mercredi 31 décembre 2008

True Blood : La série qui ne manque pas de mordant !




Si vous êtes un assidu des lieux de cultes, Si vous êtes de ceux qui croient qu’on ira tous au paradis, si la seule vue d’une goutte de sang vous fait tourner de l’oeil ou encore si vous êtes de ceux pour qui la position du missionnaire est le seul horizon possible à vos parties de jambes en l’air, passez votre chemin. True Blood, Le nouveau phénomène HBO n’est certainement pas pour vous ! Après « Six feet under » qui raconte avec maestria l’histoire d’une famille de croque-morts, la chaîne câblée américaine, a redonné carte blanche à Alan Ball, pour une nouvelle série toute aussi surprenante. Diffusée depuis la rentrée sur HBO, la série débarquera en France en 2009.

Adaptation de la série de livres, La Communauté du Sud (Southern Vampire Mysteries) de Charlaine Harris, mêlant allègrement réalité et fantastique, l’histoire se place en Louisiane, et raconte la co-existence des humains et des vampires. Co-existence rendue possible grâce à une invention japonaise de sang humain synthétique, le Tru Blood. Sookie, serveuse au bar-restaurant du quartier, et possédant la faculté d’entendre les pensées de ses congénères, va voir sa vie basculer quand elle va tomber amoureuse de Bill, un de ses vampires…Voilà pour le scénario de départ de la série.



Mais le plus intéressant dans cette histoire c’est le fait que les personnages secondaires sont aussi voir même plus intéressants que les deux héros dont l’histoire d’amour est d’un banal. Mon préféré est certainement le frère de Sookie, ado attardé, belle et grande gueule et un peu con sur les bords, qui malgré son dégoût des Vampires, fait une fixette sur les femmes amatrices d’entretiens « privés » avec ces créatures ! Dans sa quête du frisson suprême, il devient accro au V, du sang de vampire, dont une seule goûte fait dix fois l’effet des plus puissant des acides et autres drogues hallucinogènes. On trouve également, la meilleure amie dont la maman alcoolique se croit possédée par le démon. La séance d’exorcisme de la maman est l’un des moments forts de la première saison. Et puis le patron de Sookie secrètement amoureux d’elle qui se révélera au fil des épisodes, moins banal qu’il en a l’air (ne gâchant pas le plaisir de ceux qui n’ont pas encore vu la 1ère saison). D’autres personnages secondaires sont également à découvrir et qui seront sûrement développés dans les prochaines saisons.



Dans la communauté des vampires, les personnages sont aussi atypiques que chez les humains. De la bande d’amis de Bill, aux allures de bandits et à la sexualité débridée, ne partageant pas les appels à la co-existence pacifiste des deux espèces, au vampire homo aux allures de nounours, qui échange son précieux sang contre les faveurs du cuistot black du résto où travaille Sookie et qui arrondi ses fins de mois en jouant les gigolos pour vampires mâles en manquent de sensations viriles et accessoirement en dealant du V ! Les vampires de cette série ne manquent pas d’humanité paressant des fois, plus humains que les représentants de la race humaine dans ce qu’elle a de meilleurs mais aussi dans ce qu’elle présente de pire.

Les déjà cultes générique de début de la série True Blood et sa musique, Bad things de Jace Everett !!!

Les 12 épisodes de la série ne se valent pas tous et à mon avis le premier épisode est même raté. Mais la réalisation et la musique de la série sauve la face. Le générique de début et surtout la musique, Bad things de ,Jace Everett qui l’accompagne sont déjà culte. Et puis la série pose en arrière plan et sans se prendre la tête le rapport à la différence et la difficulté de la vivre dans nos sociétés hyper formatées. L’église qui a trouvé dans ceux qui fréquentent les vampires leurs nouveaux démons. Plusieurs références à la lutte pour les droits civiques sont même parsemées ici et la tel le slogan « God Hate Fangs » (Dieu déteste les crocs) un jeu de mots réussi avec le fameux slogan des églises fondamentalistes « God hate fags » (dieu déteste les pédés) ! La diversité des personnages offrira sûrement à Alan Ball des possibilités infinies avec cette réalité si reconnaissable mais au même temps si surréaliste.

Vivement la deuxième saison…sur LimeWire ;)






mercredi 24 décembre 2008

jeudi 18 décembre 2008

"3001 L'odyssée de l'info" : L'Express.fr ouvre ses portes aux blogueurs !




