samedi 30 décembre 2006

Le Dictateur Saddam Hussein a été pendu ce matin

Sous l'oeil des caméras de la télévision iraquienne, l'ancien président irakien, condamné à mort pour l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, a été pendu Entre 4 heures et 4h30, samedi, à Bagdad.

D’après plusieurs témoignages l'ancien président irakien, avait les mains liées et les jambes entravées, mais son visage était découvert. Il a dit une brève prière tandis que des policiers le faisaient monter à la potence et lui passaient une corde autour du cou. Le conseiller national irakien à la sécurité, Mouaffak al Roubaï, a déclaré que le condamné à mort était apparu comme un «homme brisé». Un haut responsable irakien a rapporté lui qu' «il semblait très calme. Il n'a pas tremblé».

Les images des préparatifs de l'exécution ont été diffusées vers 10h30 (heure de Paris) par la télévision nationale irakienne. «Tout a été filmé, depuis la remise de Saddam aux Irakiens jusqu'à la potence», avait expliqué quelques heures plus tôt un responsable irakien. Contrairement aux informations diffusées par la télévision d'Etat, les deux co-accusés de Saddam Hussein, son demi-frère Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire, Awad al-Bandar, ne lui ont pas succédé sur le gibet : leur exécution a été «ajournée au dernier moment», selon le Conseiller à la sécurité nationale.

Contre toute attente, la pendaison de Saddam Hussein n'a pas embrasé les villes et les quartiers chiites du pays. Drapeaux irakiens, tirs de Kalachnikov, et autres cris de joie : près d'un millier de manifestants chiites ont laissé éclater leur joie dans le centre de la ville à Kout, ville située à 175 km au sud de Bagdad. «C'est le jour de la revanche de tous les martyrs, de toutes les victimes des fosses communes», dit Dhia Abdul-Amir.

Dans le quartier populaire chiite de Sadr City à Bagdad, bastion des milices et de Moqtada Sadr, des habitants ont défilé en brandissant une effigie de Saddam suspendue à un bâton, pour simuler la pendaison de l'ancien homme fort du pays. «Saddam aurait du être exécuté il y a trois ans (lors de sa capture, ndlr). Aujourd'hui, en dépit du froid et du manque d'électricité, nous nous réunissons pour nous réjouir tous ensemble», affirme Talib Abdul-Hussein.

Dans les villes sunnites, la communauté dont est issu Saddam Hussein et qu'il a toujours favorisée, les réactions ont été très discrètes. A Tikrit, son ancien bastion au nord de Bagdad, la vie a poursuivi son cours sans manifestations particulières. Les autorités irakiennes ont cependant imposé un couvre-feu à Samarra, à 110 km au nord de la capitale. Cela n'a pas empêché des centaines de manifestants de descendre dans la rue. Un autre couvre-feu a été imposé dans la ville de Baaqouba, capitale de la province de Diyala, au nord de Bagdad, où vivent sunnites et chiites et où les violences confessionnelles sont meurtrières. Les musulmans irakiens célèbrent pour quatre jours et à partir de samedi pour les sunnites, de dimanche pour les chiites l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice.

La communauté internationale n'a pas tardé à réagir à l'annonce de l'exécution de Saddam Hussein. Alors que Washington voit dans la mort de l'ex-dictateur «une étape importante» sur la route vers la démocratie, plusieurs pays ont rappelé leur opposition de principe à la peine de mort. Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est félicité de l'exécution de Saddam «tout en lançant un appel à la réconciliation, à l'intention des partisans de l'ancien régime dont les mains ne sont pas tâchées de sang».

Pour Israël, «justice a été faite», a déclaré un haut responsable. En Iran, le vice-ministre des Affaires étrangères a salué la pendaison de l’ancien raïs comme une «victoire des Irakiens». L’ex-dictateur «a payé», a martelé pour sa part la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, tout en rappelant que «le gouvernement britannique ne soutient pas le recours à la peine de mort». La France s’est faite plus discrète. Disant «plaider, comme l'ensemble de ses partenaires européens pour l'abolition universelle de la peine de mort», le Quai d’Orsay a «pris acte de cette exécution».

Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, Moscou a exprimé ses regrets. "Malheureusement, les nombreux appels de représentants de divers pays et organisations internationales pour que les autorités irakiennes reviennent sur la peine capitale n'ont pas été entendus", a déclaré un porte-parole. La Libye a quant à elle décrété trois jours de deuil national pour le «prisonnier de guerre Saddam Hussein». Le Vatican estime que l’exécution est «une nouvelle tragique» et craint une flambée de violences. Enfin, Terry Davis, secrétaire général du Conseil de l'Europe. a déclaré que Saddam Hussein "était un criminel impitoyable" mais il "ne fallait pas le tuer".

Le corps du « raïs » ne quittera pas le sol irakien, contrairement à certaines rumeurs, assure un proche du premier ministre al-Maliki. Mais le lieu de sa sépulture n'a pas encore été divulgué.

Synthèse d’après le Figaro.fr

vendredi 29 décembre 2006

Aïdkom Mabrouk !

mardi 26 décembre 2006

Pour un Internet libre en Tunisie




Ici le contenu alternatif (image, texte)



Si l'animation ne s'affiche pas pour vous, téléchargez-la ICI

dimanche 24 décembre 2006

jeudi 21 décembre 2006

Action Note Blanche








Pour plus de renseignements : المدونة التونسية





* Ce billet a été modifié le 22/12/06

jeudi 14 décembre 2006

Les caricatures déchainées du Canard Enchaîné



Une conférence de deux jours sur le thème de l'holocauste s'est tenue lundi et mardi à Téhéran. C'est le président iranien Mahmoud Ahmadinejad en personne qui est à l'origine de ce rendez-vous. Les participants à la conférence ont décidé de créer un «comité international» chargé d'étudier la réalité du génocide juif. En plus, on est prié de ne pas mettre en doute l’objectivité de ce comité !

D'après une étude menée par Ifop à la demande d'Économie Matin, sur 427 personnes, 90 % sont des lecteurs de journaux gratuits comme Metro, 20 Minutes ou encore À Nous Paris. Presse généraliste ou spécialisée, elle prend réellement de l'assurance, de la valeur auprès du public, trois ans seulement après son irruption brutale dans le paysage français. Cependant, elle est toujours mal acceptée par les journaux payants qui sont aujourd'hui des concurrents de taille. Avec plus de 266 millions d'exemplaires distribués chaque jour en France, ce qui représente 15 % de la circulation globale des quotidiens. Les 15-35 ans sont les plus concernés par ce genre de presse.

Il s'agit de nouveaux individus, oubliés de la presse payante ou simplement en dehors de ses préoccupations. Par exemple, 49 % des lecteurs de Metro ont entre 15 et 34 ans : 25 % sont des étudiants et 49 % des femmes. Résultat, les payants comme Le Figaro ou le Monde veulent se diversifier en se lançant eux aussi dans les gratuits. Ils captent une part non négligeable, non pas de leurs lecteurs, mais des recettes publicitaires. Les payants veulent donc riposter en lançant eux-mêmes leurs gratuits.

Mais peut-on faire confiance à un média entièrement financé par la publicité et qui n’apporte aucune analyse à l’information qu'il présente à ses lecteurs. Ce qui nous ramène à la question fatidique : l’information peut elle être gratuite ?


Selon un sondage de l'institut CSA effectué à cinq mois de l'élection présidentielle, M. Le Pen obtiendrait 17% des suffrages au premier tour. Jamais CSA n'avait attribué autant d'intentions de vote à M. Le Pen, ces 17% dépassant même le score de 16,86% atteint par le président du FN le 21 avril 2002. L’institut Ipsos le crédite de 10%, l'Ifop de 11% et TNS-Sofres de 13%. Ces chiffres élevés surviennent alors que le doute plan encore sur la possibilité de Le Pen d’obtenir le nombre parrainages nécessaire pour déposer sa candidature. Dans tous les cas et même avec les scores élevés des deux favoris des français, à savoir, Royal et Sarkozy, l’éventualité de voir le président du front national au second tour des prochaines présidentielles, est toujours d'actualité !




Caricatures extraites du Canard Enchaîné du 13 Décembre 2006

lundi 11 décembre 2006

Toute Chose a une fin...




Ici le contenu alternatif (image, texte)


Si vous n'arrivez pas à voir cette animation vous pouvez la télécharger ici

vendredi 8 décembre 2006

Méfions nous des réflexes simplificateurs

Ce texte est une réaction à un article sur la Tunisie (Les paradoxes tunisiens) paru sur le site de la nouvelle chaine d’information, France 24, et dater du 01/12/2006. Je le poste sur mon blog parce que, vu sa longueur il m’est impossible de le faire, dans l’espace réserver à cette effet.



Je suis vraiment surpris de voir avec quelle légèreté vous avez choisi de traiter une question aussi compliquer. Pour une chaine qui se donne pour mission d’apporter un nouvel éclairage sur l’actualité et plus particulièrement sur celle du monde Arabe, et tenant compte de la rhétorique employée pour cet article, j’ai des sérieux doutes sur sa capacité à vraiment faire la différence avec ce qui se fait déjà. Ce qui semble évident à la lecture de cette « analyse » c’est le manque de maitrise de la réalité tunisienne et surtout la subjectivité avec laquelle des conclusions hasardeuses ont été tirées.

L’auteur constate et à juste tire que les lois anti-terroristes ont abouti à des injustices et a des jugements aux décisions disproportionnées et des fois mêmes farfelues pour le plus grand malheur des détenus et de leurs familles, mais il fallait peut être rappeler que ces lois abjectes font partie d’une politique internationale dont la France y est partie prenante autant que les Etats-Unis. Les injustices induites par ces lois absurdes sont visibles dans tous les pays qui les appliquent, d’ailleurs ces injustices sont plus flagrantes dans les pays dit démocratiques supposées armées contre les tentations liberticides et sécuritaires.

Rien qu’a voir les procès de certains imams en France mais aussi en Europe et aux Etats-Unis ou dernièrement l’affaires des bagagistes de l’aéroport de Roissy à qui ont a arbitrairement enlevé leurs gagne-pains, pour comprendre que l’absurdité vient en premier de ces lois défendues par les pays démocratiques pour se préserver du terrorisme et dont les pays comme le notre sont les premiers à en payer le prix. Un terrorisme que les Etats-Unis, l’Europe en général et la France en particulier en ce qui nous concerne, ont pendant des années protégé et même financé au non de la liberté de croyance et d’expression et utilisé comme des moyens de pression sur les pays qui réclamaient désespérément leurs démentiellement. Mais les droits de l’homme semblent être pour vous des valeurs très fluctuantes.

