jeudi 23 février 2006

L'extraordinaire pouvoir des mots

J’ai, dernièrement, revu, avec beaucoup de plaisir, un film qui a marqué à jamais ma mémoire cinématographique. A ma grande surprise, l’émotion de la première fois était intacte. Sur fond de paysages magnifiques et des histoires d’amour et d’amitié simples et touchantes, le réalisateur signe par ce film, une apaisante ode à la vie et un plaidoyer virtuose pour l’extraordinaire pouvoir des mots.

Un village perdu de pêcheurs, à Salina, l'une des îles Lipari, des façades aux couleurs délavées sous un soleil aveuglant, et puis des intérieurs obscurs et pauvres. Il ne s'agit pas d'un vieux film néo-réaliste, mais d'une fable en images, le Facteur, de Michael Radford, librement adapté du beau récit, Une ardente patience, de l'écrivain chilien, Antonio Skarmeta.

Mario Ruoppolo n’aime pas faire le pêcheur ! Ça lui donne des rhumes ! Mais que faire d’autre quand on est fils de pêcheur sur une petite île du sud de l’Italie pendant les années 50 ? Mario cherche donc une nouvelle occupation et la trouve chez la poste qui cherche « un facteur auxiliaire avec bicyclette ». Muni de sa monture Mario s’y rend sans attendre et est aussitôt embauché. À sa grande surprise son seul client n’est rien d’autre que le grand poète chilien, Pablo Neruda, exilé sur l’île pour échapper au régime militaire de son pays.

Au fil des visites quotidiennes, une sorte de communauté d'intérêt s'instaure naturellement entre les deux hommes, l’un, simple et maladroit sachant tout juste lire et écrire, l’autre, futur prix Nobel et poète préféré des femmes. La sacralité que Mario confère aux mots les plus simples était un élément favorable à une rencontre entre eux. Peu à peu, Mario, sensible, timide et maladroit, questionne Neruda sur cette poésie qui soulève les peuples et rend folles d’amour toutes les femmes et par-dessus tout, l’intrigue tant, et finit par lui demander : "Come si diventa poeta?" (Comment devient-on poète ?).

Ce n’est donc pas par hasard que le terme « métaphore » a scellé une amitié entre eux. Il est énoncé un beau jour par le poète: les yeux du facteur s'écarquillent de stupéfaction devant ce mot « compliqué » destiné à évoquer une réalité familière. Son admiration pour le maître grandit aussi vite que sa soif d’être poète. Il suit à la lettre les conseils de don Pablo, mais il se rend compte de n’être qu’un piètre rimailleur et que même si il savait maintenant le sens du terme « métaphore », il ne savait pas pour autant en faire. Ce à quoi Neruda répond : « mieux vaut mal dire quelque chose dont on est convaincu, que d’être poète et savoir bien dire ce que les autres veulent vous faire dire ». Distant au départ, Neruda se prend peu à peu au jeu de l’amitié en récitant à Mario sur une plage au pied d’une falaise dans un moment de communion, une Ode à la mer :

Ici dans l'île
la mer
et quelle étendue!

sort hors de soi
à chaque instant,
en disant oui, en disant non,
non et non et non,
en disant oui, en bleu,
en écume, en galop,
en disant non, et non.
Elle ne peut rester tranquille,
je me nomme la mer, répète-t-elle
en frappant une pierre
sans arriver à la convaincre,
alors
avec sept langues vertes
de sept chiens verts,
de sept tigres verts,
de sept mers vertes,
elle la parcourt, l'embrasse,
l'humidifie
et elle se frappe la poitrine
en répétant son nom…


Mario s’est senti « comme un bateau..., touché par les mots », sans se rendre compte qu’il venait de faire une métaphore. Quand Don Pablo, le lui a dit, ses yeux ont brillé de satisfaction et de reconnaissance. Il été fier de lui mais au même temps gêné pour tant d’insolence.

Toutefois, si les pouvoirs de la métaphore sont infinis, cet art magique ne s'apprend pas en un jour et Mario, pris par l'urgence de séduire la jolie Béatrice Russo aux yeux de braises et serveuse de la gargote du village, est contraint d'emprunter les images de Neruda, et à ce dernier, un peu froissé de ce plagiat, Mario, qui décidément assimile tout de son maître - même son idéal politique - réplique imperturbable que « la poésie appartient à celui qui s'en sert et non à celui qui l'écrit » !

