mercredi 28 juin 2006

Fille Facile, fille fragile



Rose sans épines, aux couleurs bucoliques,
Fleure carnivore aux senteurs exotiques
Légère et insouciante, d’une candeur éthylique
Elle croit aux bonnes étoiles et aux signes astrologiques

Son corps est le seul chemin vers son cœur ;
Pourtant son buste luisant cache la tristesse et la peur.
Elle ne se refuse guère en attendant son heure
Elle se donne sans peine à celui qui promet le bonheur.

Dans l’amour, c’est qu’on la désire qu’elle aime
Peut importe avec qui, si le résultat est le même.
Nul besoin de marchander en un soir sa forteresse est tienne.
Elle ne fait pas de manières et comprend sans peine.

Pour cacher ses blessures elle sait être habile ;
Mais échappera-elle à n’être qu’une fille facile
Dans son monde intérieur les forces sont hostiles
Ecorchée vive, elle n’est en fin de compte, qu’une fille fragile.

jeudi 22 juin 2006

Privilège peu flatteur

Edition 1, numéro 3


Dans la langue liste des domaines où la Tunisie tient les premières places mondiales, on peut aisément rajouter le privilège d’avoir « l’opposition la plus bête du monde ». Bien évidemment loin de moi l’idée de mettre en cause leurs capacités intellectuelles ou leurs équilibres psychologiques en doute, quoi que des fois on a légitimement le droit de le faire, mais il est question dans cette affirmation d’une bêtise politique et idéologique qui dépassent des fois les limites de la tolérance humaine.

Bien des choses ont changé en Tunisie depuis 50 ans : le régime, les mœurs, les sciences économiques, internet, la mondialisation et surtout les besoins des tunisiens. Notre opposition ? Elle n’a pas tellement changé dans les faits ! S’il existait en Tunisie un musée de la préhistoire, l’opposition tunisienne y tiendrait une place de faveur. On pourrait alors y observer des faucilles de Marxistes, Trotskistes, Léninistes, Maoïstes, des national-socialistes et que sais-je encore comme vestiges d’un passé pas très glorieux.

De ces vestiges, l’opposition « révolutionnaire », a gardé quelques reliques linguistiques de « la grande époque glorieuse ». Cette opposition ne défont pas des idées, elle ne se mobilise guère pour des opinions. Trop banal ! Elle mène des « combats » ! Comme s’ils venaient de battre avec le Che les sentiers de la compagne sud-américaine. On regardant de plus prêt ils sont aussi inoffensifs qu’un manche à balai contre un porte-avion ! A la première bousculade ils crient aux « tabassages en règle » et aux « agissements barbares ».

La palme revient à l’une de ces reliques qui crie à l’harcèlement et appelle à l’aide internationale dès qu’un passant s’attarde trop devant chez lui. Un autre, baathiste récemment reconverti dans le libéralisme alimentaire, un peu plus téméraire, appelle aux manifestations publiques sur les chaines de télévisions. Manifestations dans les- quelles il est le premier absent ! Quel culot diront les uns. Moi je dis que c’est une bonne manière de se répartir le boulot ! A lui les appels pompeux à la télé, aux tunisiens la matraque et les coups de pompes. Logique surtout pour un ancien collectiviste convaincu. Le rêve révolutionnaire de ces apparatchiks de salon refuse de mourir. Au sein de ces pseudo-formations politiques existe surement les derniers avatars vivants de la folie communiste.

L’existence de cette gauche révolutionnaire est encore présente dans les esprits des ces doux rêveurs. Le pire c’est qu’ils ont pour exemple une autre anomalie historique : la gauche française. Alors que tous les autres partis de la gauche européenne ont définitivement fait la paix avec l’économie de marché et montrent partout en Europe un pragmatisme insolent, la gauche tunisienne, à l’instar de sa grande sœur française, pense faire face aux défis actuels en renforçant le rôle de l’état. On sentirait pratiquement une pointe de nostalgie pour la folie collectiviste de Ben Salah !

Un certain « astre », pas très visible, appelait à l’indulgence et au soutien pour ces anomalies. Et de quelle manière ? En admettant tous ce qu’on vient de porter à leurs griefs. Par un raisonnement par l’absurde, il explique que bien qu’archaïques, bien qu’ils n’aient rien de démocratique dans leurs fonctionnements et encore bien qu’ils ne représentent absolument rien dans l’opinion populaire, c’est pourtant dans leurs seins que les jeunes militants pleins de bonnes volontés pourront aider leurs pays à trouver la voie du changement ! Alors maintenant, avant de changer le pays, il faut au paravent changer l’opposition ! Voila un chantier qui s’annonce encore plus difficile.

En suivant ce résonnement, et si ni l’archaïsme ni l’esprit totalitaire ne doivent dissuader les bonnes volontés d’intégrer un parti politique, il serait alors plus judicieux d’intégrer directement les rangs du RCD, le parti au pouvoir. Si pour changer le pays il faudrait au paravent changer ses partis politiques, l’acharnement thérapeutique serait plus judicieux sur un corps malade, mais encore en vie, que sur un cadavre.


