samedi 25 novembre 2006

"Corps otages", otage de la censure !

Soutien à Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi auteur dramatique et metteur en scène tunisiens

Nous apprenons qu'en Tunisie la commission consultative dite d'orientation théâtrale a recommandé la censure de la pièce Khamsoun("Corps otages").

Cette recommandation est effective depuis qu'elle a été entérinée par le ministre de la Culture. Faut-il rappeler que les auteurs de cette pièce, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, ont été au coeur du renouvellement théâtral en Tunisie et dans le monde arabe? Depuis trente-cinq ans, ils ne cessent, de pièce en pièce, de révolutionner cet art et de l'enrichir par des innovations scéniques animées par un esprit critique qui dénonce les défauts, les manquements et les chimères de leur société. Leur oeuvre est, en outre, mondialement reconnue et célébrée. Et ceux qui ont eu le privilège d'assister en juin dernier à Paris au spectacle de leur pièce (à l'Odéon Théâtre de l'Europe), désormais interdite dans leur pays, ont été impressionnés par sa performance littéraire et artistique ainsi que par sa juste portée politique.

Ne répercute-t-elle pas par les purs moyens du théâtre la violence intégriste et l'idéologie rampante qui la sous-tend et qui, insidieusement, se répand pour légitimer le crime? Comment un régime construit sur la modernité prive-t-il la société qu'il gouverne d'un travail de représentation émanant de sa réalité et destiné à aider les citoyens à mieux saisir les ressorts de la crise qui bloque les évolutions, favorise les régressions et pénalise l'avenir? Nous nous élevons avec force contre cet acte de censure qui prive les artistes de leurs moyens de vie et de leur raison d'être.

Signez la pétition de soutien


Fadhel Jaïbi fait honneur au théâtre tunisien.



Grand nom de l'art théâtral tunisien arabophone, Fadhel Jaïbi s'est forgé une stature unique. Elle lui garantit une liberté de parole et de création qui, sans jamais être définitivement acquise, lui permet néanmoins de travailler sans avoir à transiger ni avec le pouvoir, ni avec le marché. Son théâtre a été applaudi à Beyrouth, à Damas, au Caire. Ses derniers spectacles – Comedia, Familia, Les Amoureux du café désert, pour ne citer que ceux-là – ont tourné en Italie, en Espagne, en Hollande, en Suède, au Portugal, en Belgique et en France. Avec Corps otages de Jalila Baccar, il confirme encore une fois, en se représentant à guichets fermés au théâtre de l’Odéon, qu’il est un grand nom du théâtre mondial.

De retour de France, où elle a rencontré Allah après une fascination pour le marxisme pur et dur, la fille d’un couple de militants gauchistes se retrouve impliquée dans le suicide mystérieux d’une jeune amie enseignante qui a décidé, un vendredi 11 novembre, de se faire exploser dans la cour de son lycée. L’acte, qui plonge le pays dans le désarroi et met en branle le redoutable dispositif anti-terroriste, place face à face un régime politique autoritaire, une société civile et des démocrates plus laminés que jamais, des islamistes clandestins aux funestes desseins et des citoyens dociles ou indifférents.

D’une grande économie de moyens, Corps otages, donne vie à des personnages qui ne sont jamais de simples représentants d’un courant d’idées ou d’un groupe social : ce spectacle qui se place au centre d’un affrontement idéologique et d’une faillite sociale et politique laisse pourtant émerger des individualités : le jeune femme qui se fait exploser, mais surtout son amie, emprisonnée et torturée à la suite de cet événement, la mère de cette dernière, qui doit concilier l’amour qu’elle porte à sa fille et l’incompréhension qu’elle ressent pour ses idées et ses choix de vie. L’ancien tortionnaire, enfin, que la mère écoute parler avant de le confronter à son mari, une de ses anciennes victimes.

Une pièce poignante d’une mise en scène saisissante de dépouillement mais au même temps de présence scénique. Les acteurs évoluent sur scène tels des danseurs de ballets en effectuant des danses des fois à peines perceptibles. Une mise en scène qui ne fait que renforcer la charge émotionnelle dégagée par le jeu des acteurs. Du grand théâtre qui dépeint la réalité tunisienne sans aucune concession.

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jeudi 23 novembre 2006

mardi 21 novembre 2006

Une leçon magistrale de vigilance

Publié initialement pour saluer la date orwellienne de 1984, cet essai était devenu introuvable. Pressé de le rééditer par de nombreux lecteurs, Simon Leys s'est relu à quelque vingt ans de distance : il a constaté que le sujet n'avait rien perdu de son actualité et que ses propres vues restaient essentiellement inchangées. Il s'est donc contenté de modifier un jugement littéraire sur un point de détail, d'ajouter deux informations inédites et de mettre à jour la bibliographie.

