, et que celle de voir sortir la même face de la pièce dix fois de suite est de 1 chance sur 1 024 (0,001).

Mais là où les probabilités deviennent plus intéressantes, c'est précisément dans l'étude des séries de coïncidences. Quand on veut savoir si des événements apparemment indépendants peuvent être liés. Prenons l'exemple des accidents d'avion. Il arrive parfois que les crashs se suivent de près. Ce fut le cas en 2005 par exemple, avec cinq crashs entre le 2 et le 23 août. Plus de 300 victimes en une vingtaine de jours. En regardant de plus près, des mathématiciens ont constaté que pendant les dix années précédentes, il y a eu environ 20 000 décollages par jour et un accident pour 500 000 vols. La probabilité d'un accident est donc de 1 pour 500 000. La probabilité qu'il y ait 5 crashs en même temps est donc quasiment impossible. Par contre, la probabilité que 5 crashs se produisent sur une période de 22 jours n'importe quand dans l'année est de 0,1, soit une «chance» sur 10 d'observer une telle série dans l'année. Ce qui n'est pas négligeable et permet de mettre en cause le hasard.

Il est vrai que la variable humaine est un peu plus complexe que celle d’un objet ou d’une mécanique puisqu’après un événement, et avant de faire face à un éventuel second événement, l'être humain s’imprègne d’une expérience qui le modifie et modifie par conséquences sont comportement. La spirale de l'échec, par exemple, met en conditions défensives et prépare, en quelques sortes, un nouvel échec. Par ailleurs, bien que l'individu dispose bien d'un libre-arbitre contextuel difficile à probabiliser, les comportements de groupe eux sont plus facile à déterminer d'un point de vue probabilistique car il s'agit de fonctionnements sociaux, reflexes, voire naturels.

On se basant sur ces faits statistiques et considérant la variable humaine et les spécificités historiques, politiques, et sociétales de la Tunisie, la probabilité qu’on avait pour se retrouver aujourd’hui sous le règne d’une dictature avec des atteintes graves aux libertés individuelles, une mise au pas des moyens d’informations, un désintérêt assumés des citoyens de leurs rôle dans la société ainsi que le triomphe de l’esprit du déni et de l’exclusion, la probabilité qu’autant de comportements déviants s’expriment dans une même société, est loin d’être négligeable et n’a surtout rien à voir avec le hasard ou la fatalité.

Comme il est tout aussi vrai, qu’aussi infime soit elle, chaque probabilité à une chance de se réaliser. Donc aussi improbable soit elle, la possibilité de voir un jour nos libertés respectées en Tunisie, d’y lire une presse libre, de voir certains bloggeurs, par exemple, s’intéresser à autre chose qu’à leur petites personnes, que d’autres bloggeurs arrêtent de les féliciter pour leur nombrilisme où, improbabilité suprême, voir la fin de l’apartheid qui sévit sur les agrégateurs des blogs tunisiens, aussi infinitésimale soient-elles, ces probabilités sont réalisables, la science des probabilités acceptant tout à fait la survenue de miracles qui ne sont, en fin de comptes, rien d’autre que des probabilités proches du zéro.

La question qui s’impose alors est celle de connaitre la probabilité pour que ces événements se réalisent tous dans un laps de temps bien déterminé. Personnellement je n’ai pas de réponse à cet épineux problème mais il est certain que pour le résoudre, il faudrait impérativement prendre en compte « la variable humaine » et chercher aussi bien dans « les lois de séries » que dans « les lois de conneries ».



* Nombre, compris entre 0 et 1, que l'on attribue à un événement susceptible de se produire en fonction des informations que l'on possède sur lui. La valeur 0 est celle que l'on attribue à un événement que l'on estime impossible, la valeur 1 à un événement qu'on estime certain de se produire.



jeudi 10 janvier 2008

Le e-président Arash Derambarsh défend son mandat




lébiscité par la presse après sa victoire à l’élection du "Facebook président" Arash Derambarsh est aujourd’hui sous les feux de la critique de cette même presse qui n’avait comme d’habitude rien compris à cette élection qui n’était rien d’autre qu’un jeu proposé par une application de celles qui pullulent sur Facebook. Une ignorance des nouvelles tendances sur Internet que les journalistes voulaient faire payer à ce malheureux « e-président » à défaut de pouvoir s’acharner sur le président Sarkozy.