Pour également comprendre le sentiment antioccidental qui émane d’une frange de la population, il fallait peut être rappelé les propos insultants pour le peuple tunisiens, tenus par le président Jacques Chirac en Tunisie, qui déclarait que le premier des droits de l’homme été de manger, de se loger et de se soigner ! Mais la je peux comprendre que cela soit difficile pour une chaine dont le parrain est justement l’auteur de ces propos.

Votre connaissance de l’histoire de la diplomatie tunisienne semble également souffrir de graves lacunes, et on ne peut que le regretter. Les prises de positions de la Tunisie n’ont jamais été celles des autres pays arabes et la Tunisie a depuis son indépendance réussit de ne pas être une marionnette aux mains du nationalisme exacerbé qui a tant fait de mal au monde Arabe. C’est la Tunisie, à travers son leader historique Habib Bourguiba, qui été la première à appeler au compromis avec Israël en se mettant tout le monde Arabe à dos. Apres le discours de Jéricho en 1965 notre ambassadeur en Egypte à été contraint de quitter le pays en pyjamas laissant derrière lui notre ambassade en feu. Un compromis, qu’aujourd’hui même les scénarios les plus optimistes ne permettent pas d’espérer.

C’est également la Tunisie qui, après le refus de tous les autres pays arabes, a accepté d’accueillir l’OLP. C’est encore en Tunisie que le même Arafat a proclamé la création de l’état palestinien. C’est également la Tunisie qui, après les bombardements criminels de l’aviation Israélienne a obtenu le vote d’une résolution pour « condamner » Israël sans que les américains n’y mettent leur veto. Chose que les pays européens, devant les massacres à répétitions de la même armée, n’arrivent plus à obtenir. C’est encore une fois la Tunisie qui, contrairement à la majorité des autres pays arabes a refusé de participer à la coalition pendant la première guerre du Golf et qui a été la première dans les pays arabes à demander un cessez le feu au Liban pendant la dernière guerre de destruction qu’a connu ce pays alors que la Ligue Arabe et l’Arabie Saoudite y voyait une bonne occasion de se débarrasser du Hizbollah sans se soucier des milliers de victimes libanaises.

Dire que beaucoup de pays arabes reprochent à la Tunisie son atlantisme, sans rappeler que l’Egypte à troquer sa dette extérieure contre sa participation à la coalition américaine en 1991 et continue aujourd’hui à soutenir la politique américaine en Irak. Dire cela sans rappeler que les pétromonarchies du golf ont toutes sur leurs sols des bases américaines, me semble occulter des éléments essentiels pour comprendre qu’en fin de compte ces reproches calculés et ces indignations feintes alimentent les propagandes nationalistes de ces dictatures qui aveuglent les peuples arabes et les empêchent d’avoir une analyse objective de leurs situations.

J’aimerai aussi m’arrêter sur votre analyse simpliste et même altermondialiste de la situation économique et sur vos affirmations hasardeuses sur la conjecture du tourisme en Tunisie. Il est vrai que le secteur rencontre des difficultés mais cela est plus du à la catégorie des touristes qu’on courtise qu’a leur nombre qui est au contraire en progression avec certes des fluctuations mais elles sont celles qui affectent le tourisme mondial.

Qu’on n’y se trompe pas. Ce qui a motivé ma réaction ce n’est pas mon envi de voler au secours du régime anti-démocratique et même totalitaire qui sclérose notre pays et qui fait beaucoup de tort à notre économie et qui hypothèque notre avenir. Ce n’est non plus pas l’envi d’occulter les difficultés sérieuses que les tunisiens rencontrent dans leurs vies de tous les jours ni de nier les injustices que plusieurs d’entre eux subissent aux quotidiens. La responsabilité de résoudre ces problèmes qui semblent inextricables, incombe en premier aux tunisiens et se laisser tenter par les discours culpabilisateurs de certain membres de l’opposition ne fait que réconforter cette croyance absurde que ce qui nous arrive n’est pas notre responsabilité mais de celle de l’impérialisme, du néo-colonialisme ou que s’ai-je encore. Cela me rappelle encore une confidence de l’ex ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie qui lors d’une réception ou a été convié le gratin de l’opposition, c’est exclamé d’avoir le sentiment que certains désiraient que les américains re-débarquent en Tunisie avec un nouveau président dans leurs paquetages.

Cette réaction est donc essentiellement motivée par la légèreté avec la quel votre journaliste semble tirer ses conclusions et assener ses certitudes quant aux causes de ces problèmes. C’est pour protester contre cette tendance à tomber dans le simplisme et à céder aux raccourcis faciles. Si votre chaine à vraiment envie d’apporter un éclairage nouveau sur le monde Arabes, je vous conseil amicalement de ne pas se laisser influencer par la rhétorique empreinte de manichéisme qui fait loi dans certains milieux de pensée qui, semblent-ils, éclairent vos réflexions. N’est-il pas significatif que le seul opposant que vous citiez soit un opposant communiste ?! Non que son avis n’est pas important mais qu’il n’est tout simplement pas le seul.

Pour conclure je voudrais, sans prétention aucune, rappelé aux journalistes de cette chaine - à qui on souhaite beaucoup de réussite – qu’apporter un regard nouveau sur l’information consiste en premier à abandonner les vieux reflexes simplificateurs (pour ne pas dire simplistes) et d’oser affronter la complexité des situations et de leurs contextes.

Cordialement,

mardi 5 décembre 2006

La Chambre introuvable


Couverture du Libre Tunisien N° 6

EDITORIAL

Louis XVII, répondant à une députation de la Chambre « ultraroyaliste » de 1815 chargées de lui présenter un projet de loi, avait dit : « qu’une pareille Chambre semblait introuvable », tellement ravi de se trouver en parfaite communion d’idées avec ses députés. Mal élus et s’exerçant exclusivement à se concilier les bonnes grâces du régime, cette Chambre était l’expression la plus outrée de la réaction royaliste. C’est bien à ces hommes, qui allaient plus loin que le roi lui-même dans la voie réactionnaire, que convenait l’expression si souvent répétée : plus royaliste que le roi. Prés de deux cent ans plus tard et au risque de démentir le roi de France, notre président, vient de trouver sa « chambre introuvable ». Et signe de l’excellence tunisienne, il en a même trouvé deux !



A peine quelques jours après les inévitables festivités du 19ème anniversaire du « changement », et alors que le président venait de s’engager à « réformer le système politique, aujourd’hui étroitement contrôlé, pour l’ouvrir à une « concurrence équitable » », La chambre des députés et celle des conseillers, excusez du peu, ont accouché d’une déclaration commune pour appeler « l’actuel président Zine El Abidine Ben Ali à renouveler sa candidature aux élections présidentielles de 2009 pour briguer un cinquième mandat de cinq ans » !

Aussi tôt, le bien nommé, Mr Ben Dhia, répond la bonne nouvelle en l’annonçant au peuple tunisien, on n’y allant pas avec le dos de la cuillère, pour dire tout le bien qu’il pense de cet appel solennel et bien évidement spontané. La suite a déjà des airs de déjà-vu. Le patronat, les cadres du parti, les intellectuelles patentés et les opportunistes de tous bords vont rivaliser d’ardeurs « patriotiques », évoquant des raisons aussi diverses que discutables à l’instar de son proche conseiller, qui justifie cette fièvre partisane par la reconnaissance que nous devons à son président « pour les acquis enregistrés en Tunisie grâce à sa politique judicieuse et éclairée ».

Que c’est il alors passé ? Pourquoi lancer maintenant et à peine à mi-mandat, cet appel qui semble-t-il et selon des sources bien informées, a surpris même au plus haut niveau ? Est-il la réponse à l’invitation lancée par le président aux « politiques, les organisations nationales et les intellectuels », à « approfondir leur réflexion » et à « exposer leurs points de vue et leurs propositions » ? Si c’est le cas le président ne peut qu’être ravi de savoir qu’il n’a même plus besoin de penser à sa réélection. D’autres s’en occupent à sa place. Il peut également se réjouir que les seules propositions qui s’expriment soient celles qu’il attendait. Ceux qui lui sont opposés préfèrent l’indignation de circonstances aux propositions concrètes.

Voilà où nous en sommes ! Le pouvoir corrupteur du système est tel qu’il n’a plus besoin d’exercer la moindre contrainte sur ces sujets. Ces derniers réclament leurs chaînes et revendiquent leurs soumissions au nom du peuple mais en réalité aux seuls bénéfices de leurs propres intérêts. Ils sont tellement dépendants d’un schéma de pensée, d’une certaine construction mentale, qu’ils sont incapables de se voir autrement qu’en bons petits soldats au service de cette formidable machine du « changement démocratique ». Pire encore, ils sont devenus, des farouches défenseurs d’un système dont-ils sont plus dépendant qu’il ne l’est d’eux. C’est à ce demander s’ils ne constituent pas en réalité, le véritable obstacle au véritable changement.

Il est clair que ceux qui ont soutenu et permis au régime en place de s’installer et de prospérer deviennent aujourd’hui ses plus fidèles gardiens. Non pas, par amour pour ses tenants, ni par patriotisme exacerbé mais tout simplement par instinct de survie. Les avantages qu’ils en tirent et les manquements qu’ils ont commis pour les obtenir, les rendent non seulement « plus royaliste que le roi » mais également plus dangereux et plus néfaste pour les intérêts du pays, que « le roi » qu’ils acclament.


SOMMAIRE :


EDITORIAL.....................page 4

A LA UNE

L’engagement citoyen et les tunisiens
Leila Fourati..................page 5

Témoignages : Des tunisiens témoignent de leurs engagements
...............................page 6

Le citoyen tunisien du 21ème siècle
Esma Ferchichi...................page 8

SOCIETE

Les immuables défis de la gouvernance mondiale Chiheb Lakhoua.................page 9

AFFAIRES INTERNATIONALES

Israël accuse la France de « jeter des fleures aux terroristes »
Walid Snoussi................. page 12

REFLEXIONS ET OPINIONS

Le dernier des conformismes
Salma Alouani..................page 14

De la notion de développement en Afrique
Wajih Ben Slema................page 15

CULTURE

Peter Beard : L’artiste inclassable !
Chiheb Lakhoua..................page 18

PINCE-SANS-RIRE.................page 20


Pour lire la suite, téléchargez le Libre Tunisien en cliquant sur le lien suivant :

samedi 25 novembre 2006

"Corps otages", otage de la censure !

Soutien à Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi auteur dramatique et metteur en scène tunisiens

Nous apprenons qu'en Tunisie la commission consultative dite d'orientation théâtrale a recommandé la censure de la pièce Khamsoun("Corps otages").