Les métaphores « empruntées » par notre apprenti-poète, déclenchent un ouragan sur le village endormi, ils font d'une Béatrice tigresse, une proie consentante. Sa mère a manqué de s’évanouir quand elle lui a annonçait que Mario lui avait dit que son « sourire se déploie comme un papillon » et le curé du village n’on croyait pas ces yeux à la lecture du manuscrit découvert entre les seins magnifiques de Béatrice qui parlait de son « corps nu » et de ses seins « semblables à des flammes ». La matrone et patronne du bar du village, part en croisade familiale pour sauver son honneur menacé, et finalement apportent à Mario le mariage espéré.

Après le départ de l'écrivain Mario a appliqué scrupuleusement les conseils de son mentor d’« observer ce qu’il a autour de lui » et en a fait une règle de vie. Il a observé et enregistré pour Neruda et ses amis de la Pampa: la vaguelette sur la plage de son île, la grosse vague sur les rochers, le vent dans les buissons, la tempête dans la colline, etc.jusqu'aux battements du coeur de son fils dans le ventre de Béatrice...et puis aussi une grande manifestation communiste à Naples, où il devait lire ses poésies, et puis la charge des CRS et puis plus rien du tout: il fut piétiné et tué.

Philippe Noiret, dont la ressemblance avec le poète sert à merveille le rôle, campe un Neruda convaincant, sobre et discret. Maria Grazia Cucinotta est une Beatrice mystérieuse, provocante et fragile. Mais c’est l’interprétation bouleversante de Massimo Troisi qui donne au film sa poésie dans une beauté simple et authentique. Son visage ascétique exprime à merveille la naïveté et l’humilité, l’admiration et le respect face au grand poète. Cela est d’autant plus émouvant en sachant que ce fut le dernier rôle de l’acteur, décédé quelques heures après la fin du tournage.

La fin tragique de ce chef d’œuvre du cinéma franco-italien, n’enlève rien aux sentiments de légèreté et de béatitude dégagés par ce voyage féerique dans le monde des mots. Car au-delà de cette belle amitié qui lie le poète au facteur et plus présent encore que l’histoire d’amour simple et silencieuse entre Mario et Béatrice, se sont les mots, les mots qui ne meurent pas, les mots qui transcendent l’homme et font jaillir la conscience, qui sont les personnages principaux du film. Alors, regardez autrement, pour voir autre chose: déplacez ce que vous pouvez et comme vous pouvez, l'art de la métaphore est une nécessité vitale.

A voir et à revoir.

dimanche 12 février 2006

Abdelghaffar Guiza en Danger de mort





Comité international de soutien aux internautes de Zarzis Présidente : Hélène Flautre, Parlementaire européen Porte Parole : Térésa Chopin, mère d’Omar Chlendi www.zarzis.org

Communiqué

Abdelghaffar Guiza en danger de mort

Nous apprenons que l’état de santé de Abdelghaffar Guiza, l’un des « internautes de Zarzis », s’est considérablement aggravé ces derniers temps au point que sa famille craint pour sa vie. Ni son transfert à l’hôpital pour quelques jours, ni les soins qui lui sont actuellement prodigués ne peuvent améliorer son état de santé qui nécessite un transfert immédiat dans une unité de soins appropriée.

Nous rappelons que la tuberculose dont souffre Abdelghaffar Guiza a empiré suite aux mauvaises conditions de détention et à la privation de ses médicaments. Il a mené plusieurs grèves de la faim (cf. communiqué du 21.11.05) en protestation contre le refus de l’administration pénitentiaire de le faire bénéficier de ses droits les plus élémentaires aux soins et à l’assistance médicale qu’il ne cessait de réclamer vu la grave détérioration de son état de santé allant jusqu’au vomissement de sang. Début novembre, il avait été admis au service de pneumologie de l’hôpital de l’Ariana sans qu’aucun membre de sa famille n’ait été informé, puis renvoyé en prison où il avait entamé une nouvelle grève de la faim.