Pour fêter son 3001ème numéro, l’Express ouvre son site internet aux bloggeurs pour une opération spéciale le 7,8 et 9 janvier. Joliment baptisée « 3001 odyssée de l’info », l’opération « veut offrir une réelle expérience et une vraie tribune aux blogueurs » dit le premier billet publié sur le blog des coulisses de l’événement. Devant une initiative aussi séduisante, du moins au premier abord, je ne pouvais pas refuser l’invitation et je me suis donc rendu mardi dernier à la première conférence de rédaction au siège de l’Hebdo.

Pour ne pas faillir à mes habitudes et alors que j’ai tout fait pour être à l’heure, j’arrive dans la grande salle au 6ème étage avec 5 bonne minutes de retard ! Et comme c’est toujours le cas à chaque fois qu’on installe des chaises en rangs, les dernières places disponibles sont toujours celles qui se trouvent bien au milieu du premier rang, juste en face de celui qui parle. Mais surtout cela te condamne à tourner le dos à 90% des présents. N’ayant guère le choix, je m’installe. Le temps de faire connaissance avec Renaud, mon voisin d’infortune, et d’écouter une brève présentation de l’opération, Eric Mettout, le rédacteur en chef de la version net de l’hebdo, prend la parole et rentre assez rapidement dans le vif du sujet.

« Ça va pas se faire sans écueil » annonce-t-il en parlant de cette collaboration entre Journalistes et blogueurs mais nous rassure sur le fait qu’il est important que chacun de nous garde sa manière de faire et j’avoue que cela m’a effectivement rassuré (Eric Mettout parle de l'opération sur Le blog de la blugture). Le principe est donc le suivant : Après le choix des sujets, chaque bloggeur sera en contact avec un journaliste « référent » et son stagiaire. Les journalistes sont là pour répondre à nos questions et nous aider dans nos recherches ou démarches. Le rédac chef et son adjoint chapeautent le tout. Eric Mattout à même assuré qu’il lira tout et qu’il jouera pleinement son rôle de rédacteur en chef. Voilà qui nous promet des discussions intéressantes. Il est aussi à noter que pendant la durée de l’opération, les moyens de documentations et les locaux même de l’hebdo seront à la disposition de ceux qui le désirent !

Après les présentations, le choix des sujets. Les sujets « froids » repérés par la rédaction ont fait l’objet de discussions. Certains d’entre eux vont être traités conjointement ou dans des approches différentes par la rédaction et par des blogueurs. D’autres, ont été proposés par des blogueurs. Tous acceptés, à part un sujet sur « l’utilité de la réouverture des maisons-closes », ne correspondant pas « aux valeurs de l’hebdo » selon le rédac chef ! Les sujets à traiter sont très variés et la majorité des blogueurs qui se sont exprimés, ont préféré rester dans les sujets qu’ils traitent habituellement. ( Les détails avec le live blogging de Laurent )

Le bilan de cette soirée à l’Express est globalement positif, bien que je regrette qu’on n’ait pas eu le temps de faire réellement connaissance mais tout a été fait pour qu’on puisse garder le contact. Tout le monde a été un peu trop sage à mon gout mais attendons de voir comment cela va se passer quand il s’agira de discuter des premiers jets. D’ici le 8 janvier date du 3001ème numéro de l’Express, j’aurais certainement l’occasion de mieux connaitre le fonctionnement du site internet et la manière de travailler de la rédaction. Je suis également curieux de savoir si obtenir des informations sera plus facile si je me présente en disant que l’article sera publié sur l’Express.fr ?

Voilà donc, mes deux sujets en poche je me lance dans cette aventure avec beaucoup d’enthousiasme mais quelques appréhensions dues principalement à la différence qui existe, à mon sens, entre le travail d’un blogueur et celui d’un journaliste. Le premier exprime une opinion alors que le deuxième à plutôt tendance à se cantonner aux faits. Mais ce qui est certain c’est que les deux auront beaucoup à apprendre l’un de l’autre. La lueur qui a brillé dans l’œil d’Eric Mettout à la proposition d’une blogueuse de suivre le retour des ouvriers des usines Renault qui vont fermer pendant les vacances de noël, en a été, à mon avis, une preuve.

Alors ! Que l’odyssée commence !

Crédits photo : Richard Ying.


jeudi 11 décembre 2008

Stranger censuré ! Ammar m'a...sauvé* !

Depuis le 09 avril 2005, date du premier post publié sur ce blog, je ne me suis jamais vraiment posé la question de savoir s'il allait être censuré ou pas ? Si, par ce que j'y publierais, j'allais le condamner à être un nom de plus sur la liste des blogs tunisiens censurés ?

Il faut dire que j'ai commencé mon « éveil citoyen » en écrivant sur des sites déjà censurés ! Forcement, ça désacralise la chose. Mais cela permet aussi de régler la question une fois pour toute. Pour une raison toute simple : si on fait le choix d'écrire sur un site censuré, on perd tout de suite, en écrivant sa note, l'angoisse de se faire censurer !