Même s’il est vrai qu’Arash à un peu profiter de l’ambigüité qui entourait cette élection pour alimenter son buzz médiatique – beaucoup pensait que c’était des élections proposées par le site Facebook lui-même – ça ne justifie pas pour autant tant d’acharnement. Pour permettre à Arash de défendre son point de vu, le bloggeur Aurélien Véron publie sur son blog un droit de réponse du e-président que je publie ici à mon tour.
"J'ai 28 ans et je vis à Courbevoie non loin de Paris. Je prépare le concours d'avocat avec comme spécialité le droit pénal et la criminologie. Je suis également directeur de collection dans une maison d’édition en charge du service politique et personnalité publique.

120 000 personnes ont téléchargé l'application « Facebook Président » de septembre à décembre 2007 (devenu « e-president » depuis le 1er janvier 2008) et ont donc voté. Ce qui n'est pas négligeable. Mais je suis devenu le président d'un potentiel électoral de 60 millions d'utilisateurs. La campagne a duré quatre mois durant lesquels, je tiens à le préciser, je n'ai pas investi d'argent.

Facebook est une page blanche que l’on complète avec une infinité d’applications. Cette fameuse application « Facebook President » utilise la marque déposée Facebook. D’où la confusion…

J'ai mené une campagne de manière très active, fondée sur des idées bien définies qui relèvent de l'international. Il ne s'agissait pas d'un débat franco-français. Pour exemple, l'un des points de mon programme de campagne était le combat contre certains groupes racistes et antisémites sur Facebook, forts de 150 000 inscrits, qui appellent entre autre à la destruction de l'Etat d'Israël.

Je me suis battu contre ce groupe car j'entends prôner la tolérance entre les trois religions monothéistes sur Facebook. Je me suis également engagé pour la défense de la Francophonie dans un univers au coeur duquel l'anglais règne en maître absolu. Facebook ne dispose pas d'interface en français ou en toute autre langue d'ailleurs. Autre point de mon programme de campagne, le combat contre l'illettrisme, phénomène grandissant chez les utilisateurs d'Internet enclins à l'utilisation d'un langage tronqué et atrophié. C’est pourquoi j’ai sollicité des logiciels informatiques afin d’adapter la lecture intuitive sur Facebook. Enfin, la cybercriminalité était l'un des sujets phare de ma campagne. Combattre la cyberpédophilie, la cyberescroquerie et la cyberdélinquance est pour moi essentiel aujourd'hui.

Je souhaite un réseau plus propre, mieux régi avec une traçabilité plus importante sans pour autant tomber dans un fichage systématique. J'aimerais voir naître un système d'immatriculation non pas des utilisateurs mais des machines calquées sur le modèle français de l’immatriculation des véhicules et plus performants que l'IP, avec des garde-fous permettant de protéger l’internaute contre le fichage commercial et contre les atteintes aux libertés individuelles.

Alors oui, j’ai mené campagne en faisant du buzz. J’ai fait un mea culpa concernant le pouvoir de ce président qui n’a qu’une page interactive sur www.facebookpresident.com. Ai-je tué quelqu’un ? Ai-je volé quelqu’un ? De plus, j’ai mené cette élection avec une équipe de campagne virtuelle réunissant plus de 900 personnes sur ma page Facebook.

Le président « virtuel » de Facebook est en poste pour une période de quatre mois et on passera à autre chose.

Qu’est-ce qui est le plus important finalement ? Le buzz médiatique, que l’on dénonce ou les valeurs humanistes que je défends ?