Cette recommandation est effective depuis qu'elle a été entérinée par le ministre de la Culture. Faut-il rappeler que les auteurs de cette pièce, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, ont été au coeur du renouvellement théâtral en Tunisie et dans le monde arabe? Depuis trente-cinq ans, ils ne cessent, de pièce en pièce, de révolutionner cet art et de l'enrichir par des innovations scéniques animées par un esprit critique qui dénonce les défauts, les manquements et les chimères de leur société. Leur oeuvre est, en outre, mondialement reconnue et célébrée. Et ceux qui ont eu le privilège d'assister en juin dernier à Paris au spectacle de leur pièce (à l'Odéon Théâtre de l'Europe), désormais interdite dans leur pays, ont été impressionnés par sa performance littéraire et artistique ainsi que par sa juste portée politique.

Ne répercute-t-elle pas par les purs moyens du théâtre la violence intégriste et l'idéologie rampante qui la sous-tend et qui, insidieusement, se répand pour légitimer le crime? Comment un régime construit sur la modernité prive-t-il la société qu'il gouverne d'un travail de représentation émanant de sa réalité et destiné à aider les citoyens à mieux saisir les ressorts de la crise qui bloque les évolutions, favorise les régressions et pénalise l'avenir? Nous nous élevons avec force contre cet acte de censure qui prive les artistes de leurs moyens de vie et de leur raison d'être.

Signez la pétition de soutien


Fadhel Jaïbi fait honneur au théâtre tunisien.



Grand nom de l'art théâtral tunisien arabophone, Fadhel Jaïbi s'est forgé une stature unique. Elle lui garantit une liberté de parole et de création qui, sans jamais être définitivement acquise, lui permet néanmoins de travailler sans avoir à transiger ni avec le pouvoir, ni avec le marché. Son théâtre a été applaudi à Beyrouth, à Damas, au Caire. Ses derniers spectacles – Comedia, Familia, Les Amoureux du café désert, pour ne citer que ceux-là – ont tourné en Italie, en Espagne, en Hollande, en Suède, au Portugal, en Belgique et en France. Avec Corps otages de Jalila Baccar, il confirme encore une fois, en se représentant à guichets fermés au théâtre de l’Odéon, qu’il est un grand nom du théâtre mondial.

De retour de France, où elle a rencontré Allah après une fascination pour le marxisme pur et dur, la fille d’un couple de militants gauchistes se retrouve impliquée dans le suicide mystérieux d’une jeune amie enseignante qui a décidé, un vendredi 11 novembre, de se faire exploser dans la cour de son lycée. L’acte, qui plonge le pays dans le désarroi et met en branle le redoutable dispositif anti-terroriste, place face à face un régime politique autoritaire, une société civile et des démocrates plus laminés que jamais, des islamistes clandestins aux funestes desseins et des citoyens dociles ou indifférents.

D’une grande économie de moyens, Corps otages, donne vie à des personnages qui ne sont jamais de simples représentants d’un courant d’idées ou d’un groupe social : ce spectacle qui se place au centre d’un affrontement idéologique et d’une faillite sociale et politique laisse pourtant émerger des individualités : le jeune femme qui se fait exploser, mais surtout son amie, emprisonnée et torturée à la suite de cet événement, la mère de cette dernière, qui doit concilier l’amour qu’elle porte à sa fille et l’incompréhension qu’elle ressent pour ses idées et ses choix de vie. L’ancien tortionnaire, enfin, que la mère écoute parler avant de le confronter à son mari, une de ses anciennes victimes.

Une pièce poignante d’une mise en scène saisissante de dépouillement mais au même temps de présence scénique. Les acteurs évoluent sur scène tels des danseurs de ballets en effectuant des danses des fois à peines perceptibles. Une mise en scène qui ne fait que renforcer la charge émotionnelle dégagée par le jeu des acteurs. Du grand théâtre qui dépeint la réalité tunisienne sans aucune concession.

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jeudi 23 novembre 2006

mardi 21 novembre 2006

Une leçon magistrale de vigilance

Publié initialement pour saluer la date orwellienne de 1984, cet essai était devenu introuvable. Pressé de le rééditer par de nombreux lecteurs, Simon Leys s'est relu à quelque vingt ans de distance : il a constaté que le sujet n'avait rien perdu de son actualité et que ses propres vues restaient essentiellement inchangées. Il s'est donc contenté de modifier un jugement littéraire sur un point de détail, d'ajouter deux informations inédites et de mettre à jour la bibliographie.

Défiant l'indifférence de ses contemporains, le grand témoin du totalitarisme chinois s'emploie à ­remettre George Orwell à sa place : au centre du champ de bataille. Qu'il s'agisse de politique, de littérature, de psychologie, du socialisme, du pacifisme, du totalitarisme ou des notions de droite et de gauche, cet « anarchiste conservateur » a beaucoup à nous ­apprendre. Avec une modestie qui est la marque de son esprit aiguisé, Simon Leys ­s'efface derrière Orwell et propose, en annexe de son livre, un florilège de citations extraites de son oeuvre journalistique, qui doit donner à tout esprit bien né l'envie de s'y ­reporter sans délai.

La raison est simple : Orwell a tant à dire encore, tant à nous apprendre. A tous ceux qui se demandent encore aujourd’hui si gauche et droite ont encore un sens, l’œuvre d’Orwell est le meilleur moyen de s’en convaincre. Et l’écrivain sait de quoi il parle et il en parle avec une honnêteté et une justesse jamais encore égalées. « Ce qui conférait aux croisades d’Orwell leurs singulières forces de persuasion, c’est ce sentiment qu’il avait lui-même connu, vécu et compris de l’intérieur ce qu’il attaquait » note Simon Leys.

C’est en étant policier en Birmanie qu’il découvre l’horreur de l’impérialisme anglais et c’est en s’engageant en 1936 dans le front anti-fasciste espagnole qu’il découvre la nature totalitaire du communisme. C’est pour cela que selon lui « le totalitarisme peut triompher n’importe où ». Il a été dans le passé nazi ou communiste, il peut être aujourd’hui islamiste, sécuritaire ou technocratique. Personne ne peut prédire le visage que prendra demain « la domination totale de l’homme par l’homme » !

Lire ou relire Orwell, comprendre ces mécanismes de pensées n’est pas seulement revivre ou découvrir l’un des plus grand écrivain que l’humanité ait produit, mais c’est également se rappeler en ces temps ou la résignation et la lâcheté intellectuelle sont fièrement assumées, la nécessité vitale, pour nous tous, de rester vigilent.


Orwell ou l'horreur de la politique, Simon Leys, Plon, novembre 2006, 115 pages.

samedi 18 novembre 2006

La liberté pleure Friedman

Prix Nobel d'économie en 1972, Milton Friedman, décédé hier à l'âge de 94 ans, a notamment inspiré les politiques économiques de Ronald Reagan, dont il a été un conseiller, et de Margaret Thatcher. Son ouvrage « Capitalisme et liberté», publié en 1962, a marqué toute une génération.

Défenseur inlassable de l'ouverture des marchés, de la réduction des impôts et des dépenses publiques, Friedman a résumé sa position par cette simple phrase : « Personne ne dépense l'argent de quelqu'un d'autre aussi consciencieusement que le sien.»

Sa lutte pour « réduire la taille et l'étendue du gouvernement» constituait une véritable promotion des libertés individuelles et du rôle essentiel de la société civile. Il prônait un gouvernement dont le rôle se limiterait à fixer les règles du jeu et à veiller à leur application.

Friedman démontre ensuite que dans une société capitaliste libre, il est naturel que des hommes "puissent ouvertement plaider la cause du socialisme et travailler à sa venue". Alors que, à supposer qu'il puisse exister une société socialiste soucieuse de liberté, l'omniprésence de l'Etat induit "des difficultés très réelles à y créer des institutions qui préserveront efficacement la possibilité de ne pas être d'accord".

Milton Friedman affichait également une grande confiance dans la mondialisation pour réduire « les différences entre les pays » et permettre aux plus pauvres d'entre eux de « parvenir à la croissance économique et à la prospérité ».

Enfin, il consacra les dernières années de sa vie à la promotion du libre choix scolaire. Dès 1995, il avait proposé la création de « chèques-éducation » pour permettre aux parents de choisir librement l'école de leurs enfants.




Milton Friedman

Capitalisme et Liberté
"extraits"



On croit généralement que politique et économie sont des domaines distincts et, pour l'essentiel, sans rapport ; que la liberté individuelle est un problème politique et le bien-être matériel un problème économique ; enfin, que n'importe quel régime politique peut se combiner avec n'importe quel régime économique. [...] Ma Thèse est que pareille opinion est illusoire, qu'il y a un rapport intime entre économie et politique, que seules certaines combinaisons sont possibles entre régimes économiques et régimes politiques, et qu'en particulier, une société socialiste ne peut être démocratique -- si être démocratique, c'est garantir la liberté individuelle.

Dans une société libre, le dispositif économique joue un double rôle. D'une part, la liberté économique est elle-même une composante de la liberté au sens large, si bien qu'elle est une fin en soi. D'autre part, la liberté économique est indispensable comme moyen d'obtenir la liberté politique [...]

Si l'on considère le régime économique comme un moyen destiné à atteindre ce but qu'est la liberté politique, son importance est à la mesure des effets qu'il a sur la concentration ou la dispersion du pouvoir. Le type d'organisation économique qui assure directement la liberté économique, à savoir le capitalisme de concurrence, est en même temps favorable à la liberté politique car, en séparant le pouvoir économique du pouvoir politique, il permet à l'un de contrebalancer l'autre.

L'histoire témoigne sans équivoque de la relation qui unit liberté politique et marché libre. Je ne connais, dans le temps et dans l'espace, aucun exemple de société qui, caractérisée par une large mesure de liberté politique, n'ait pas aussi recouru, pour organiser son activité économique, à quelque chose de comparable au marché libre [...]


L'économie libre donne aux gens ce qu'ils veulent, et non pas ce que tel groupe particulier pense qu'ils devraient vouloir ; ce qui se cache derrière la plupart des arguments contre le marché libre, c'est le manque de foi dans la liberté elle-même.

Néanmoins, l'histoire, si elle indique que le capitalisme est une condition nécessaire de la liberté politique, ne nous dit pas qu'il en est la condition suffisante. L'Italie et l'Espagne fasciste, l'Allemagne [...] et le Japon avant la Première et la Seconde Guerre mondiale, la Russie tsariste durant les décennies qui précédèrent la Grande Guerre -- voilà autant de sociétés dont on ne peut pas dire qu'elles aient été ou soient politiquement libres. Dans chacune d'entre elles, pourtant, l'entreprise privée était la forme dominante de l'organisation économique. Il est par conséquent fort possible qu'à un régime économique fondamentalement capitaliste ne corresponde pas un régime politique de liberté [...]