Ce premier et brutal contact avec la censure permet d'avoir un rapport différent avec celle-ci. On ne la perçoit plus comme une conséquence d'un avis un peu trop critique ou d'un dépassement d'une ligne rouge. On ne la craint plus comme une épée de Damoclès prête à punir les crimes de lèse majesté. La censure devient une cause en soi, une pratique délibérée, organisée et bien évidement contraire à la loi. Qu’on en fasse l’expérience ou pas elle n’en demeure pas moins condamnable.

Ce qui est drôle c'est qu'en général se sont les amis et les proches ou certaines personnes avec qui j'ai eu le plaisir de discuter de ce blog qui y pensent à ma place ! « Comment ? Ton blog n'est pas censuré ? » « Tu peux rentrer en Tunisie ? » « Tu n'as jamais eu de problèmes ? » « Yezzii ! Mouch normaaaal ! » Disaient les moins loquaces.

Mais ce qui est encore plus drôle, c'est que chacun y allait avec sa petite explication maison : « oubli de la part des agents de la censure » ou « faille dans les filtres de l'ATI » pour les plus terre-à-terre ; « collaboration avec le régime et désinformation » pour les plus imaginatifs. Sans énumérer ici toutes les explications « cartésiennes » que j'ai du entendre, je peux vous dire qu'elles avaient toutes le même souci d'expliquer une anomalie, un bug dans la machine infaillible de la censure ou un phénomène forcement suspect.

Toutes ces explications admettaient comme un fait que mes propos étaient forcement « censurables » et par conséquences, dangereux pour moi et pour mes proches ! La machine de la censure avait réussi à instaurer une norme, une échelle de valeur, admise par la majorité. La machine pouvait alors fonctionner presque toute seule.

A titre d'anecdote, c'est, semble-t-il, par ce même raisonnement que les deux premiers agrégateurs de blogs tunisiens, avaient refusé pendant des années d'indexer le moindre blog censuré, forcement politisé, donc dangereux, arguant des risques de représailles encourus. Comportement qui avait, à l'époque, poussé Sami Ben Gharbia, premier « exilé blogosphèrique », à indexer son blog sur un agrégateur égyptien. Mon blog qui n'était pas censuré et ne prêchant pour aucune paroisse (comme bien d’autres) faisait (et fait encore) pourtant partie du lot. « Propos censurables » vous disais-je !

Aujourd'hui, après presque 4 années d'existence et au moment où la machine de la censure semble dépassée par un internet tunisien de plus en plus virulent, j’ai fini par croire que ce blog était définitivement à l'abri de la censure. J'ai même fini par m'habituer aux petits drapeaux rouges et blancs sur ma page de statistiques. Et voila qu'ils disparaissent comme ça...d'un coup...sans laisser d'adresse...Sans même laisser le moindre log. Après quelques jours d'observations sans le moindre drapeau rouge et blanc, et quelques testes sur plusieurs fournisseurs d’accès tunisiens, j'ai fini par comprendre, que le statut de mon blog était passé de « censurable » à « censuré » !

Après une pensée sincère pour plus de la moitié de mes visiteurs, je me suis enfin de compte résigné à me réjouir de cette censure. Cela m'a même motivé à reprendre ce blog en main. J'entendrai encore des : « ça y est ? ‘Ils’ l’ont censuré ? » Et des « Tu penses que tu vas pouvoir rentrer en Tunisie maintenant ? » « Normaaaal ! » Diront même les moins loquaces. Cela ne me sauvera pas non plus des sempiternelles explications « cartésiennes » : « Ce n'était qu'une question de temps » pour les plus terre-à-terre ; « nouvelle stratégie de désinformation » pour les esprits les plus inventifs.

Mais - et c’est la véritable réjouissance de cette censure - j'échapperai définitivement à la question fatidique...La question à laquelle je n’ai jamais eu de réponse : « Comment ça se fait que ton blog ne soit pas censuré ? ».

Ammar m’a, sans le savoir, rendu un grand service !

* Le titre de cette note est un clin d'œil à une note de l'excellent Z annonçant la censure de son blog.



vendredi 7 novembre 2008

Trop de temps ?







mardi 4 novembre 2008

vendredi 10 octobre 2008

Beyrouth...







Alors que la moiteur de l’été déserte tes ruelles hystériques
Et tes milliers d’amants venus se nourrir de ta sève,
Tournent le dos à ta mer et à tes collines,
Par quelle ruse, toi, fille de joie
Me retiens-tu encore dans tes bras ?
Tu sais que je maudis ta légèreté malsaine
Et que je déteste tes faux airs de vierge miraculeuse,
Toi qui tues ceux qui te veulent sans partage,
Comment fais-tu pour que je puisse croire que tu m’appartiennes ?