Arash Derambarsh"

dimanche 6 janvier 2008

vendredi 4 janvier 2008

La justice tunisienne, peine à rendre justice




près onze mois d’instruction, la 4e chambre du Tribunal de première instance de Tunis, présidée par Mehrez Hammami, vient de rendre, le dimanche 30 décembre 2007, son verdict dans le procès relatif aux confrontations armées avec les forces de l'ordre qui ont eu lieu dans la banlieue sud de Tunis en fin décembre 2006. Deux des 30 personnes accusées de terrorisme ont été condamnés à la peine capitale, 8 autres à la prison à perpétuité et le reste des prévenus ont été condamnés à des peines allant de 30 ans à 5 ans de prison ferme. Des peines très lourdes sachant que parmi les condamnés il n'y a aucun survivant impliqué dans les affrontements qui se seraient soldées par la mort de 12 d'entre eux et de 2 membres de l'armée.

La justice tunisienne qui, pour le compte d’intérêts politiques, cherchait, à travers ce procès à marquer les esprits et à faire oublier l’opacité qui avait entouré cette affaire et les défaillances du dispositif sécuritaire révélées par ces affrontements, n’a pas lésiné sur les violations de procédures judiciaires dont elle était pourtant la garante. Refus systématique de la cour d'examiner les requêtes formulées par les avocats de la défense, refus systématique de permettre à la défense de poser des questions aux accusés, procès verbaux de police antidatés dont la falsification a été démontrée par la défense, des photos de boites métalliques comme seules pièces a convictions sans oublié les mauvais traitements affligés au accusés pendant leur 12 mois de détention, dont les présents dans la salle d’audience avaient pu constater de visu les traces encore visibles. L'un des accusés ayant même affirmé - sans que le juge consigne ses déclarations - avoir subi le supplice du « bâton dans l'anus » en présence du ministre de l'Intérieur en personne. Rappelons également qu’au cours de l’audience du 15 décembre, les accusés avaient été battus par des agents de la brigade d'intervention rapide sous le regard indifférent du président de la cour.

Une série de disfonctionnements qui ne laissent aucun doute sur le caractère expéditif et injuste de ce procès. A défaut de rendre justice aux victimes et permettre aux tunisiens de comprendre ce qui s’est réellement passé, cette parodie de procès met en lumière la main mise du pouvoir politique et policier sur la justice tunisienne. Une justice qui a, tout au long de ce procès, instruit à charge, occultant volontairement tout argument à décharge présenté par la défense et proclamé par les accusés eux-mêmes. Des accusés qui rappelons le encore une fois n’avait pas participé aux affrontements armés. Il ne s’agit bien évidement pas de minimiser la gravité des actes jugés durant ce procès. Au contraire, c’est leur gravité qui exigeait de la part de la justice une rigueur et une impartialité exemplaires pour quelle rende justice au nom du peuple et non au nom d’intérêt stratégiques répondant aux exigences de la politique intérieure et extérieure du régime tunisien.

En plus d’être l’illustration du caractère partial et expéditif de la justice tunisienne, ce procès pose également la question de la peine de mort aussi bien sur le principe d’une peine barbare et inhumaine que par rapport à l’irrégularité de ce procès. Les deux condamnés à mort, Saber Ragoubi, un ouvrier âgé de 24 ans, et Imed Ben Ameur, un menuisier de 34 ans, n’ont même pas eu droit d’assister à la lecture des 9 chefs d’accusations pesant sur eux et n’ont eu pour y répondre que 6 minutes chacun au mépris des règles élémentaires de la procédure judiciaire. Ben Ali, qui, dans une interview donnée au Figaro Magazine à l’occasion des vingt années passées à la tête de la Tunisie, jurait la main sur le cœur qu’« aujourd’hui, le respect des droits de l’homme est un vécu quotidien » en Tunisie et qu’il ne signerait « jamais l’exécution de condamnés à mort », permet, quelques mois plus tard, à la justice de prononcer des peines aussi lourdes sans permettre aux accusés de se défendre correctement, ni apporter les preuves irréfutables de la culpabilité de ces individus en contradiction totale avec les droits les plus élémentaires de tout être humain. Un autre exemple de la duplicité du discours du pouvoir en place et de la totale soumission de la justice tunisienne.