Le Comité international de soutien aux internautes de Zarzis lance un appel aux autorités tunisiennes pour que Abdelghaffar Guiza reçoive dans l’urgence les soins appropriés à son état de santé. Il considère que l’Etat tunisien, en ignorant les appels de Abdelghaffar Guiza et de sa famille, prend la responsabilité des conséquences que ce refus peut avoir sur la santé et sur la vie de ce détenu. Il rappelle les conditions inhumaines de détention de Abdelghaffar Guiza et de ses camarades, entraînant la détérioration de leur état de santé, comme le prouve le cas de Omar Chlendi enfermé avec 100 autres détenus dans une cellule de 90 m2, et dont le genou nécessite une opération urgente (cf. rapport de visite de sa mère du 6 février 2006). Il appelle les organisations nationales et internationales à œuvrer en faveur de la libération de ces six internautes condamnés, sans preuve, au cours du même procès, le 6 juillet 2004, à 13 ans de prison, pour le seul « crime » d’avoir surfé sur internet.

Fait à Paris, le 11 février 2006

Pour le Comité Térésa Chopin, Porte parole Et mère d’Omar Chlendi

Contactez le comité de soutient (France)



jeudi 9 février 2006

Les vraies fausses caricatures qui ont enflammé le monde musulman

Il est maintenant établi que les réactions démesurées qui ont accompagné le « caricaturegate », sont loin d’être spontanées. La trame telle qu’on la voit aujourd’hui, a commencé à se dessiner depuis l’été 2005 l’osque Kaare Bluitgen, auteur d’un livre sur la vie du prophète Mohamed se hurtat à l’autocensure en cherchant un illustrateur pour son livre« Koranen og profeten Muhammeds liv » (le coran et la vie du prophète Mahomet). Le meurtre de Théo Van Gogh étant encore dans les esprits, toutes les personnes contactés par l’auteur, déclinèrent sa demande. C’est alors que le quotidien danois le Jyllands-Posten se décida de lancer un appel à une quarantaine de caricaturistes et dessinateurs danois pour faire des portraits du prophète. Douze parmi la quarantaine sollicités, envoyèrent leurs dessins, tous publiés dans l’édition du 30 septembre sous le nom « les douze visages de Mahomet ». Au moment de leur publication, et selon l’avis de toute la profession au Danemark, les caricatures étaient aussi « médiocres » qu’inutiles. Mais c’était sans compter sur les responsables de la communauté musulmane du pays, qui se précipitèrent pour exiger des excuses officielles du Danemark qu’ils ne parviennent pas à obtenir. Ils se dirigèrent alors vers les ambassades des pays musulmans qui envoyèrent à leur tour une « déclaration commune de protestation » à l’attention du premier ministre danois qui jugea inutile de les recevoir.

C’est la que surgit un personnage obscure répondant au nom de Ahmed Abdel Rahman Abu Laban, se présentant comme étant l’imam principal du Danemark. Le 20 novembre 2005, Abou Laban, à la tête d’un collectif de 21 organisations musulmanes danoises, entreprit une tournée dans les pays musulmans ou il rencontra plusieurs grandes personnalités arabes et musulmanes dont le secrétaire général de la ligue arabe, Amr Moussa, Mohamed Sayyed Tahtawi, le grand imam de l’université d’Al-Azhar ainsi que le sheikh sunnite, très influent, Yusuf al-Qaradawi. « L’imam principal de danemark », présenta, alors à ces interlocuteurs un rapport de 43 pages illustrés par 15 dessins présentés comme étant ceux du quotidien danois. Parmi ces images, il y avait effectivement les 12 caricatures du journal mais également 3 autres images jamais publiées sur aucun journal et qui sont, selon toute vrai semblance, entièrement crées pour l’occasion. En plus de la médiocrité flagrante des caricatures, une des images présentées, représentant un homme avec un accoutrement de cochon sur le visage et une légende qui le désigne comme étant le prophète, sort directement d’un site Internet qui relate les faits d’un concours d’imitation de cochons. Selon le quai d’Orsay, qui confirme l’existence des ces trois images supplémentaires, se sont justement celles-ci, par leurs caractères franchement insultant et dégradant, qui ont le plus contribué à alimenter la polémique. Par ailleurs l’existence de ces trois images n’a pas été démentie par les responsables de cette virée explicative. Ahmad Akkari, porte parole des 21 organisations musulmanes danoises protestataires, explique que « ces images ont été ajoutées pour montrer comme l’atmosphère au Danemark est détestable pour les musulmans ». Akkari affirme qu’il ne connaissait pas l’origine de ces photos et rajoute qu’elles avaient été envoyées à des musulmans danois, dont il refuse de révéler l’identité aux journalistes du Ekstra Bladet.