Il n'y a fondamentalement que deux manières de coordonner les activités économiques de millions de personnes. La première est la direction centralisée, qui implique l'usage de la coercition : c'est la technique de l'armée et de l'Etat totalitaire moderne. La seconde est la coopération volontaire des individus : c'est la technique du marché. La possibilité d'une coordination assurée grâce à la coopération volontaire repose sur cette proposition élémentaire -- quoique fréquemment niée -- que, dans une transaction économique, les deux parties sont bénéficiaires, pourvu que cette transaction soit bilatéralement volontaire et informée. Une coordination sans coercition peut par conséquent être le produit de l'échange. Le modèle d'une société organisée grâce à l'échange volontaire est l'économie libre de l'échange et de l'entreprise privée, c'est-à-dire ce que nous avons appelé le capitalisme de concurrence [...]

Dans la société moderne, nous disposons d'entreprises qui sont des intermédiaires entre les individus, considérés d'une part en tant que fournisseurs de services et, d'autre part, en tant qu'acquéreurs de biens. De même l'argent a-t-il été créé comme moyen de faciliter l'échange et de distinguer nettement entre l'acte de vendre et celui d'acheter.

Ce qui est fondamentalement indispensable, c'est de maintenir la loi et l'ordre, si bien que la coercition physique exercée par tel individu sur tel autre soit impossible et que les contrats volontairement passés soient respectés ; c'est donc de donner quelque contenu au mot "privé". A part cela, les problèmes peut-être les plus épineux sont posés par le monopole -- qui paralyse la liberté en déniant aux individus la possibilité de choisir --, et par les "effets de voisinage" -- effets sur les tierces parties, à propos desquels il n'est pas possible de pénaliser ou de récompenser ces dernières. Aussi longtemps que l'on maintient une liberté d'échange effective, le trait central du mécanisme du marché est qu'il empêche une personne de s'immiscer dans les affaires d'une autre en ce qui concerne la plupart des activités de cette dernière. Du fait de la présence d'autres vendeurs avec lesquels il peut traiter, le consommateur est protégé contre la coercition que pouvait exercer sur lui un vendeur ; le vendeur est protégé contre la coercition du consommateur par l'existence d'autres consommateurs auxquels il peut vendre ; l'employé est protégé contre la coercition du patron parce qu'il y a d'autres employeurs pour lesquels il peut travailler, etc. Le marché y parvient de façon impersonnelle et sans qu'il soit besoin d'une autorité centralisée.

A vrai dire, c'est précisément et surtout parce qu'elle remplit si bien cette tâche que l'économie libre se heurte à des objections ; car elle donne aux gens ce qu'ils veulent, et non pas ce que tel groupe particulier pense qu'ils devraient vouloir ; ce qui se cache derrière la plupart des arguments contre le marché libre, c'est le manque de foi dans la liberté elle-même.

L'existence d'un marché libre n'élimine évidemment pas le besoin d'un gouvernement. Au contraire, ce dernier est essentiel, et comme forum où sont fixées les "règles du jeu", et comme arbitre qui interprète et fait appliquer ces règles. Le marché, cependant, réduit grandement le champ des questions auxquelles doivent être données des réponses politiques, et par là minimise la mesure dans laquelle il est nécessaire que les pouvoirs publics participent directement au jeu. C'est le trait caractéristique de l'action politique que sa tendance à exiger ou à imposer une certaine conformité ; et c'est, en revanche, le grand avantage du marché que de permettre une large diversité. Pour parler le langage de la politique, le marché est un système de représentation proportionnelle. Chacun peut, si j'ose dire, voter pour la couleur de la cravate qui lui plaît ; il n'a ni à savoir quelle couleur veut la majorité, ni à se soumettre s'il est parmi les minoritaires.

C'est à cette caractéristique du marché que nous faisons référence quand nous disons que le marché assure la liberté économique. Mais cela comporte des implications qui vont bien au-delà. [...] En ôtant à l'autorité politique le droit de regard sur l'organisation de l'activité économique, le marché supprime cette source de pouvoir coercitif ; il permet que la puissance économique serve de frein plutôt que de renfort au pouvoir politique. [...]

Extraits de Capitalisme et Liberté, pages 21 à 31.


Principaux ouvrages de Friedman :

- Study in the Quanty Theory of Money (Théorie quantitative de la monnaie), 1956.

- Capitalism and Freedom, 1963 (trad. française Capitalisme et Liberté, Laffont, 1971).




jeudi 16 novembre 2006

Le déni de la réalité

Cette après midi je me suis aventurer à regarder notre chère et vielle télévision nationale, la fameuse « qaanet 7 ». Non que je suis friand des programmes annihilants des cette chaine, mais il se trouve qu’actuellement se déroule à Tunis la 21ème édition des Journées cinématographiques de Carthage. Une occasion de choix pour découvrir le cinéma arabe et africain et un vrai bol d’air dans la vie morose de la culture tunisienne.

Coup de chance je tombe sur une émission qui fessait le point sur le festival et qui présentait les films en lisse pour le Tanit d’or. Dans une programmation inégale, un film en particulier mérite à mon avis un intérêt particulier : le film du jeune réalisateur irakien Mohamed Al-Daradji, « rêves ». 45 fois sélectionné et plusieurs fois primé, le film raconte une histoire poignante d’une femme seule au milieu du chaos avec en toile de fond l’Irak ravagé par la guerre. La télévision tunisienne avait alors décidé de me gâter en diffusant en plus d’une mini-interview de l’acteur qui jouent le rôle du jeune médecin irakien qui expliquait les conditions de tournages très difficiles, j’ai eu droit à un entretien plus complet avec le réalisateur qui a expliqué plus en détail les circonstances très particulières dans lesquelles il a du tourner. L’équipe de tournage à du faire face à des menaces de morts, au vol à deux reprise du matériel de tournage et au réticences pour ne pas dire plus des militaires américains et des autorités irakiennes. L’acteur principal à même été incarcéré pendant 5 jours dans une prison américaine. A la fin du tournage, expliquait le jeune réalisateur, il ne prenait plus qu’une seule prise tellement la sécurité des acteurs et celle de l’équipe, étés continuellement compromises. Un vrai acte de courage de ce réalisateur qui en 2003 est retourné dans son pays natal pour découvrir les ravages de la guerre et surtout l’impacte psychologique sur une population livrée à elle-même. Un témoignage poignant mais plein de courage et de dignité.

La jeune et surfaite présentatrice de l’émission est allée en suite à la sortie des salles pour accueillir les réactions des chanceux qui ont eux accès à la première du film. Alors chacun y est allé à son pronostic mais pratiquement tous ont salué le courage et la force du film irakien. Je dis pratiquement parce qu’en bouquet finale, une sorte de « journaliste spécialisée » prends fièrement le contre pieds de tous ces camardes et annonce fièrement qu’elle n’a pas été « touchée » par le film et qu’elle ne partage pas l’enthousiasme de ces collègues. Jusqu’à là rien de choquant, puisqu’elle est libre de penser ce qu’elle veut de ce film. Mais à écouter ces arguments on ne peut pas ne pas sauter au plafond tellement sa mauvaise foi et son mépris étés grands.

Cette journaliste trouvait le film « fabriquer de toute pièce » et qu’il « ne reflétait en aucun cas la réalité irakienne ». Selon elle, qui a répété plus de cinq fois qu’elle connaissait très bien la réalité en Irak, sans jamais nous dire comment d’ailleurs, le réalisateur à voulu présenter « une lecture pessimiste de ce qui se passe en Irak ». En suite, en prenant un air hautin, elle a rajouté qu’on pouvait très bien « évoquer des sujet sensible sans forcement aborder le mauvais coté des choses » ! Le comble de l’auto-persuasion et du déni de la réalité. Comment pouvant nous aujourd’hui, avec une moyenne de 100 morts par jour, trouver quelques choses de positif dans ce qui se passe en Irak. Comment pouvait-elle, sans aucun scrupule, dire qu’elle connaissait la réalité de l’Irak mieux qu’un irakien. Comment peut-elle exiger de ce film autre chose que la détresse, le désarroi et la peur de tout un peuple. Comment voulais-elle qu’il dégage autre chose que de l’angoisse alors que la mort avait accompagnée tout le tournage..

Mais cette réaction en plus d’être insultante envers le peuple irakien, illustre parfaitement la myopie volontaire de la plus part des journalistes tunisiens. Ils sont tellement formatés par le système qu’ils deviennent carrément insensibles à la réalité. Ils s’exercent tellement à modifier la réalité du pays qu’ils arrivent à être persuadé de cette réalité virtuelle qu’ils vendent à longueur de journée. Aucune fausse note n’est accepter, il faut constamment raboter la réalité, lui enlever sa substance pour en garder qu’une bouilli édulcorée prête à être avalée. Mais la à denier la réalité des autres cela dépasse pour moi tout entendement !

Cette journaliste mérite bien une augmentation !

mardi 14 novembre 2006

Droit de réponse !

Nous avons étés choqué récemment par une compagne de discréditation fomentée par des irresponsables qui manquent de patriotisme envers leurs pays.

Parce que aujourd’hui, qui peut douter du fait que le résultat remarquable accompli dans le pays par son Excellence, confirme la pertinence des choix d’un sage qui privilégie la réussite éclatante d’une entreprise estimée et reconnue par tous les observateurs, tant sur le plan national qu’international.

Assurément, l’immensité des acquis et des réalisations accomplis par le pays dans tous les domaines impulse un fort dynamisme galvanisant la volonté à relever les challenges, à gagner les enjeux économiques et sociaux et à remporter davantage de succès. Cette sagesse propre au génie tunisien, le même génie qui a engendré Hannibal, Ibn Khaldoun, Bourguiba et Ben Ali.

Tunis le 07/11/2006


* La plus grande partie de ce droit de réponse a été générée par un logiciel



J’ai reçu ce « droit de réponse » par un mail anonyme. Mais en regardant les deux animations qui accompagnaient le mail on peut avoir une petite idée sur les auteurs de cette missive. Apres le visionnage de ces animations vous saurez ce qu’il vous reste à faire Maintenant qu’on sait que monsieur le président veut, à 3 ans des prochaines échéances électorales, se représenter pour un cinquième mandat !






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jeudi 9 novembre 2006

ABSOLUT


Ses deux affiches sont extraites du dernier numéro du Libre Tunisien. Je les publie sur mon blog espérant que ceux qui n’ont pas réussi à les voir sur le site internet du mensuel puissent les voir et donné leurs avis dessus en toute connaissance de cause.

Mais dors et déjà ces affiches ont fait l’objet ainsi que la compagne « trop de temps sous le même régime » de vives critiques et de chaleureux encouragements de la part de ceux qui nous fond l’honneur de lire le mensuel. Certains trouvent qu’elles manquent d’esthétisme et d’autres qu’elles sont contre productives et nuisent à la crédibilité du contenu et des rédacteurs du mensuel. Alors que d’autres y trouvent de l’humour et même de la pertinence.