Défiant l'indifférence de ses contemporains, le grand témoin du totalitarisme chinois s'emploie à ­remettre George Orwell à sa place : au centre du champ de bataille. Qu'il s'agisse de politique, de littérature, de psychologie, du socialisme, du pacifisme, du totalitarisme ou des notions de droite et de gauche, cet « anarchiste conservateur » a beaucoup à nous ­apprendre. Avec une modestie qui est la marque de son esprit aiguisé, Simon Leys ­s'efface derrière Orwell et propose, en annexe de son livre, un florilège de citations extraites de son oeuvre journalistique, qui doit donner à tout esprit bien né l'envie de s'y ­reporter sans délai.

La raison est simple : Orwell a tant à dire encore, tant à nous apprendre. A tous ceux qui se demandent encore aujourd’hui si gauche et droite ont encore un sens, l’œuvre d’Orwell est le meilleur moyen de s’en convaincre. Et l’écrivain sait de quoi il parle et il en parle avec une honnêteté et une justesse jamais encore égalées. « Ce qui conférait aux croisades d’Orwell leurs singulières forces de persuasion, c’est ce sentiment qu’il avait lui-même connu, vécu et compris de l’intérieur ce qu’il attaquait » note Simon Leys.

C’est en étant policier en Birmanie qu’il découvre l’horreur de l’impérialisme anglais et c’est en s’engageant en 1936 dans le front anti-fasciste espagnole qu’il découvre la nature totalitaire du communisme. C’est pour cela que selon lui « le totalitarisme peut triompher n’importe où ». Il a été dans le passé nazi ou communiste, il peut être aujourd’hui islamiste, sécuritaire ou technocratique. Personne ne peut prédire le visage que prendra demain « la domination totale de l’homme par l’homme » !

Lire ou relire Orwell, comprendre ces mécanismes de pensées n’est pas seulement revivre ou découvrir l’un des plus grand écrivain que l’humanité ait produit, mais c’est également se rappeler en ces temps ou la résignation et la lâcheté intellectuelle sont fièrement assumées, la nécessité vitale, pour nous tous, de rester vigilent.


Orwell ou l'horreur de la politique, Simon Leys, Plon, novembre 2006, 115 pages.

samedi 18 novembre 2006

La liberté pleure Friedman

Prix Nobel d'économie en 1972, Milton Friedman, décédé hier à l'âge de 94 ans, a notamment inspiré les politiques économiques de Ronald Reagan, dont il a été un conseiller, et de Margaret Thatcher. Son ouvrage « Capitalisme et liberté», publié en 1962, a marqué toute une génération.

Défenseur inlassable de l'ouverture des marchés, de la réduction des impôts et des dépenses publiques, Friedman a résumé sa position par cette simple phrase : « Personne ne dépense l'argent de quelqu'un d'autre aussi consciencieusement que le sien.»

Sa lutte pour « réduire la taille et l'étendue du gouvernement» constituait une véritable promotion des libertés individuelles et du rôle essentiel de la société civile. Il prônait un gouvernement dont le rôle se limiterait à fixer les règles du jeu et à veiller à leur application.

Friedman démontre ensuite que dans une société capitaliste libre, il est naturel que des hommes "puissent ouvertement plaider la cause du socialisme et travailler à sa venue". Alors que, à supposer qu'il puisse exister une société socialiste soucieuse de liberté, l'omniprésence de l'Etat induit "des difficultés très réelles à y créer des institutions qui préserveront efficacement la possibilité de ne pas être d'accord".

Milton Friedman affichait également une grande confiance dans la mondialisation pour réduire « les différences entre les pays » et permettre aux plus pauvres d'entre eux de « parvenir à la croissance économique et à la prospérité ».

Enfin, il consacra les dernières années de sa vie à la promotion du libre choix scolaire. Dès 1995, il avait proposé la création de « chèques-éducation » pour permettre aux parents de choisir librement l'école de leurs enfants.




Milton Friedman

Capitalisme et Liberté
"extraits"



On croit généralement que politique et économie sont des domaines distincts et, pour l'essentiel, sans rapport ; que la liberté individuelle est un problème politique et le bien-être matériel un problème économique ; enfin, que n'importe quel régime politique peut se combiner avec n'importe quel régime économique. [...] Ma Thèse est que pareille opinion est illusoire, qu'il y a un rapport intime entre économie et politique, que seules certaines combinaisons sont possibles entre régimes économiques et régimes politiques, et qu'en particulier, une société socialiste ne peut être démocratique -- si être démocratique, c'est garantir la liberté individuelle.