La suite on la connaît tous. Chacun à profiter de cette occasion pour mettre de l’eau dans son moulin et servir sa propre politique. Chacun a vu dans cette affaire le moyen de paraître plus royaliste que le roi, moyen dérisoire pour prolonger encore de quelque temps leurs règnes affaiblis. Mais derrière la fumée des ambassades brûlées, les portes drapeaux de l’obscurantisme se gaussent, en comptant les jours, les mois, les années…


Voici un scan des 3 images incriminées, extraites du rapport d’Abou Laban



Ames sensibles, s’abstenir.


mercredi 8 février 2006

Les Caricatures "sataniques" du Canard enchaîné

Contrairement à son confrère Charlie Hebdo, qui a choisi de verser dans la provocation inutile et pathétique, défendant une liberté de « provocation » qui n’apporte rien au débat, Le Canard enchaîné a, quant à lui, préféré la caricature utile, celle qui, mieux que tous les discours, nous fait réfléchir.

Une fois n'est pas coutume, la phrase de la semaine nous vient de Sarkozy :

"Je préfère des excès de caricatures, que des excès de censure"



Le Canard enchaîné du mercredi 08 février 2006





























































































































































































































lundi 6 février 2006

Petits calculs entre amis

Les caricatures « blasphématoires » parues le 21 Janvier dans le journal danois Jylands-Poster mettant en scène le prophète Mohamed, ont provoqué et provoquent encore, un tollé dans les rues musulmanes et une crise diplomatique aigue entre la Norvège et le Danemark d’un coté et les pays arabo-musulmans de l’autre. Une crise qui prend une dimension internationale pour se transformer en un affrontement arabo-occidental. Du pain béni pour tous ceux qui nous prédisent la guerre des civilisations et une occasion de plus pour nos dirigeants de manipuler à volonté les sentiments de la rue de nos sociétés musulmanes. La légitimité de l’indignation des musulmans dans le monde n’est bien sur pas à contester. Il ne s’agit donc point de mettre en cause la sincérité de leurs réactions, mais en dépassant la question des susceptibilités individuelles ou communautaires, il devient évident que cette opération médiatique est le fruit d’une campagne savamment orchestrée par les uns et les autres chacun selon son intérêt et chacun selon son petit calcul d’épicier.

Il n’est pas à rappeler que pratiquement 5 mois avant l’appel de l’union internationale des Oulémas musulmans de boycotter « les produits et les activités danoises et norvégiennes » la première publication des caricatures incriminées dans le journal norvégien Magazinet est passée presque inaperçue. Ce n’est donc qu’après le refus des autorités norvégienne et danoises de présenter des excuses officielles après la republication des caricatures par le Jylands-Poster, que la machine c’est rapidement emballée. Refus, prévisible, qui tombait à-pic dans un contexte géopolitique spécifique qui n’a pas échappé aux dirigeants des pays arabo-musulmans qui se sont allégrement engouffrés dans la brèche pour faire de cette polémique un vrai cheval de batail. Il est alors aisé de comprendre les motivations sous-jacentes et peut être même principales, des uns et des autres. Sur fond de crise nucléaire latente et d’élections législatives palestinienne mouvementées, la crise actuelle ressemble dans les faits à un bras de fer stratégique et des manœuvres qui relèvent de la politique intérieure et internationale des pays arabes et musulmans protagonistes de cette affaire.