Dans tous les cas j’attends vos réactions.

mercredi 8 novembre 2006

Et une de plus !

Le Libre Tunisien numéro 5 - Novembre 2006




EDITORIAL

Et une de plus !

Encore une commémoration dont on se serait passé volontiers. Encore une dont la Tunisie s’en passerait bien ! Une année supplémentaire sous la « biensurveillance » du régime Benalien que grand nombre de tunisiens auraient préféré passer sous d’autres cieux. Une célébration dont notre pays se passerait bien, mais qui semble pourtant de plus en plus déterminante pour son avenir. Au point de se demander si l’histoire du pays n’avancerait plus qu’au rythme de cette date fatidique. Et comment serait-il autrement alors que chaque année écoulée nous entraîne plus loin dans l’inconnu et nous renvoie à la figure les échecs du passé, la stagnation actuelle et les peurs de l’avenir. Chaque célébration de ce funeste anniversaire renvoie dos à dos régime en place et opposition et les met face à leurs devoirs manqués.

D’un côté, un régime vieillissant, au pouvoir depuis maintenant 19 ans, déchiré par des luttes intestines qui, paradoxalement, loin de minimiser sa nuisance en amplifie les effets. Un pouvoir politique qui c’est transformé au fil des ans en un syndicat du crime organisé avec ses clans, ses familles et ses règlements de comptes. Des officines secrètes au sein du palais présidentiel aux intentions obscures et aux intérêts contraires à ceux du pays, milices privées au sein des forces de l’ordre à la solde de chacun des clans rivaux et une main mise sur tout ce qui peut ou pourrait rapporter de l’argent. Une telle déliquescence aux plus haut sommet de l’état qu’il en devienne presque impossible d’identifier clairement le rôle et le réel pouvoir de chacun des protagonistes et à leur tête le président lui-même.

Le président qui, pour sortir de se bourbier, prépare un deal à la russe en préparant son poulain, l’actuel ministre de la défense, en lui offrant un tremplin constitutionnel sur-mesure. La partie se complique quand on sait que ce diplomate de carrière a été et pour plus de 20 ans loin de la politique intérieure et qu’il lui reste beaucoup à apprendre sur les nouveaux rapports de forces aux plus hauts sommets de l’état. Quant à la gestion des affaires courantes, celles qui n’apportent aucun bénéfice pécuniaire au tenants du pouvoir, elle est devenue l’affaire d’une horde de conseillers et technocrates aussi dépourvus de réels pouvoirs que de convictions politiques. Le plus souvent, produit du parti unique, véritable vivier de bons exécutants d’une politique absurde aux conséquences désastreuses.

Face à ce régime, une opposition politique complè-tement absorbée par sa lutte pour l’existence, elle peine à renouveler ses idées et à proposer un véritable projet alternatif, capable de répondre aux véritables besoins des tunisiens et surtout capable de susciter chez eux le désir de l’entreprendre. Un manque d’inspiration qui dure depuis des décennies et qui semble s’aggraver avec le temps. Bien qu’en apparence l’opposition tunisienne semble plus visible pour les observateurs étrangers, elle reste en Tunisie inaccessible à une large majorité des tunisiens. Ce manque de visibilité et donc de popularité, n’est pas seulement imputable aux manquements des barons de l’opposition, le régime avec sa répression aussi redoutable qu’efficace, y est pour beaucoup, mais cela ne change rien aux faits. Le manque d’adhésion aux appels de l’« opposition démocratique » la prive d’un facteur déterminant dans son rapport de force avec le pouvoir en place. Le retour en Tunisie de Moncef Marzouki, bien qu’il soit à saluer, ne pourra malheureusement pas changer grand chose à la donne. Apres seulement quelques jours, il s’est résigné à ne plus quitter son domicile, ne supportant plus les attaques, indignes mais prévisibles, des sbires du régime.

Que dire alors des tunisiens ordinaires qui eux ne disposent d’aucune couverture médiatique ou de réseaux de soutiens. Ceux-là malgré leur passivité apparente luttent dans le quotidien pour survivre dans un contexte politique et économique de plus en plus incertain. Pour les maintenir loin de la politique, le régime n’exerce pratiquement plus de pression sur eux laissant au « miracle économique tunisien » le soin de le faire. D’ailleurs le nouveau massacre constitutionnel qui se prépare n’échappera malheureusement pas à l’indifférence de la majorité d’entre eux comme c’est le cas pour la polémique contre le port du voile. Alors le défit pour toute tentative visant à capter l’attention des tunisiens et obtenir leurs soutiens, semble résider dans la capacité de leur présenter un projet alternatif capable de les rassurer sur leurs avenirs. Parce que si les tunisiens sont conscients d’une chose c’est de l’incertitude de ce que leur demain sera fait. Peur de l’avenir qui les pousse à s’accrocher à ce qui existe par crainte de ce qui n’existe pas.

Pour lire la suite : Le Libre Tunisien

lundi 6 novembre 2006

Trop de temps sous le même régime ? (1)






Ici le contenu alternatif (image, texte)

vendredi 3 novembre 2006

We will never forget




«Abou Gharib» d’Irak et «Abou Gharaib * »
de la Tunisie



Nombreux sont ceux qui ont été choqués d’entendre ce qui s’est passé à nos frères irakiens à la prison d’Abou Gharib par les forces d’occupation (torture, atteinte à la dignité, agressions sexuelles) et ont exprimé leur profonde émotion pour ce qu’ils ont vu.

Cependant, celui qui suit l’actualité sera étonné et s’interrogera sur cette réaction courroucée surtout si l’on sache que ce qui a été rapporté sur les violations à la prison d’Abou Gharib ne dépasse pas dans son horreur ce qui se passe dans les prisons tunisiennes et les locaux des diverses unités de sécurité et postes de sûreté et au siège du ministère de l’intérieur sans que tout cela ne suscite un intérêt semblable.

Cela a-t-il un rapport avec « la lampe de Bab Menara qui « ne s’allume que pour les étrangers» 1 ou s’agit-il alors de troubles de la vue qui engendrent une presbytie accompagnée d’une myopie qui fait que nous ne pouvons voir nos frères qu’à une distance minimale de 2400 km ?

Une réponse objective ne peut négliger l’effet de l’information. En fait, le scandale d’Abou Gharib a été relayé par tous les médias étrangers et locaux au point que la chaîne Tunis 7 a diffusé les photos de la torture et que les journaux de la désinformation ont fait de même.

C’est ainsi qu’un large public a pris connaissance de ces informations contrairement aux échos des violations en Tunisie qui n’ont été diffusés que sur Internet, non accessible à tous, ou grâce à la chaîne «Almustakilla» qui a connue une forte audience durant une certaine période avant que son propriétaire ne découvre les mérites et privilèges de la «modération».

Cela explique encore pourquoi le large public en Tunisie ne soit pas au courant des horreurs commises dans le pays par des compatriotes.

Un autre facteur, cette fois d’ordre culturel, explique le phénomène, à savoir la haine de l’étranger et le refus de l’occupant tout en acceptant la dictature locale pratiquée par un tyran de confession musulmane. Cela trouve appui dans l’idée alimentée par quelques juristes musulmans et qui stipule que vivre 70 ans sous la dictature est mieux que la «Fitna » (discordance).

Aussi est-il que le tunisien qui critique les américains n’a rien à craindre contrairement à la critique adressée à un compatriote pour laquelle il pourra payer une lourde tribu, ce dont beaucoup ne désirent pas le faire.

Cette problématique du sacrifice est d’une importance majeure pour notre sujet. Si on prend, à titre d’exemple, les avocats qui plaident dans les affaires politiques, on constatera que leur nombre est faible en Tunisie. Pour les autres pays arabes, j’ignore leur proportion, à part le fait que près de 2000 avocats se sont portés à la défense du doyen des dictateurs arabes, Saddam Hussein, avant qu’ils ne renoncent à voyager en Irak lorsqu’ils ont réalisé que leur vie sera en danger. A mon avis, cette attitude contredit leur foi dans l’affaire qu’ils défendent, que cette défense ait pour but seulement de garantir un procès équitable à un homme ou la défense d’un leader exceptionnel dont les femmes n’accoucheraient plus jamais d’un semblable.

Tout modestement, et j’espère avoir tort, il y’a parmi nous des gens qui ne veulent pas perdre la qualité de militant devant le public sans qu’ils soient pour autant prêts à assumer les lourdes conséquences que peut engendrer leur lutte. La défense de la cause palestinienne ou irakienne leur offre une échappatoire qui leur permet de mener une lutte confortable et cela sans qu’ils soient capables de fournir un soutien effectif à nos frères en Palestine ou en Irak. Tout ce qu’ils font c’est de consolider le pouvoir du dictateur local en détournant les gens de le confronter et en dirigeant leur regard vers d’autres.

Les irakiens sont capables, à eux seuls, de mettre fin à l’occupation. Parmi eux, il y’a ceux qui mènent avec brio et efficacité une opposition politique. D’autres ont choisi la résistance armée pour renvoyer l’occupant et ont témoigné d’un courage et de hautes capacités guerrières pouvant se passer de tous nos efforts pour les soutenir.

Quant aux tunisiens, louange à Dieu qu’ils ont eu le mérite que quelques jeunes des leurs aient participés à la lutte de leurs frères en Palestine et en Irak. La honte en Tunisie ne nous vient pas des sionistes ou des américains mais des mesures et des jugements trop sévères prononcés, au nom du peuple tunisien, contre ceux qui rêvaient de participer à la lutte palestinienne comme les jeunes internautes de Zarzis et les jeunes de l’Ariana sans qu’il soit prouvé qu’ils aient commis des actes criminels en Tunisie.


La honte nous touche également du fait que les violations commises par les américains à la prison d’Abou Gharib (torture, chocs électriques, agressions sexuelles et déshabillement des détenus) n’a pas égalé l’horreur de ce que des tunisiens ont fait avec leurs compatriotes, notamment par l’arrachement des ongles, l’introduction de bâtons dans l’anus, la brûlure aux cigarettes, l’introduction des fils dans les parties génitales, la sodomisation des jeunes filles et garçons et le fait de forcer les victimes à manger de leurs excréments.

A cela, il faut ajouter l’élargissement du cercle de la répression aux familles et d’autres techniques qui font honte à tous ceux qui se sont tus face à ces pratiques, à commencer par les chefs des tortionnaires en passant par le peuple tunisien et en arrivant au président de l’Etat chargé, par la Constitution, de veiller au respect de la Constitution et de la loi. Ce dernier, soit ignore ce que commet les fonctionnaires de l’Etat, et dans ce cas n’est pas apte à cette fonction, soit sait ce qui se passe ou l’ordonne et dans ce cas il ne mérite pas de gouverner les tunisiens, ni les Hutus et les Tutsis.