Dans une société libre, le dispositif économique joue un double rôle. D'une part, la liberté économique est elle-même une composante de la liberté au sens large, si bien qu'elle est une fin en soi. D'autre part, la liberté économique est indispensable comme moyen d'obtenir la liberté politique [...]

Si l'on considère le régime économique comme un moyen destiné à atteindre ce but qu'est la liberté politique, son importance est à la mesure des effets qu'il a sur la concentration ou la dispersion du pouvoir. Le type d'organisation économique qui assure directement la liberté économique, à savoir le capitalisme de concurrence, est en même temps favorable à la liberté politique car, en séparant le pouvoir économique du pouvoir politique, il permet à l'un de contrebalancer l'autre.

L'histoire témoigne sans équivoque de la relation qui unit liberté politique et marché libre. Je ne connais, dans le temps et dans l'espace, aucun exemple de société qui, caractérisée par une large mesure de liberté politique, n'ait pas aussi recouru, pour organiser son activité économique, à quelque chose de comparable au marché libre [...]


L'économie libre donne aux gens ce qu'ils veulent, et non pas ce que tel groupe particulier pense qu'ils devraient vouloir ; ce qui se cache derrière la plupart des arguments contre le marché libre, c'est le manque de foi dans la liberté elle-même.

Néanmoins, l'histoire, si elle indique que le capitalisme est une condition nécessaire de la liberté politique, ne nous dit pas qu'il en est la condition suffisante. L'Italie et l'Espagne fasciste, l'Allemagne [...] et le Japon avant la Première et la Seconde Guerre mondiale, la Russie tsariste durant les décennies qui précédèrent la Grande Guerre -- voilà autant de sociétés dont on ne peut pas dire qu'elles aient été ou soient politiquement libres. Dans chacune d'entre elles, pourtant, l'entreprise privée était la forme dominante de l'organisation économique. Il est par conséquent fort possible qu'à un régime économique fondamentalement capitaliste ne corresponde pas un régime politique de liberté [...]

Il n'y a fondamentalement que deux manières de coordonner les activités économiques de millions de personnes. La première est la direction centralisée, qui implique l'usage de la coercition : c'est la technique de l'armée et de l'Etat totalitaire moderne. La seconde est la coopération volontaire des individus : c'est la technique du marché. La possibilité d'une coordination assurée grâce à la coopération volontaire repose sur cette proposition élémentaire -- quoique fréquemment niée -- que, dans une transaction économique, les deux parties sont bénéficiaires, pourvu que cette transaction soit bilatéralement volontaire et informée. Une coordination sans coercition peut par conséquent être le produit de l'échange. Le modèle d'une société organisée grâce à l'échange volontaire est l'économie libre de l'échange et de l'entreprise privée, c'est-à-dire ce que nous avons appelé le capitalisme de concurrence [...]

Dans la société moderne, nous disposons d'entreprises qui sont des intermédiaires entre les individus, considérés d'une part en tant que fournisseurs de services et, d'autre part, en tant qu'acquéreurs de biens. De même l'argent a-t-il été créé comme moyen de faciliter l'échange et de distinguer nettement entre l'acte de vendre et celui d'acheter.

Ce qui est fondamentalement indispensable, c'est de maintenir la loi et l'ordre, si bien que la coercition physique exercée par tel individu sur tel autre soit impossible et que les contrats volontairement passés soient respectés ; c'est donc de donner quelque contenu au mot "privé". A part cela, les problèmes peut-être les plus épineux sont posés par le monopole -- qui paralyse la liberté en déniant aux individus la possibilité de choisir --, et par les "effets de voisinage" -- effets sur les tierces parties, à propos desquels il n'est pas possible de pénaliser ou de récompenser ces dernières. Aussi longtemps que l'on maintient une liberté d'échange effective, le trait central du mécanisme du marché est qu'il empêche une personne de s'immiscer dans les affaires d'une autre en ce qui concerne la plupart des activités de cette dernière. Du fait de la présence d'autres vendeurs avec lesquels il peut traiter, le consommateur est protégé contre la coercition que pouvait exercer sur lui un vendeur ; le vendeur est protégé contre la coercition du consommateur par l'existence d'autres consommateurs auxquels il peut vendre ; l'employé est protégé contre la coercition du patron parce qu'il y a d'autres employeurs pour lesquels il peut travailler, etc. Le marché y parvient de façon impersonnelle et sans qu'il soit besoin d'une autorité centralisée.

A vrai dire, c'est précisément et surtout parce qu'elle remplit si bien cette tâche que l'économie libre se heurte à des objections ; car elle donne aux gens ce qu'ils veulent, et non pas ce que tel groupe particulier pense qu'ils devraient vouloir ; ce qui se cache derrière la plupart des arguments contre le marché libre, c'est le manque de foi dans la liberté elle-même.