L’un des premiers pays à réagir officiellement depuis la date de la republication des caricatures, est l’Iran. L’Iran qui, justement, se trouve être sous les feux de la critique internationale pour la reprise de son programme nucléaire et cela contre l’avis de AIEA. Les critiques se sont d’ailleurs intensifiées durant le mois de janvier avec la menace d’une résolution au conseil de sécurité de l’ONU. L’Europe qui menait, jusqu’alors les négociations, a finalement réussit à isoler l’Iran en ralliant à leur cause la Chine et la Russie, alliées stratégique de cette dernière. Situation qui a obligé les autorités Iraniennes à se préparer à l’éventualité de faire face à des sanctions économiques en transférant leurs avoirs européens dans des banques « sûres » et en augmentant leurs réserves stratégiques en pétrole qui sera sans aucun doute un point crucial dans ce bras de fer. Bien que 4éme producteur mondial de pétrole, l’Iran ne pourra pas se passer des pétrodollars très longtemps que ce soit pour sa propre économie ou pour continuer à financer son coûteux programme d’enrichissement de l’uranium. La situation actuelle risque donc d’avoir des répercutions désastreuses sur les finances du pays et surtout sur ceux du peuple Iranien. Les plus modérés au sein du pouvoir, craignent les conséquences de cette radicalisation de la position officielle de leur pays et redoutent le mécontentement du peuple iranien suite à des éventuelles sanctions économiques de la part de L’ONU qui isolerait encore plus le pays alors que dans sa majorité, la rue Iranienne, est favorable à une normalisation des relations avec la communauté internationale. Le président Iranien, ne pouvait pas mieux trouver comme occasion pour galvaniser le moral du peuple et obtenir ainsi son soutient inconditionnel à sa cause. En politisant cette crise et en présentant les européens en particulier et les occidentaux en générale comme ennemis des musulmans, il s’assure le soutient de la rue et marginalise par la même occasion ceux qui appellent à la modération et à la négociation. D’un autre coté, en faisant cause commune avec les pays arabes et notamment l’Arabie Saoudite, Les dirigeants iraniens en profitent pour améliorer leurs relations avec leurs frères dans l’islam et espérer ainsi les rallier à leur cause dans le dossier du nucléaire surtout que ces derniers redoutent secrètement, les avancées du programme iranien. Un tel rapprochement permettrait en effet de dissiper leurs peurs quant aux ambitions iraniennes dans la région en rappelant au pays arabes qu’ils sont, malgré leurs différents historiques, dans le même camp.

Un autre fait marquant, confirme le manque de sincérité et la manipulation politicienne - pour ne pas dire populiste - de certains acteurs de cette campagne, à savoir la réaction démesurée des groupes armés palestiniens proches du Fatah et à leur tête les Brigades d’El Aqsa. Depuis le début de cette polémique les groupes et corpuscules armés ont rivalisé de rhétoriques guerrières et de parades spectaculaires qui ont largement contribué à alimenter la colère de la rue palestinienne. Les hostilités ont commencé avec les appels au boycotte des produit danois et norvégiens pour évoluer crescendo et arriver aux menaces de mort envers les ressortissants européens surtout après les publications des dites caricatures dans certains journaux français en solidarité avec leurs confrères scandinaves. La mission de l’union européenne a même été contrainte de fermer, encerclé par des homme en armes proche du Fatah. Devant ces manifestations de colère, la réaction du Hamas, grand vainqueur des dernières législatives, semble être mesurée et même assez prudentes, surtout connaissant leurs rhétoriques habituelles dans tels circonstances. le Hamas, selon toute vraisemblance, joue la carte de la prudence alors que les regards sont focalisés sur lui, le Fatah quant à lui, et par l’intermédiaire des ces brigades armées profite de la situation pour reconquérir la rue palestinienne. Discrédité lors de ces élections et traînant une réputation de vendu aux occidentaux, le Fatah joue la fibre patriotique et se positionne en défenseur de l’islam et des musulmans. Apres avoir perdu le soutient populaire des palestiniens, il tente de paraître plus proche de leurs préoccupations. Le Fatah, espère également user de cette crise comme un argument dans les négociations entre l’autorité palestinienne et les instances européennes concernant le dossier des aides au budget et au développement, mais aussi dans les négociations avec le Hamas pour la formation du nouveau gouvernement.