Et à ceux qui justifiaient la répression au début des années 90 par l’impératif de confronter à un mouvement puissant qui menaçait l’ordre public, la stabilité et la marche ordinaire des institutions ; en admettant leur hypothèse l’on est en droit de s’interroger comment peuvent-ils expliquer la poursuite des atteintes dont étaient victimes les islamistes, les islamistes présumés, les gens de la gauche et même les prévenus du droit commun ? Comment peut-on expliquer les agressions contre le prisonnier Nabil El Ouaer dans sa cellule à la prison de Borj Erroumi et sa sodomisation par quatre autres prisonniers

sur ordre de l’administration pénitentiaire ? Comment expliquer les obstacles érigés devant la justice l’empêche de jouer son rôle et instruire les plaintes des victimes contre les agents de l’Etat et les détenteurs du pouvoir.

Qu’on le dise franchement que l’occupation de l’Irak a eu des retombées négatives sur les tunisiens qui paraissent être démoralisés ce qui se manifeste dans leur désintérêt à l’actualité surtout nationale alors qu’on s’attendait que les efforts se conjuguent pour chercher une issue à la crise du pays.

Quant à nos rêves panarabes, il est clair que les dirigeants n’en ont rien fait avec leurs slogans et leurs armées et il ne reste de solution que la lutte de tous les arabes dans leurs pays pour se débarrasser de la dictature et l’instauration de régimes démocratiques qui expriment la volonté populaire et c’est à ce moment que l’union arabe sera concrétisée et qu’on trouvera la solution pour la cause palestinienne et toutes les autres causes.

J’adresse un message à nos jeunes qui veulent combattre au sein de la résistance irakienne et qui ont été arrêtés et déférés devant la justice pour avoir simplement pensé aller en Irak sur la base de la loi sur le terrorisme, je les supplie personnellement de choisir la Tunisie comme terre pour mener le combat. Et si celui-ci est armé en Irak, ils n’auront besoin en Tunisie que du courage de dire non face au dictateur qui comme ses pairs dans d’autres pays arabes, est la cause de notre sous-développement.

Cela exige aussi de se débarrasser soi-même des comportements inadéquats qui portent préjudice à notre patrie comme les pots-de-vin, les combines, l’égoïsme et l’hypocrisie. Il exige aussi d’avoir un minimum de culture et de connaissances car le courage à lui seul ne suffit pas. On a l’exemple des afghans qui, après avoir libéré leur pays, se sont tournés les uns contre les autres en raison de l’absence d’un projet politique clair et l’incompréhension des exigences de la vie contemporaine et de la culture démocratique.

Je rappelle aussi à ces jeunes que leur départ pour soutenir la résistance irakienne n’est utile ni aux irakiens ni aux tunisiens. Le seul qui en profitera sera le régime au pouvoir qui se présentera comme un allié engagé dans le projet américain de lutte contre le terrorisme alors que c’est lui qui pratique le terrorisme, l’institutionnalise et l’alimente par la répression, l’oppression, le trucage des accusations contre les innocents et le blocage de toute voie d’alternance pacifique dans le pays.

J’appelle également ceux qui boycottent les produits américains de commencer par le boycott des produits et entreprises détenues par les familles soutenues par le pouvoir politique et qui ont ramassé des fortunes énormes dans peu de temps. L’établissement d’une liste des ces produits et entreprises est un devoir national dans lequel doit s’engager tous les citoyens en l’absence d’une autre solution pour maîtriser leur avidité.

Lorsqu’on arrive à arranger notre ménage intérieur et qu’on puisse créer un vrai changement dans notre pays, on pourra à ce moment viser plus haut.



* « Abou Gharaib » C’est un jeu de mot qui veut dire, mystères de la Tunisie

1 - Proverbe tunisien

Maître Mohamed Abbou, Tunis le 25 Aout 2004



Source : Verité-Action

mercredi 25 octobre 2006

Etre ou simplement exister ?


Il n’a échappé à personne que le blog de notre ami Sami Ben Gharbia, Fikra a été sélectionné pour participer à la phase finale du concours international de blogs "The BOBs - Best of the Blogs" de la Deutsche Welle. Et cela pour deux catégories : prix reporters sans frontières et prix du meilleur blog arabe. C’est une nouvelles qui ne peut que réjouir les lecteurs assidus de son blog et plus particulièrement les blogueurs tunisiens qui viennent de revenir dernièrement sur ce qu’on pourrais appeler « le devoir citoyen » du blogueur. Un sujet qui semble encore diviser la blogosphère tunisienne.

Un an après le texte retentissant de Sami sur les pratiques discriminatoires de l’administrateur autoproclamé de la blogosphère tunisienne et le débat qui s’en est suivi, les mêmes arguments persistent de part et d’autres mais avec à mon avis une nouveauté notable : la solidarité dans le camp, si j’ose dire, du « politiquement correcte » (pour rester gentil), se fissure et de plus en plus de blogueurs franchissent le pas de « l’interdit » dans leurs posts et leurs commentaires. D’autres se remettent en cause, justifient plus honnêtement leurs démarches et finalement créent des liens indépendamment du contenu du blog. Même si cela reste à peine perceptible, il me semble que contrairement à ce qu’on pourrait penser, une frange de la blogosphère tunisienne a changé dans un sens qui ne pourrait qu’être bénéfique pour l’utilisation de cet outil qu’est le blogging.

Parce que dans un pays ou les libertés les plus élémentaires comme celles de l’expression et de l’information sont respectées, on peut considérer le blogging comme un moyen personnel d’expression et lui donner même la plus futile des ambitions. Mais dans des pays comme le notre, le faite de posséder le privilège d’accéder à l’Internet, d’avoir les capacités techniques et intellectuelles pour présenter une réalité proche de celle que vivent les tunisiens, ne permet pas la futilité et l’auto-persuasion. C’est comme si en voyant arriver le déferlement imminent d’une vague de 30m sur la plage ou on est, tout ce qu’on trouve à faire c’est de construire un château de sable !!

Je vous l’accorde, ils y a des blogueurs qui ont plus de chance que d’autres !! Je vous concède également le fait qu’une personne toute seule devant cette vague de 30m ne pourra rien y faire. Mais bon rester dans l’histoire (pour la petite histoire bien évidemment !) comme celui qui a été emporté par la vague alors qui construisait un château de sable, n’est une perspective réjouissante pour personne !

Alors inchallah marbouha pour Sami, cela ne fera que récompenser un travail considérable qui donne de la consistance à notre très chère blogosphère qui en manque désespérément.

N’oubliez pas de voter pour lui !

mardi 3 octobre 2006

La tête ou le petit orteil ?

Editorial du Libre Tunisien Numéro 4 - 02 Octobre 2006


La tête ou le petit orteil ?

Il est vrai et pour être honnête, dans notre pays, les théories révolutionnaires sont servies à toutes les assiettes et cuisinées à toutes les sauces idéologiques. Chacun mijote son petit plat sur le feu doux de la phraséologie qui, comme chacun la sait, ne mange pas de pain. Mais de toutes les recettes la mixtion servie par les gamelles gauchistes demeure certainement la plus dépourvue de goût.

La grande famille de notre gauche nationale croit dur comme fer que la solution miracle à tous les maux de la société tunisienne, qu’ils soient politiques, économiques ou sociétaux, consiste à s’attaquer directement à la tête du régime. Un soulèvement populaire généralisé, « une révolution », pour utiliser un terme à la mode, qui ébranlerait le pays et décapiterait d’un seul coup le pouvoir en place. Toujours selon les mêmes, sans tête, le régime est sensé s’effondrer comme un château de carte. Le pays se débarrasserait alors, comme par magie, de ce qui fait notre malheur depuis des décennies. Nos institutions joueraient pleinement leurs rôles et un vent de pluralisme et de démocratie soufflerait sur notre belle Tunisie !

Bien évidement, à première vue cette croyance peut paraître séduisante, surtout pour les partisans du moindre effort et tous ceux qui espèrent, le moment venu, être portés par la vague. Cette idée l’aurait été encore plus si les élans révolutionnaires de notre « élite » bien pensante seraient le fruit d’une profonde réflexion nourrie par les spécificités tunisiennes et non mue par les résidus poussiéreux des idéologies par lesquelles ils justifient leurs existences. On aurait certainement adhéré à cette « vision » si on ne connaissait pas, depuis le temps qu’on le subit, la nature profonde du système en place qui, justement, pour se préserver donne l’illusion de tirer sa force de sa tête alors que ce qui fait sa pérennité se sont ses rouages. Enfin, et c’est de loin le facteur le plus déterminant, cette idée aurait gagné en crédibilité si elle aurait acquis, depuis le temps qu’ils l’a professent, une once de crédit aux yeux des tunisiens, premiers concernés par « un soulèvement » dont ils sont censée être la composante principale.

Pour ce « combat », pour le moins ambitieux pour de si minuscules formations politiques, aucun mode d’emploi n’est fourni. Pire encore, rien de se qui prépare un tel événement, à savoir des objectifs clairs élaborés aux seins de structures crédibles et en interaction avec les citoyens et leurs réalités…, n’a été jusqu’alors entrepris. Ils crient à tous ceux qui veulent l’entendre qu’il faut couper la tête mais ils ne savent toujours pas comment ! Quant au pourquoi…évitant les sujets sensibles ! Alors devant l’impuissance de ces « guides révolutionnaires » et de leurs camarades à faire émerger une prise de conscience généralisée de cette nécessité et compte tenu de l’échec cuisant des actions jusqu’alors entreprises à ce titre, il leur est nécessaire de revoir leurs pompeuses prétentions à la baisse.

Alors pour exorciser, ne serait-ce qu’un moment, cette obsession de la décapitation, et à défaut de pouvoir atteindre la tête, ils pourraient bien commencer par se poser la question de savoir à quoi pourrait bien servir le petit orteil ? La question est essentielle en elle-même ! A rien, me direz-vous et vous auriez sans doute raison dans le cas où celui-ci se porte bien et ne soufre d’aucune anomalie. Supposant maintenant que sur ce petit orteil si méprisé, une grosse ampoule c’est formée. Une de celles qu’on développe après une semaine de marche avec des chaussures de fabrication tunisienne, surtout celles qui portent des noms à consonances italiennes. Les atroces souffrances que vous inflige le mal qui affecte cet orteil vous obligent à marcher en vous appuyant sur la partie gauche du pied. Du coup vous attrapez mal sous le gros orteil et sous son coussinet, qui supportent tout le poids du corps au moment de l'appui pour lancer le pas.