L'existence d'un marché libre n'élimine évidemment pas le besoin d'un gouvernement. Au contraire, ce dernier est essentiel, et comme forum où sont fixées les "règles du jeu", et comme arbitre qui interprète et fait appliquer ces règles. Le marché, cependant, réduit grandement le champ des questions auxquelles doivent être données des réponses politiques, et par là minimise la mesure dans laquelle il est nécessaire que les pouvoirs publics participent directement au jeu. C'est le trait caractéristique de l'action politique que sa tendance à exiger ou à imposer une certaine conformité ; et c'est, en revanche, le grand avantage du marché que de permettre une large diversité. Pour parler le langage de la politique, le marché est un système de représentation proportionnelle. Chacun peut, si j'ose dire, voter pour la couleur de la cravate qui lui plaît ; il n'a ni à savoir quelle couleur veut la majorité, ni à se soumettre s'il est parmi les minoritaires.

C'est à cette caractéristique du marché que nous faisons référence quand nous disons que le marché assure la liberté économique. Mais cela comporte des implications qui vont bien au-delà. [...] En ôtant à l'autorité politique le droit de regard sur l'organisation de l'activité économique, le marché supprime cette source de pouvoir coercitif ; il permet que la puissance économique serve de frein plutôt que de renfort au pouvoir politique. [...]

Extraits de Capitalisme et Liberté, pages 21 à 31.


Principaux ouvrages de Friedman :

- Study in the Quanty Theory of Money (Théorie quantitative de la monnaie), 1956.

- Capitalism and Freedom, 1963 (trad. française Capitalisme et Liberté, Laffont, 1971).




jeudi 16 novembre 2006

Le déni de la réalité

Cette après midi je me suis aventurer à regarder notre chère et vielle télévision nationale, la fameuse « qaanet 7 ». Non que je suis friand des programmes annihilants des cette chaine, mais il se trouve qu’actuellement se déroule à Tunis la 21ème édition des Journées cinématographiques de Carthage. Une occasion de choix pour découvrir le cinéma arabe et africain et un vrai bol d’air dans la vie morose de la culture tunisienne.

Coup de chance je tombe sur une émission qui fessait le point sur le festival et qui présentait les films en lisse pour le Tanit d’or. Dans une programmation inégale, un film en particulier mérite à mon avis un intérêt particulier : le film du jeune réalisateur irakien Mohamed Al-Daradji, « rêves ». 45 fois sélectionné et plusieurs fois primé, le film raconte une histoire poignante d’une femme seule au milieu du chaos avec en toile de fond l’Irak ravagé par la guerre. La télévision tunisienne avait alors décidé de me gâter en diffusant en plus d’une mini-interview de l’acteur qui jouent le rôle du jeune médecin irakien qui expliquait les conditions de tournages très difficiles, j’ai eu droit à un entretien plus complet avec le réalisateur qui a expliqué plus en détail les circonstances très particulières dans lesquelles il a du tourner. L’équipe de tournage à du faire face à des menaces de morts, au vol à deux reprise du matériel de tournage et au réticences pour ne pas dire plus des militaires américains et des autorités irakiennes. L’acteur principal à même été incarcéré pendant 5 jours dans une prison américaine. A la fin du tournage, expliquait le jeune réalisateur, il ne prenait plus qu’une seule prise tellement la sécurité des acteurs et celle de l’équipe, étés continuellement compromises. Un vrai acte de courage de ce réalisateur qui en 2003 est retourné dans son pays natal pour découvrir les ravages de la guerre et surtout l’impacte psychologique sur une population livrée à elle-même. Un témoignage poignant mais plein de courage et de dignité.

La jeune et surfaite présentatrice de l’émission est allée en suite à la sortie des salles pour accueillir les réactions des chanceux qui ont eux accès à la première du film. Alors chacun y est allé à son pronostic mais pratiquement tous ont salué le courage et la force du film irakien. Je dis pratiquement parce qu’en bouquet finale, une sorte de « journaliste spécialisée » prends fièrement le contre pieds de tous ces camardes et annonce fièrement qu’elle n’a pas été « touchée » par le film et qu’elle ne partage pas l’enthousiasme de ces collègues. Jusqu’à là rien de choquant, puisqu’elle est libre de penser ce qu’elle veut de ce film. Mais à écouter ces arguments on ne peut pas ne pas sauter au plafond tellement sa mauvaise foi et son mépris étés grands.