Mais la palme d’or de l’opportunisme et de la mauvaise foi, est récoltée, haut la main, par les dirigeants des républiques bananières et autres pétromonarchies arabes qui rivalisent de mesures spectaculaires comme le rappel de certains ambassadeurs et la menace d’annulation de contrats commerciaux avec les pays « incriminés ». Les portes paroles de ces pays arabes ne tarissent pas de reproches et d’indignations à l’encontre des dirigeants et officiels de la Norvège, du Danemark et dernièrement de la France. C’est la ou leurs manœuvres pathétiques révèlent des arrières pensées politiciennes. Quelle occasion plus propice pour amadouer leurs peuples qui ont entièrement perdu confiance dans les bonnes intentions de leurs gouvernants. En adressant leurs reproches et leurs demandes d’excuses officielles, les dirigeants arabes offusqués s’avaient pertinemment que la réponse naturelle des officiels occidentaux et de refuser. Comme si les politiques dans les pays ou la liberté d’expression est une valeur sacrée, pouvait dans les faits imposer aux médias une ligne de conduite. On choisissant la voie officielle les dirigeants arbes voulais pertinemment l’empoisonnement de la situation. Aussi incroyable que cela puisse paraître l’embrasement actuel des rues arabo-musulmanes a été, selon toute vraisemblance, espéré et même prémédité. On se basant sur le principe par le quel ils ont toujours gouverné : le désordre appel à l’ordre et l’ordre justifie les restrictions. Ce n’est donc pas pour rien que la rhétorique utilisée est une attaque en règle contre la liberté d’expression qui représente – chose qu’il ne faut pas oublier – leur pire ennemi. Cette « affaire » des caricatures a été une aubaine pour ceux qui sont les ennemis de l’émancipation de leurs peuples. Elle donnera sûrement des arguments nouveaux pour des nouvelles lois liberticides et à encore plus de restrictions dans la liberté de la presse. En adaptant cette position les dirigeants et monarques arabo-musulmans, espèrent également, jouer sur le terrain des extrémistes religieux qui prennent de plus en plus de place dans les sociétés arabes. En employant le lexique, communément utilisé par ceux qui espèrent la guerre idéologique et des fois militaire contre l’occident, ils espèrent reprendre la main dans des sociétés de plus en plus fanatisées. Radicalisation, dont ils sont en grande partie responsable par la restriction des champs des libertés pour une expression religieuse apaisée, en harmonie avec notre époque.

Alors que la voix de la raison aurait appelé à une protestation citoyenne pacifique en ayant recours à la justice de ces pays, seule apte à juger du caractère blasphématoire ou insultant de ces caricatures, pour interdire ces publications, les brillants esprits qui nous gouvernent ont encore une fois préférer la démagogie et le populisme malsain. En faisant croire à leurs ressortissants que cette crise est une crise politique, ils montrent encore une fois le mépris qu’il ont pour la justice qui seul définie le champs des libertés de chacun. En utilisant la frustration et la peur de leurs peuples pour des fin politiciennes et des fois même criminelles, ils révèlent s’il fallait encore le découvrir, leur manque de scrupule et le peu d’intérêt qu’ils ont pour la pacifications de nos sociétés qui sombrent de plus en plus dans la radicalisation et le fanatisme. Après plus de 15 jours de violence démesurée et de déversement de haine incontrôlé dans le monde musulman, et alors que les derniers événements au Liban confirme l’escalade dangereuse pour cette région déjà sinistrée par la dictature, le fanatisme et la guerre, les conséquences définitives de cette crise laisseront une plaie béante dans nos sociétés qui s’ajoutera aux stigmates sanglants qui scarifient déjà les sociétés arabo-musulmanes.

jeudi 2 février 2006

Du rôle positif de la dictature







L’ingratitude est un vilain défaut, c’est même une maladie. Une maladie dont soufre bon nombre de peuplades indigènes. Ces éternels ingrats manquent désespérément de reconnaissance envers leurs bienfaiteurs. Immatures chroniques, ils n’ont vu dans la formidable chance d’être colonisé qu’une volonté de spoliation de leurs richesses et qui persistent, aujourd’hui encore, à ne voir dans les esprits éclairés qui les gouvernent qu’une bondes de despotes opportunistes. Quelle ingratitude ! Quelle étroitesse d’esprit !