Conséquences, terribles mais inévitables, de ce qui précède, vous vous collez une tendinite à la voûte plantaire et une autre au tendon d'Achille en essayant de soulager l'avant du pied. Cela fait si vite si mal que votre cheville en est toute endolorie, tout comme l'extérieur du mollet qui ne tardera pas à souffrir de crampes. Ce qui vous incite à mois appuyer sur la jambe endolorie et vous oblige à marcher en vous déhanchant ! Evidemment vous le ressentez au niveau des genoux et des reins. Aussi tôt se sont les côtes et en suite la nuque qui en souffrent. C’est forcément le moral qui en prend un coup et vous cessez, alors, d’avancer !

Vous l’aurez sans doute compris, loin de vouloir dissuader les amateurs de randonnée pédestre ni ceux des chaussures de fabrication tunisienne aux noms à consonances italiennes, il serait utile et même salutaire pour cette opposition d’admettre que faire la révolution c’est avant tout révolutionner leurs approches du problème. Sur ce sujet malheureusement ils leurs restent beaucoup à apprendre. D’autres, par contre, l’ont déjà compris et se retrouvent par conséquence aux premiers rangs pour récolter, le moment venu, les fruits de leur longanimité…


Pour des raisons d’organisation au sein de la rédaction du Libre Tunisien, la publication de votre mensuel se fera désormais chaque premier Lundi du mois.
Merci pour votre compréhension.


SOMMAIRE :


EDITORIAL………………………………………………page 3

SOCIETE

- Chronique d’une violence ordinaire
Leila Fourati & Chiheb Lakhoua………………….……....page 4

- Censure ! Vous avez dit censure ?
Leila Fourati...........................page 8

- Crédit express, conséquences allongées
Selma Alouani…..............................................................page 9

TRIBUNE…………….……………………………… page 10

AFFAIRES INTERNATIONALES

- La main du Mossad derrière un réseau d’espionnage au Liban
Walid Snoussi...……....….……………………………………page 11

REFLEXIONS ET OPINIONS

- Hypocratie : Le mal tunisien
Malek Khadhraoui........................................................page 13

- Corps A, corps B… l’œcuménisme menacé par une autonomie fantasque
Wafa Khlif…...…..……….……………………………………page 17

- L’option du logiciel libre pour le développement en Tunisie
Sadri Sarray...................................................................page 18

HISTOIRE ET CIVILISATIONS

- Le lourd héritage de « la traite orientale »
Selma Alouani….......……...................................................page 20

CULTURE

- Jean Michel Basquiat : Le peintre maudit
Chiheb Lakhoua…...………………………………………….....page 22

PINCE-SANS-RIRE…………………………………..page 24

Pour lire la suite: Le Libre Tunisien
Bonne lecture

jeudi 20 juillet 2006

Des vacances qui tombent à pic !

jeudi 20 juillet 2006
Le Libre Tunisien

Pour bon nombre de tunisiens, les vacances d’été tombent à pic. En plus de posséder la caractéristique de se reproduire à date fixe, ces vacances présentent en réalité une nécessité réparatrice certaine. Non seulement pour chacun mais pour le pays tout entier. Il est vrai, me diriez-vous, que la Tunisie n’est pas en reste en matière de vacances. De célébrations disproportionnées en horaires « ramadanésques », des sacro-saintes « temps morts », des grandes compétitions sportives internationales en séance unique estivale, les tunisiens ont dors et déjà une conception très élargie de la notion de repos. De cette farnienté institutionnalisée, une grande majorité n’en trouve rien à en redire et trouverait même qu’il y aurait matière à l’améliorer. Dans certains cas, le droit à la paresse n’est pas loin d’être revendiqué !

A l’instar des grands rendez-vous de fainéantise collective, les vacances estivales sont la période d’insouciance préférée des tunisiens. Dés le mois de juillets et les premières heures des journées de travail écourtées, les préoccupations des tunisiens s’adaptent aux exigences de l’époque. Ce qui consiste en somme à penser à comment faire pour profiter autant que son voisin, si non plus, des milles et une joie que promettent les moiteurs de l’été. Cette torpeur volontaire profite à plus d’un. D’abord, le législateur qui en profite généralement, et non sans une certaine lâcheté, pour voter des lois absurdes ou décréter des hausses de prix en cascades sans que cela ne soit le moins du monde contesté. Voter les mêmes lois ou procéder aux mêmes hausses en d’autres périodes de l’année ne susciterait point plus de réactions. Mais pour quoi rompre une si belle tradition républicaine ? Pour ceux qui s’opposent au dit législateur, les mois d’été représentent une trêve intellectuelle salvatrice ! Là aussi, ce n’est pas que leurs propositions constructives fusent pendant le reste de l’année, mais pendant cette période, au moins ils ne sont pas obliger de faire semblant.

Apres la frénésie alimentaire du mois du jeûne, arrive donc, la fièvre festive des mois d’été. Deux mois pendant lesquels l’outrance est élevée en art de vivre ; Deux mois d’excès généralisés. Excès de vitesse, excès d’alcool, excès de violence, excès de soleil, excès de crème glacée et j’en passe. Des excès qui touchent à la santé des tunisiens mais aussi, et d’encore de plus prés, à la santé de leurs portefeuilles. Les familles, qui se relèvent à peine des ardoises des grandes cérémonies festives qui ont ponctué l’année écoulée ainsi que les cours particuliers quasi-obligatoires des examens de fin d’années, affrontent avec beaucoup de courage des nouvelles dépenses souvent disproportionnées par rapport à leurs moyens réels. Cette volonté instinctive de dépenser, certains excellent dans l’art de la canalisée et dans celui d’alléger le vacancier de l’argent que souvent, il ne possède pas. C’est ainsi qu’on voit fleurir des terrasses où on vous propose différentes sortes de boissons qui coûtent jusqu’à 50 fois leurs prix de revient et qu’on met une heure à vous les servir ! C’est ainsi également que certains se bousculent pour déguster des pizzas mi-cuites saupoudrées d’ingrédients, qui n’existent réellement que sur la carte. C’est aussi grâce aux mêmes que d’autres payent le prix fort pour louer une maison qui donne sur la route derrière laquelle se trouvent les maisons d’où l’on aperçoit la mer ! Une mer qui devient de plus en plus inaccessible au commun des mortels.

Les vacances d’été c’est également des millions de touristes en sandales et chaussettes blanches qui débarquent sur nos plages et interdisent à leurs insu l’accès aux hôtels au plus part des tunisiens. A part quelques privilégiés et pour la plus grande majorité des tunisiens, obtenir une chambre d’hôtel ou même pouvoir se débarbouiller dans la piscine pendant la haute saison relève du miracle ou tout du moins d’un grand sacrifice financier. Pourtant, les tunisiens n’en veulent pas aux hôteliers qui eux, par leurs pratiques discriminatoires, semblent leur en vouloir et pas seulement aux avocats d’entre eux. Par ailleurs, la moindre baisse de régime dans les réservations des tours opérateurs étrangers et les mêmes hôteliers se transforment en véritables amis du peuple en lui proposant de profiter de la grande tradition hôtelière tunisienne à des prix abordables d’habitude réservés à nos hôtes. Avec 318 US $ dépensés par touriste, les tunisiens n’auront qu’à ne pas déroger à leurs habitudes pour faire mieux.

Mais les vacances estivales c’est aussi et surtout, le retour au pays pour des centaines de milliers de nos compatriotes vivants à l’étranger. Après une année de dur labeur, les tunisiens en mal de pays, reviennent d’année en année se soulager de leurs économies patiemment constituées. Ce n’est ni l’économie tunisienne ni les familles et les proches qui se plaindront ! Mais au-delà, des considérations financières, c’est principalement un moment de retrouvaille privilégié. C’est d’autant plus primordial que s’il gagne en sincérité et en franchise il nous permettrait de mieux voir notre réalité que l’on vie en Tunisie ou ailleurs dans le monde. Ceux vivant en Tunisie arrêteraient de fantasmer de l’eldorado occidental à travers le niveau de vie des émigrés en vacances, qui est généralement loin d’être le leur durant le reste de l’année. Ces même tunisiens expatriés chercheraient plus à regarder derrière l’armada de mesures et de directives que le régime en place déploie pour leur laisser le meilleur souvenir de leurs vacances et d’occulter ainsi, le temps d’une baignade, sa vrai nature.


Bon nombres de ceux qui contribuent à l’élaboration du mensuel Le Libre Tunisien n’échappent pas aux exigences de ce grand rendez-vous estival. Pour cela et en concertation avec tous les rédacteurs, nous avons décidé de suspendre la publication du mensuel pour les mois de juillet et août, et permettre ainsi à toutes et à tous de faire le plein de famille, le plein d’énergie et surtout le plein de Tunisie si chère à nous tous.



Le Libre Tunisien

vendredi 14 juillet 2006

vendredi 7 juillet 2006

Quolibets de Trottoirs

Un groupe de jeunes révoltés, une idée folle et le trottoir comme QG. Tels sont les éléments du magazine Al-Rassif, une publication hors normes éditée et publiée dans des circonstances particulières.


«cher lecteur, si par hasard, notre magazine tombe entre vos mains, vous êtes autorisé à le photocopier et le distribuer à tous vos amis. Al-Rassif (Le trottoir) appartient à tout le monde. Vous pouvez aussi mettre son contenu sur un site Internet. Nous apprécierons la coopération de tous les intellectuels arabes, même si leurs écrits dépassent toutes les lignes rouges. Les portes de notre magazine sont grandes ouvertes à toute personne qui lutte pour la liberté. Nous encourageons aussi tous ceux qui désirent publier d’autres magazines sous le même nom et dans les quatre coins du monde. Car, sur le trottoir de leurs pays, ils découvriront de vrais artistes, intellectuels et créateurs … ». L’éditorial du numéro 10 d’Al-Rassif annonce la couleur. Non aux stéréotypes et les lois qui gèrent le journalisme, que ce soit du point de vue forme ou contenu, tel est le mot d’ordre de la publication. Celle-ci est tout à fait artisanale en quelque sorte. Al-Rassif est un magazine d’une trentaine de pages écrites à la main ou sur ordinateur et ensuite photocopiées. La une est faite des titres des plus importants articles publiés dedans.

A l’intérieur, nous pouvons remarquer quelques photos prises à l’aide d’un appareil photo rudimentaire ou quelques illustrations esquissées à la main, le tout en noir et blanc. Sans oublier que ces illustrations sont faites parfois par de grands artistes. Aucune loi ne gère cette publication. Le nombre de pages peut atteindre les cinquante et peut être réduit à un ou deux feuillets. Certains articles sont rédigés à la main, d’autres sont tapés à la machine à écrire. Tout dépend du budget.

Mais, une chose est certaine : peu importe la mise en page, le contenu sera acerbe. C’est là en fait le but de sa création, déballer ce qu’on a sur le cœur sans être censuré et donner libre cours à son imagination. Dans les articles, tout est permis. De l’insinuation aux insultes et ce, en citant les noms des personnes mises en cause sans se soucier de leur position. Nul n’est épargné, même le lecteur peut se trouver l’objet d’une injure. Il est qualifié dans un article d’« apathique » pour sa passivité.