Cette journaliste trouvait le film « fabriquer de toute pièce » et qu’il « ne reflétait en aucun cas la réalité irakienne ». Selon elle, qui a répété plus de cinq fois qu’elle connaissait très bien la réalité en Irak, sans jamais nous dire comment d’ailleurs, le réalisateur à voulu présenter « une lecture pessimiste de ce qui se passe en Irak ». En suite, en prenant un air hautin, elle a rajouté qu’on pouvait très bien « évoquer des sujet sensible sans forcement aborder le mauvais coté des choses » ! Le comble de l’auto-persuasion et du déni de la réalité. Comment pouvant nous aujourd’hui, avec une moyenne de 100 morts par jour, trouver quelques choses de positif dans ce qui se passe en Irak. Comment pouvait-elle, sans aucun scrupule, dire qu’elle connaissait la réalité de l’Irak mieux qu’un irakien. Comment peut-elle exiger de ce film autre chose que la détresse, le désarroi et la peur de tout un peuple. Comment voulais-elle qu’il dégage autre chose que de l’angoisse alors que la mort avait accompagnée tout le tournage..

Mais cette réaction en plus d’être insultante envers le peuple irakien, illustre parfaitement la myopie volontaire de la plus part des journalistes tunisiens. Ils sont tellement formatés par le système qu’ils deviennent carrément insensibles à la réalité. Ils s’exercent tellement à modifier la réalité du pays qu’ils arrivent à être persuadé de cette réalité virtuelle qu’ils vendent à longueur de journée. Aucune fausse note n’est accepter, il faut constamment raboter la réalité, lui enlever sa substance pour en garder qu’une bouilli édulcorée prête à être avalée. Mais la à denier la réalité des autres cela dépasse pour moi tout entendement !

Cette journaliste mérite bien une augmentation !

mardi 14 novembre 2006

Droit de réponse !

Nous avons étés choqué récemment par une compagne de discréditation fomentée par des irresponsables qui manquent de patriotisme envers leurs pays.

Parce que aujourd’hui, qui peut douter du fait que le résultat remarquable accompli dans le pays par son Excellence, confirme la pertinence des choix d’un sage qui privilégie la réussite éclatante d’une entreprise estimée et reconnue par tous les observateurs, tant sur le plan national qu’international.

Assurément, l’immensité des acquis et des réalisations accomplis par le pays dans tous les domaines impulse un fort dynamisme galvanisant la volonté à relever les challenges, à gagner les enjeux économiques et sociaux et à remporter davantage de succès. Cette sagesse propre au génie tunisien, le même génie qui a engendré Hannibal, Ibn Khaldoun, Bourguiba et Ben Ali.

Tunis le 07/11/2006


* La plus grande partie de ce droit de réponse a été générée par un logiciel



J’ai reçu ce « droit de réponse » par un mail anonyme. Mais en regardant les deux animations qui accompagnaient le mail on peut avoir une petite idée sur les auteurs de cette missive. Apres le visionnage de ces animations vous saurez ce qu’il vous reste à faire Maintenant qu’on sait que monsieur le président veut, à 3 ans des prochaines échéances électorales, se représenter pour un cinquième mandat !






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jeudi 9 novembre 2006

ABSOLUT


Ses deux affiches sont extraites du dernier numéro du Libre Tunisien. Je les publie sur mon blog espérant que ceux qui n’ont pas réussi à les voir sur le site internet du mensuel puissent les voir et donné leurs avis dessus en toute connaissance de cause.

Mais dors et déjà ces affiches ont fait l’objet ainsi que la compagne « trop de temps sous le même régime » de vives critiques et de chaleureux encouragements de la part de ceux qui nous fond l’honneur de lire le mensuel. Certains trouvent qu’elles manquent d’esthétisme et d’autres qu’elles sont contre productives et nuisent à la crédibilité du contenu et des rédacteurs du mensuel. Alors que d’autres y trouvent de l’humour et même de la pertinence.

Dans tous les cas j’attends vos réactions.

mercredi 8 novembre 2006

Et une de plus !

Le Libre Tunisien numéro 5 - Novembre 2006




EDITORIAL

Et une de plus !

Encore une commémoration dont on se serait passé volontiers. Encore une dont la Tunisie s’en passerait bien ! Une année supplémentaire sous la « biensurveillance » du régime Benalien que grand nombre de tunisiens auraient préféré passer sous d’autres cieux. Une célébration dont notre pays se passerait bien, mais qui semble pourtant de plus en plus déterminante pour son avenir. Au point de se demander si l’histoire du pays n’avancerait plus qu’au rythme de cette date fatidique. Et comment serait-il autrement alors que chaque année écoulée nous entraîne plus loin dans l’inconnu et nous renvoie à la figure les échecs du passé, la stagnation actuelle et les peurs de l’avenir. Chaque célébration de ce funeste anniversaire renvoie dos à dos régime en place et opposition et les met face à leurs devoirs manqués.