Prenons le peuple tunisien par exemple. Un peuple chanceux nous dit-on. Voilà 125 années qu’il vie la plus grande chance de son histoire, 125 années pendant les quelles ce peuple aura été, sans qu’il s’en aperçoive, dans le bonheur jusqu’au cou ! Comment s’aurait-il être autrement ? Première intention bienveillante du destin: la France, le gratifie d’un protectorat qui va transformer, pour le meilleur, sa triste condition. Quelle plus grande opportunité que celle d’être pris en main par la mère de la modernité, la métropole des lumières ? Aurait-il su exploiter ses terres sans le savoir-faire agronomique du protecteur ? Aurait-il pu édifier ces kilomètres de chemins de fer sans l’ingéniosité des polytechniciens tricolores ? Aurait-il pu ériger tous ces édifices aux façades blanches et aux architectures si particulières, tous ces larges boulevards arborés qui font, aujourd’hui encore, le charme discret du style colonial ? Pourtant des mauvaises longues vous diront que la modernisation de l’agriculture tunisienne servait surtout à remplir l’assiette du bon petit français de la métropole et que les chemins de fer, loin d’être une œuvre philanthropique, servaient plutôt à acheminer la production minières vers les ports de départ vers l’hexagone. Ces mêmes personnes rajouteront certainement que les beaux immeubles et les imposants édifices abritaient pour les premiers les familles des colons et pour les deuxièmes, le bras administratif du colonisateur. Balivernes et mauvaise foi ! Quelle attitude plus négative que celles de ne voir que le mauvais coté des choses. Ces réalisations n’étaient pas destinées à ce peuple certes, mais il en à jouit en fin de compte. Comme pour les fameux bus jaunes de la capitale, bien qu’ils aient servi ailleurs pendant des années, ils font aujourd’hui, la joie des tunisois. Mais ce qui est pourtant encore plus incroyable, c’est qu’il y’a même des farfelus qui ont sacrifié leurs vies pour rejeter la générosité de leur bienfaiteur. Dans quel monde vivons-nous ?

Vous vous croyez au bout de vos peines ? Que ne nie ! Ce même peuple, toujours aussi immature, réserve à la dictature la même ingratitude que celle dont il a gratifié le colonisateur. Sourds aux doux appels du destin, aveugles face aux clins d’œil du Maktoub, ils continuent et cela même pendant l’ère du changement à être critique face aux réalisations historiques de celui qui par un jour béni de sidi Belhassen et de tous les saints du pays, sauva le pays du péril barbare. Vous vous dites sûrement que rien que pour cela il mérite l’éternelle reconnaissance de ces sujets. Encore une fois vous faites fausse route ! Voulons encore plus, certains éternels insatisfaits, lui demandent en plus d’être un héro, d’être un démocrate. Quels goujats, quelles indélicates personnes ! Ces personnes, « manquant de patriotisme », aigries devant les réussites du model de l’homme qui vaut plus qu’ils ne peuvent compter à eux tous réunis. Sans compter qu’à l’ingratitude s’additionne la mauvaise foi. Voilà un régime qui par l’éradication des « zones de l’ombre », est allé jusqu’à poser un sérieux problème aux services météorologiques du pays ! On dit qu’en Tunisie, il est de plus en plus difficile de mesurer la température à l’ombre. D’ailleurs vous l’avez sûrement remarqué, pendant la météo, il est révolu le temps ou on donnait les températures à l’ombre. Ne reculant devant aucune difficulté, notre système robin-nésque (bien qu’il ne reste plus beaucoup de bois en Tunisie), inventeur de la solidarité obligatoire, de l’échangeur à sens giratoire et de l’opulence ostentatoire, tourne à plein régime pour garantir, aux tunisiens l’un des premiers droits de l’homme, selon un grand expert en la matière, qui est « de manger, d’être soigné, de recevoir une éducation et d’avoir un habitat ». Contrat tenu, les statistiques le montrent. Alors circulez, il n’y a plus rien à voir ! Et ceux qui s’attardent sur les écarts pris sur des denrées publiques, doivent comprendre que c’est salutaire pour le système. C’est une sorte de soupape de régulation qui lui évite de surchauffer. Comme les incisions qu’on pratique sur les tempes de ceux qui soufrent du mal de tête, c’est pour nous éviter le mal de tête de la prospérité trop rapidement acquise que le système procède ainsi. On ne peut qu’être aveugle pour ne pas le voir.

Nous n’avons pas su voir, jadis, « le rôle positif de la colonisation », et nous nions encore aujourd’hui « le rôle positif de la dictature ». Ce n’est pas pour rien qu’on nous dit aujourd’hui qu’on n’est pas encore prêt pour la démocratie.