On s’étonne, en parcourant les pages, comment l’équipe a eu le courage de parler avec un ton aussi osé, voire insolent. Mais, comme ils le disent tous : « On est déjà sur le trottoir, qu’est-ce qui peut nous arriver de plus ? ».

Tout a commencé ici. Sur ce trottoir du café Zahret Al-Bostane, le café des écrivains et artistes, comme l’affiche son enseigne. Dans cet établissement du centre-ville, l’ambiance est impressionnante. Un amalgame de personnes qui, à première vue, semblent ne rien avoir en commun. Les uns suivent les matchs de la Coupe du monde, les autres discutent ou jouent aux dominos, d’autres assis en solitaire suivent du regard les passants comme des indics. En s’arrêtant, on arrive à reconnaître quelques visages familiers d’écrivains, peintres et journalistes. Les chaises sont éparpillées sur les deux trottoirs opposés. Quelques-unes se dressent dans la rue à cause de la cohue.

Réunion à ciel ouvert
Du côté droit, on peut remarquer un groupe de jeunes en train de discuter à haute voix. C’est en fait la réunion de rédaction du magazine Al-Rassif. Une réunion qui n’a pas d’horaire fixe. « On s’appelle sur le portable, on se fixe rendez-vous ici, et on commence à travailler », dit Sameh Qassem, directeur de la publication.

Le magazine est fait de A à Z sur ce trottoir du centre-ville. Sur deux tables du café, ils étalent leurs outils. A savoir, quelques feuilles de papier blanc, des stylos, des règles, des attache-papiers et une petite caméra pour prendre quelques photos. Tout se fait ici. Le choix des articles, la rédaction, la mise en page. Et si jamais on décide de taper quelques pages sur ordinateur, on le fait dans le bureau adjacent au café. De plus, les portraits publiés dans le magazine ne sont que des visages de la rue. Des personnes de passage telles que la vendeuse de mouchoirs, le mendiant du coin, le serveur du café ou le gardien de voitures. Ces personnes marginalisées sont les invités d’Al-Rassif et elles peuvent aussi jouer un rôle plus important. Samah, la vendeuse de mouchoirs qui sillonne les rues du centre-ville, est actuellement la responsable de la distribution d’Al-Rassif. Elle le vend à 2,5 L.E. contre cinquante piastres qu’elle empoche par exemplaire.

« Nous distribuons 500 photocopies et nous demandons aux lecteurs de nous aider dans la distribution, en le faisant circuler de main en main car nos moyens modestes ne nous permettent pas de publier un grand nombre d’exemplaires », dit Saadani Al-Salamouni, rédacteur en chef du magazine. Saadani est le moteur d’Al-Rassif, l’homme-clé, le cerveau mais aussi le polyvalent.

Une figure à part

Al-Rassif est, pour Saadani, toute sa vie. Cela fait plus de 15 ans qu’il s’est installé ici depuis qu’il a quitté son village natal à Ménoufiya, dans le Delta. Il a travaillé comme menuisier et fut analphabète jusqu’à l’âge de 27 ans.

« C’est lorsque j’ai appris à lire et à écrire que j’ai commencé à composer des poèmes », dit-il. C’est à partir de ce moment-là que Saadani a découvert ses talents de poète. Sa poésie a dépassé les frontières de son pays et est traduite dans plusieurs langues. En Allemagne, on le considère comme l’un des plus grands poètes du monde arabe de ce siècle et ses poèmes sont étudiés dans des universités européennes de renommée, affirme-t-il en montrant un ouvrage en allemand où il figure. Un cas particulier et un style de vie exceptionnel. Un nomade, qui passe tout son temps sur le trottoir. « Ce trottoir est le seul endroit qui m’a accueilli lorsque je suis venu pour découvrir la capitale. Nous appartenons l’un à l’autre », dit Saadani. Depuis ce jour, Saadani n’a pas cessé de faire des découvertes sur ce trottoir, le centre-ville, les personnes qui fréquentent le lieu, et les intellectuels … Mais, il y a une réalité qui l’a choqué le plus. « Je pensais qu’en venant au Caire, j’allais découvrir le paradis. Avec le temps, j’ai constaté à quel point il s’agit d’une société fermée sur elle-même, intolérante, austère et qui rejette les nouveaux venus », explique-t-il.

Les portes de toutes les institutions lui sont restées fermées. « Je n’ai trouvé refuge que dans les mosquées, les jardins publics, les cafés et les bars. J’ai essayé de travailler dans l’un des journaux présents sur scène, mais sans y parvenir. Il faut d’autres calculs dont le plus important est celui du piston. J’ai donc compris que seul le trottoir était capable de m’accueillir et d’être la tribune de mes idées ».

C’est ainsi que l’idée de son magazine est née. Le premier numéro composé de deux feuillets est sorti lors de la dernière Foire du livre. Saadani a profité de ce grand événement pour distribuer sa publication aux invités de la foire. Ce qui a surpris beaucoup de monde.

Sur le trottoir, il a croisé des gens de tout bord. Du criminel au philosophe, de la prostituée au chômeur. Il a aussi rencontré des jeunes de toutes les tendances qui croient en ses idées rebelles et même des écrivains, des journalistes et des peintres. Et au fil des ans, sa popularité n’a cessé de croître et ses admirateurs aussi. Des poètes, des représentants de maisons d’éditions étrangères viennent le voir ici pour lui demander de publier ses écrits. Telle une star, il a transformé son trottoir en un siège permanent pour son magazine. « J’ai reçu ici des ministres arabes, des bâtonniers, qui ont lu mon magazine et l’ont apprécié », se vante Saadani.

Faire des vocations

Ahlam Fikri est une jeune peintre. Elle vient de clore son exposition à l’Atelier du Caire. C’est elle qui va exécuter les illustrations du numéro prochain. Cliente du café, elle y a fait la connaissance de Saadani. « J’ai voulu exprimer dans ce magazine l’injustice dont fait l’objet la nouvelle génération de peintres qui n’arrivent pas à faire découvrir leurs talents au grand public. Legrandes salles d’expositions sont monopolisées par de grands noms. Telle est la loi qui gère le milieu culturel », s’indigne Ahlam.

Un cri contre l’injustice. Telle est la philosophie d’Al-Rassif, même si les idées peuvent paraître un peu exagérées. « Sur le trottoir, il y a des trésors, des talents certains dont personne ne connaît l’existence. L’objectif de notre magazine, c’est de les faire dévoiler », dit Saadani.

Sameh Qassem est un jeune journaliste dans le magazine Rose Al-Youssef et le journal Al-Osboue. Ce diplômé de la faculté de sciences politiques a trouvé dans le magazine Al-Rassif la liberté d’expression dont il a toujours rêvé. Mais, depuis qu’il a rejoint l’équipe d’Al-Rassif, sa vie a été chamboulée. « On m’a menacé de licenciement et l’on m’a fait savoir que si je continuais à écrire dans ce magazine, je ne pourrais pas être membre du Syndicat des journalistes », dit Sameh. Des menaces qui inquiètent ce père de famille, qui a besoin de sauvegarder son métier pour subsister. Uuuuuune peur qui plane de temps à autre parmi l’équipe mais qui ne réduit en rien la volonté de Saadani. « Même si je devais l’éditer tout seul, je ne m’arrêterais jamais ».

Mais, la seule menace qui risque de l’empêcher de continuer, c’est le manque de ressources. Il avait en fait vendu l’appartement qu’il possédait à Ménoufiya à 10 000 L.E. Une somme qu’il a dépensée entièrement pour la publication des 10 numéros d’Al-Rassif. Aujourd’hui, l’argent dépensé, son plus grand défi c’est de trouver quelqu’un pour sponsoriser son magazine. Un rêve presque impossible. Car il s’agit d’un magazine qui dérange. Dans son dernier numéro par exemple, Saadani avait mené une campagne contre le célèbre poète Ahmad Fouad Negm l’accusant de gagner sa vie grâce aux aides des hommes d’affaires. Et dans chaque numéro, une bataille différente. Une fois contre le pouvoir et ses symboles, une autre fois contre les Etats-Unis.

Le trottoir d’en face

Mais, ces attaques semblent avoir porté un écho. Mars 2006, Al-Rassif Al-Moqabel (le trottoir d’en face) est né. Un magazine publié par Abdou Al-Baramaoui, une personne qui, poussée par la colère, décide de répondre aux provocations de Saadani. « Il a porté atteinte à de grands symboles de la vie culturelle tels que Ahmad Fouad Negm. Nous ne pouvions rester les bras croisés », dit Mohamad Haridi, responsable de l’imprimerie d’Al-Rassif Al-Moqabel dont deux numéros seulement ont vu le jour, intellectuel et écrivain d’apparence plus sérieuse que Salamouni. « Il n’y aura pas d’autres. Nous avons voulu tout simplement nous venger ». Pour éditer leurs deux numéros, l’équipe d’Al-Rassif Al-Moqabel s’est installée sur le trottoir d’en face de celui de Saadani cernant le café Al-Boustane.

« Nous avons baptisé ce trottoir al-manassa, une estrade, nous avons aussi rédigé nos articles à la main et avons photocopié le magazine. Pour nous, tout ce qui comptait, c’est qu’il tombe entre les mains de Saadani et ses collaborateurs », dit Haridi. Lui, d’ailleurs ouvrier d’imprimerie, prépare son propre journal artisanal. Son but est de changer « les stéréotypes souvent basés sur les apparences trompeuses ».

Cette presse aux critères particuliers, au nombre de lecteurs restreint, aux lois de gestion et de publication originales, ne semble pas un phénomène nouveau. On l’appelle la presse parallèle, la presse du peuple. L’histoire dit que des dizaines de publications de ce genre ont vu le jour en Egypte. Dans les années 1970 et 80, des magazines de ce genre, écrits à la main, ont été conçus sur les trottoirs, les terrasses des immeubles et même dans certains bars. La plupart d’entre eux appartenaient à des personnes de tendance de gauche tels que Harakat (mouvements), 12 février, en mémoire du massacre de Bahr Al-Baqar, Afaq (horizons), Khatwa (étape), Aswat 79 (les voix de 79). Edités par des écrivains, cinéastes, activistes ou simples citoyens, ces magazines exprimaient en toute liberté les opinions et les idées de leurs auteurs. La plupart d’eux n’ont pas dépassé un ou deux numéros. C’est ce qui fait d’Al-Rassif un cas. Et même s’il n’y aura pas de prochain numéro, son nom est marqué dans la mémoire de la presse de la rue, la presse des marginalisés.

Amira Doss