D’un côté, un régime vieillissant, au pouvoir depuis maintenant 19 ans, déchiré par des luttes intestines qui, paradoxalement, loin de minimiser sa nuisance en amplifie les effets. Un pouvoir politique qui c’est transformé au fil des ans en un syndicat du crime organisé avec ses clans, ses familles et ses règlements de comptes. Des officines secrètes au sein du palais présidentiel aux intentions obscures et aux intérêts contraires à ceux du pays, milices privées au sein des forces de l’ordre à la solde de chacun des clans rivaux et une main mise sur tout ce qui peut ou pourrait rapporter de l’argent. Une telle déliquescence aux plus haut sommet de l’état qu’il en devienne presque impossible d’identifier clairement le rôle et le réel pouvoir de chacun des protagonistes et à leur tête le président lui-même.

Le président qui, pour sortir de se bourbier, prépare un deal à la russe en préparant son poulain, l’actuel ministre de la défense, en lui offrant un tremplin constitutionnel sur-mesure. La partie se complique quand on sait que ce diplomate de carrière a été et pour plus de 20 ans loin de la politique intérieure et qu’il lui reste beaucoup à apprendre sur les nouveaux rapports de forces aux plus hauts sommets de l’état. Quant à la gestion des affaires courantes, celles qui n’apportent aucun bénéfice pécuniaire au tenants du pouvoir, elle est devenue l’affaire d’une horde de conseillers et technocrates aussi dépourvus de réels pouvoirs que de convictions politiques. Le plus souvent, produit du parti unique, véritable vivier de bons exécutants d’une politique absurde aux conséquences désastreuses.

Face à ce régime, une opposition politique complè-tement absorbée par sa lutte pour l’existence, elle peine à renouveler ses idées et à proposer un véritable projet alternatif, capable de répondre aux véritables besoins des tunisiens et surtout capable de susciter chez eux le désir de l’entreprendre. Un manque d’inspiration qui dure depuis des décennies et qui semble s’aggraver avec le temps. Bien qu’en apparence l’opposition tunisienne semble plus visible pour les observateurs étrangers, elle reste en Tunisie inaccessible à une large majorité des tunisiens. Ce manque de visibilité et donc de popularité, n’est pas seulement imputable aux manquements des barons de l’opposition, le régime avec sa répression aussi redoutable qu’efficace, y est pour beaucoup, mais cela ne change rien aux faits. Le manque d’adhésion aux appels de l’« opposition démocratique » la prive d’un facteur déterminant dans son rapport de force avec le pouvoir en place. Le retour en Tunisie de Moncef Marzouki, bien qu’il soit à saluer, ne pourra malheureusement pas changer grand chose à la donne. Apres seulement quelques jours, il s’est résigné à ne plus quitter son domicile, ne supportant plus les attaques, indignes mais prévisibles, des sbires du régime.

Que dire alors des tunisiens ordinaires qui eux ne disposent d’aucune couverture médiatique ou de réseaux de soutiens. Ceux-là malgré leur passivité apparente luttent dans le quotidien pour survivre dans un contexte politique et économique de plus en plus incertain. Pour les maintenir loin de la politique, le régime n’exerce pratiquement plus de pression sur eux laissant au « miracle économique tunisien » le soin de le faire. D’ailleurs le nouveau massacre constitutionnel qui se prépare n’échappera malheureusement pas à l’indifférence de la majorité d’entre eux comme c’est le cas pour la polémique contre le port du voile. Alors le défit pour toute tentative visant à capter l’attention des tunisiens et obtenir leurs soutiens, semble résider dans la capacité de leur présenter un projet alternatif capable de les rassurer sur leurs avenirs. Parce que si les tunisiens sont conscients d’une chose c’est de l’incertitude de ce que leur demain sera fait. Peur de l’avenir qui les pousse à s’accrocher à ce qui existe par crainte de ce qui n’existe pas.

Pour lire la suite : Le Libre Tunisien

lundi 6 novembre 2006

Trop de temps sous le même régime ? (1)






Ici le contenu alternatif (image, texte)

vendredi 3 novembre 2006

We will never forget




«Abou Gharib» d’Irak et «Abou Gharaib * »
de la Tunisie



Nombreux sont ceux qui ont été choqués d’entendre ce qui s’est passé à nos frères irakiens à la prison d’Abou Gharib par les forces d’occupation (torture, atteinte à la dignité, agressions sexuelles) et ont exprimé leur profonde émotion pour ce qu’ils ont vu.