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SOMMAIRE

EDITORIAL .................................................page 2

ACTUALITES

- L’alcool en Tunisie : phénomène de société ou problème de santé publique
Selma Alouani & Chiheb Lakhoua..........................page 3
- « Abus », « dépendance », c’est quoi la différence ?
Leila Fourati.......................................page 7
- L’islam et la consommation d’alcool
Walid Snoussi...........................................page 9

AFFAIRES INTERNATIONALES

- Bouteflika nomme un conservateur à la tête de son gouvernement
Malek Khadhraoui...........................................page 10
- Les femmes et les enfants oubliés de « la charte » de Bouteflika
Leila Fourati..............................................page 11
- Algérie : Des associations contre « la loi du silence »
Selma Alouani......................................page 12

REFLEXIONS ET OPINIONS

- Libéralisme : Le double avantage
Malek Khadhraoui..................................page 14
- Pour un retour aux sources libérales de l’Islam
Walid Snoussi.....................................page 17

HISTOIRE ET CIVILISATIONS

- Hannibal à Las Vegas
Hédi Dridi.......................................page 18

CULTURE

- Entretien avec le jeune réalisateur Najib Belkadhi
Hind Charbeji....................................page 20
- Fadhel Jaïbi fait honneur au théâtre tunisien..........page 21
- Paris s’offre un nouveau musée
Chiheb Lakhoua.......................................page 22

SPORTS HORIZONS

- L’argent et la morale sportive
Emine Laribi.......................................page 23

PINCE-SANS-RIRE

- une solution ! Oui mais à quel problème ?
Zahwa.........................................page 24

Pour lire la suite : Le Libre Tunisien

Bonne lecture.

vendredi 2 juin 2006

Volver

Dans la section «Emois » de l’exposition parisienne que la Cinémathèque française a consacré à Pedro Almodovar on pouvait lire cette citation du cinéaste : « rentrer à la Mancha, cela veut toujours dire pour moi retourner en enfance et retrouver ma mère ». Cette citation, qui semble pourtant anodine, résume à elle seule toute la charge émotionnelle contenue dans Volver et son histoire soumise au vent de la Mancha. « Une histoire complexe et simple, émouvante et atroce, qui affecte les femmes de la famille de Raimunda, ses voisines, et quelques hommes ». Des hommes qui sont rapidement et radicalement éliminés du film, laissant les spectateurs dans un univers de femmes. Des femmes belles, courageuses, mais aussi assassines pour certaines d’entre elles.

Pendant ce voyage de deux heures, on retient nos larmes, on frissonne d’émotion et on est bouleversé par la profondeur du cinéaste alors qu’il aborde un sujet aussi douloureux que la mort de la mère. « Volver » qui signifie « revenir » en espagnole, c’est aussi le besoin irrésistible de revenir sur ses origines et ses douleurs, sur les femmes qui par leurs omniprésences pendant notre enfance marquent à jamais nos rêves, nos souvenirs, nos peines et nos joies. Mais comme toujours, Almodovar, mêle les genres et livre tout sauf un mélo. Le burlesque est omniprésent dans le film, incarné par la géniale Carmen Maura, actrice fétiche du réalisateur qu’il retrouve ici après 17 ans de séparation.

Bien que parlant beaucoup de la mort, Volver est à l’image de la scène qui ouvre le film, chaleureuse et ensoleillée. Trois générations de femmes s’activent dans le cimetière d’un village de la Mancha, dépoussiérant les tombes et où le souvenir des morts et des vivants se côtoient sans se gêner. Une scène joviale mais au même temps inquiétante. Le vent qui « rend fou » agite les branches des arbres, soulève les jupes des femmes et fait planer sur le cimetière paisible une menace imperceptible qui introduit dans l’esprit du spectateur une douce angoisse incompréhensible. On comprend dors et déjà que le voyage ne va pas être paisible et que derrière cette énergie qui se dégage de ces femmes survoltées se cachent les secrets les plus inavouables.

Au milieu de ce panorama féminin, Raimunda – la radieuse Pénélope Cruz - se détache immédiatement. L’actrice, révélée par Almodovar, retrouve dans ce film une silhouette méditerranéenne. Plantureuse, le regard ourlé de noir, la beauté éclatante, l’actrice est époustouflante aussi bien par son jeu que par sa présence qui à travers les gros plans du réalisateurs envahie tout l’espace. Plus le film avance, et plus l’hommage d’Almodovar aux stars italiennes des années 50 est évident : Anna Magnani apparaît dans le film au travers d’un extrait du Bellissima de Visconti tandis que la scène –mythique – qui voit Raimunda faire la vaisselle l’impose comme la digne héritière de Sophia Loren en femme du peuple, autrefois fantasmée par Ettore Scola. La brève mais intense séquence de chant fort habilement photographiée, fait éclater la personnalité phénoménale de l’actrice qui irradie de son puissant regard et par son allure.

Si Almodovar renoue avec un certain réalisme, il n’oublie pas pour autant ses couleurs fétiches. Le rouge et l’or crèvent l’écran et nous couvrent par leurs chaleurs mystiques. Les incroyables idées graphiques démontrent, s’il fallait encore le faire, le génie cinématographique du réalisateur espagnol. Un Sopalin qui s’imbibe de sang tel une toile maculée par un pinceau invisible, une plongée dans le décolleté débordant de Pénélope, un champ d’éoliennes qui se dressent au milieu de nul parts comme pour personnifier la présence du vent, les fleurs qui s’épanouissent dans le générique de fin, tout dans ce film est poésie !

Qu’un cinéaste puisse réussir une telle alchimie entre profondeur et légèreté, entre la vie et la mort, qu’il puisse toucher au cœur même du mystère féminin et maternel, ne cessera jamais de me surprendre. Vous pouvez ne pas croire aux fantômes et aux apparitions ; mais vous ne pouvez nier les miracles du talent et de la sensibilité de Pedro Almodovar.