Cependant, celui qui suit l’actualité sera étonné et s’interrogera sur cette réaction courroucée surtout si l’on sache que ce qui a été rapporté sur les violations à la prison d’Abou Gharib ne dépasse pas dans son horreur ce qui se passe dans les prisons tunisiennes et les locaux des diverses unités de sécurité et postes de sûreté et au siège du ministère de l’intérieur sans que tout cela ne suscite un intérêt semblable.

Cela a-t-il un rapport avec « la lampe de Bab Menara qui « ne s’allume que pour les étrangers» 1 ou s’agit-il alors de troubles de la vue qui engendrent une presbytie accompagnée d’une myopie qui fait que nous ne pouvons voir nos frères qu’à une distance minimale de 2400 km ?

Une réponse objective ne peut négliger l’effet de l’information. En fait, le scandale d’Abou Gharib a été relayé par tous les médias étrangers et locaux au point que la chaîne Tunis 7 a diffusé les photos de la torture et que les journaux de la désinformation ont fait de même.

C’est ainsi qu’un large public a pris connaissance de ces informations contrairement aux échos des violations en Tunisie qui n’ont été diffusés que sur Internet, non accessible à tous, ou grâce à la chaîne «Almustakilla» qui a connue une forte audience durant une certaine période avant que son propriétaire ne découvre les mérites et privilèges de la «modération».

Cela explique encore pourquoi le large public en Tunisie ne soit pas au courant des horreurs commises dans le pays par des compatriotes.

Un autre facteur, cette fois d’ordre culturel, explique le phénomène, à savoir la haine de l’étranger et le refus de l’occupant tout en acceptant la dictature locale pratiquée par un tyran de confession musulmane. Cela trouve appui dans l’idée alimentée par quelques juristes musulmans et qui stipule que vivre 70 ans sous la dictature est mieux que la «Fitna » (discordance).

Aussi est-il que le tunisien qui critique les américains n’a rien à craindre contrairement à la critique adressée à un compatriote pour laquelle il pourra payer une lourde tribu, ce dont beaucoup ne désirent pas le faire.

Cette problématique du sacrifice est d’une importance majeure pour notre sujet. Si on prend, à titre d’exemple, les avocats qui plaident dans les affaires politiques, on constatera que leur nombre est faible en Tunisie. Pour les autres pays arabes, j’ignore leur proportion, à part le fait que près de 2000 avocats se sont portés à la défense du doyen des dictateurs arabes, Saddam Hussein, avant qu’ils ne renoncent à voyager en Irak lorsqu’ils ont réalisé que leur vie sera en danger. A mon avis, cette attitude contredit leur foi dans l’affaire qu’ils défendent, que cette défense ait pour but seulement de garantir un procès équitable à un homme ou la défense d’un leader exceptionnel dont les femmes n’accoucheraient plus jamais d’un semblable.

Tout modestement, et j’espère avoir tort, il y’a parmi nous des gens qui ne veulent pas perdre la qualité de militant devant le public sans qu’ils soient pour autant prêts à assumer les lourdes conséquences que peut engendrer leur lutte. La défense de la cause palestinienne ou irakienne leur offre une échappatoire qui leur permet de mener une lutte confortable et cela sans qu’ils soient capables de fournir un soutien effectif à nos frères en Palestine ou en Irak. Tout ce qu’ils font c’est de consolider le pouvoir du dictateur local en détournant les gens de le confronter et en dirigeant leur regard vers d’autres.

Les irakiens sont capables, à eux seuls, de mettre fin à l’occupation. Parmi eux, il y’a ceux qui mènent avec brio et efficacité une opposition politique. D’autres ont choisi la résistance armée pour renvoyer l’occupant et ont témoigné d’un courage et de hautes capacités guerrières pouvant se passer de tous nos efforts pour les soutenir.

Quant aux tunisiens, louange à Dieu qu’ils ont eu le mérite que quelques jeunes des leurs aient participés à la lutte de leurs frères en Palestine et en Irak. La honte en Tunisie ne nous vient pas des sionistes ou des américains mais des mesures et des jugements trop sévères prononcés, au nom du peuple tunisien, contre ceux qui rêvaient de participer à la lutte palestinienne comme les jeunes internautes de Zarzis et les jeunes de l’Ariana sans qu’il soit prouvé qu’ils aient commis des actes criminels en Tunisie.


La honte nous touche également du fait que les violations commises par les américains à la prison d’Abou Gharib (torture, chocs électriques, agressions sexuelles et déshabillement des détenus) n’a pas égalé l’horreur de ce que des tunisiens ont fait avec leurs compatriotes, notamment par l’arrachement des ongles, l’introduction de bâtons dans l’anus, la brûlure aux cigarettes, l’introduction des fils dans les parties génitales, la sodomisation des jeunes filles et garçons et le fait de forcer les victimes à manger de leurs excréments.

A cela, il faut ajouter l’élargissement du cercle de la répression aux familles et d’autres techniques qui font honte à tous ceux qui se sont tus face à ces pratiques, à commencer par les chefs des tortionnaires en passant par le peuple tunisien et en arrivant au président de l’Etat chargé, par la Constitution, de veiller au respect de la Constitution et de la loi. Ce dernier, soit ignore ce que commet les fonctionnaires de l’Etat, et dans ce cas n’est pas apte à cette fonction, soit sait ce qui se passe ou l’ordonne et dans ce cas il ne mérite pas de gouverner les tunisiens, ni les Hutus et les Tutsis.

Et à ceux qui justifiaient la répression au début des années 90 par l’impératif de confronter à un mouvement puissant qui menaçait l’ordre public, la stabilité et la marche ordinaire des institutions ; en admettant leur hypothèse l’on est en droit de s’interroger comment peuvent-ils expliquer la poursuite des atteintes dont étaient victimes les islamistes, les islamistes présumés, les gens de la gauche et même les prévenus du droit commun ? Comment peut-on expliquer les agressions contre le prisonnier Nabil El Ouaer dans sa cellule à la prison de Borj Erroumi et sa sodomisation par quatre autres prisonniers

sur ordre de l’administration pénitentiaire ? Comment expliquer les obstacles érigés devant la justice l’empêche de jouer son rôle et instruire les plaintes des victimes contre les agents de l’Etat et les détenteurs du pouvoir.

Qu’on le dise franchement que l’occupation de l’Irak a eu des retombées négatives sur les tunisiens qui paraissent être démoralisés ce qui se manifeste dans leur désintérêt à l’actualité surtout nationale alors qu’on s’attendait que les efforts se conjuguent pour chercher une issue à la crise du pays.

Quant à nos rêves panarabes, il est clair que les dirigeants n’en ont rien fait avec leurs slogans et leurs armées et il ne reste de solution que la lutte de tous les arabes dans leurs pays pour se débarrasser de la dictature et l’instauration de régimes démocratiques qui expriment la volonté populaire et c’est à ce moment que l’union arabe sera concrétisée et qu’on trouvera la solution pour la cause palestinienne et toutes les autres causes.

J’adresse un message à nos jeunes qui veulent combattre au sein de la résistance irakienne et qui ont été arrêtés et déférés devant la justice pour avoir simplement pensé aller en Irak sur la base de la loi sur le terrorisme, je les supplie personnellement de choisir la Tunisie comme terre pour mener le combat. Et si celui-ci est armé en Irak, ils n’auront besoin en Tunisie que du courage de dire non face au dictateur qui comme ses pairs dans d’autres pays arabes, est la cause de notre sous-développement.

Cela exige aussi de se débarrasser soi-même des comportements inadéquats qui portent préjudice à notre patrie comme les pots-de-vin, les combines, l’égoïsme et l’hypocrisie. Il exige aussi d’avoir un minimum de culture et de connaissances car le courage à lui seul ne suffit pas. On a l’exemple des afghans qui, après avoir libéré leur pays, se sont tournés les uns contre les autres en raison de l’absence d’un projet politique clair et l’incompréhension des exigences de la vie contemporaine et de la culture démocratique.

Je rappelle aussi à ces jeunes que leur départ pour soutenir la résistance irakienne n’est utile ni aux irakiens ni aux tunisiens. Le seul qui en profitera sera le régime au pouvoir qui se présentera comme un allié engagé dans le projet américain de lutte contre le terrorisme alors que c’est lui qui pratique le terrorisme, l’institutionnalise et l’alimente par la répression, l’oppression, le trucage des accusations contre les innocents et le blocage de toute voie d’alternance pacifique dans le pays.

J’appelle également ceux qui boycottent les produits américains de commencer par le boycott des produits et entreprises détenues par les familles soutenues par le pouvoir politique et qui ont ramassé des fortunes énormes dans peu de temps. L’établissement d’une liste des ces produits et entreprises est un devoir national dans lequel doit s’engager tous les citoyens en l’absence d’une autre solution pour maîtriser leur avidité.

Lorsqu’on arrive à arranger notre ménage intérieur et qu’on puisse créer un vrai changement dans notre pays, on pourra à ce moment viser plus haut.



* « Abou Gharaib » C’est un jeu de mot qui veut dire, mystères de la Tunisie

1 - Proverbe tunisien

Maître Mohamed Abbou, Tunis le 25 Aout 2004



Source : Verité-Action