M.K 09.10.08



mercredi 20 août 2008

Tunisie : Opération main basse sur les emails





ntrusion, prise de contrôle et destruction totale de comptes email, réception de messages d’erreurs, apparition de messages farfelus qui disparaissent après consultation, ce sont là quelques-unes des fâcheuses mésaventures qui constituent le quotidien de certains utilisateurs tunisiens des services de messagerie électronique. D’après les différents témoignages recueillis de Tunisie, il semblerait qu’une personne ou une organisation dispose d’un moyen d’intercepter, de modifier et de bloquer le contenu envoyé et reçu via certains comptes de messagerie.

En effet, depuis quelques mois, des associations et organisations militantes, des personnalités de l’opposition politique et de la société civile ou encore de simples militants ou internautes un peu trop curieux, sont la cible d’une campagne de sabotage sans précédent. Une campagne qui a commencé au début du mois d’avril et qui s’intensifie depuis la fin du mois de juin touchant de plus en plus d’utilisateurs.

C’est, par exemple, le cas pour Mokhtar Yahyaoui, magistrat révoqué suite à une lettre adressée à Ben Ali et animateur de plusieurs blogs actifs dont le blog d’information, plusieurs fois piraté, Tunisia Watch. Rencontré à Tunis, fin mai, le magistrat racontait déjà comment plusieurs de ses adresses de messagerie ont été neutralisées :
« J’avais remarqué que je ne recevais plus de mails sur mon adresse publique, j’ai essayé de faire des redirections sur d’autres adresses, sans résultats. Alors pour en avoir le cœur net j’ai fait un test avec un ami en France et aucun des emails envoyés n’est parvenu à mes différentes adresses testées. Un dernier essai sur une adresse que personne ne possédait a permis à la police du net de la bloquer dans l’heure qui suit. La rapidité avec laquelle ils ont réagi montre qu’ils possèdent des moyens techniques et humains redoutables», a-t-il raconté.
Mais ce filtrage peut également être partiel ne concernant que certains emails provenant d’adresses particulières. Ainsi, par exemple, une adresse de messagerie peut continuer à recevoir certains messages et pas d’autres. Comme c’est le cas pour une des adresses du magistrat :
« Je reçois sur l’adresse email du blog Tunisia Watch toutes les notifications de Facebook mais aucunes des notifications de commentaires du blog ni aucun message personnel et aucun email envoyé de cette adresse n'arrive à destination. Les notifications d'actualité de Google News ou les lettres de diffusions quotidiennes de Rue89 ou Bakchich sont, quant à elles, effacées à leur arrivée sur tous mes comptes email ».
La même mésaventure semble se reproduire avec l’avocat Abdelwahab Maatar qui n’a trouvé que la messagerie interne du site communautaire Facebook pour lancer l’alerte et informer ses contacts que sa messagerie électronique venait d’être « compromise » :
« Je tiens à vous informer que ma boite email (abdoumat2000) a été complètement compromise, voire détruite […]. La police de l’Internet l'a complètement maîtrisé. Aucune réception ou envoi n'est possible depuis le 27 mai. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir en prendre note et d'en avertir nos amis communs pour me permettre de reconstituer mes contacts.»
Contacté à la suite de ce message, Maître Maatar raconte son expérience « troublante » suite à laquelle il a déjà perdu 3 comptes de messagerie, dont le premier, une adresse sur la messagerie Gmail de Google, complètement effacée le 22 avril 2008 :
« La boîte Gmail annonce : ‘communiqué de presse EL Mawkef, Tunisnews Arabic 21 4, Tunisnews French 21’. A l’ouverture de la boite de réception : il n’y a absolument rien ! A l’ouverture de la case des messages envoyés, je découvre que tout a sauté ! […] Mieux, à ma grande surprise, je découvre que tous mes dossiers (Presse, AISPP, Amis, Profession, Personnel et Autres) ont tout simplement disparu. Il en est de même de toutes les adresses email figurant dans mes Contacts […] Les paramètres du « défunt» compte m’indiquent : vous utilisez actuellement 0 Mo (0 %) de votre espace de 6649 Mo.»; raconte-t-il, non sans une certaine amertume.
Pour maître Maatar, tout a commencé le 9 avril 2008 par d’étranges messages reçus sur cette adresse email. Des messages aux contenus non moins étranges : « Ça vous dirait de dîner ? Hier j’ai acheté une nouvelle voiture » reçu de allgirls@lifeisgreat.us ou « Salut ! J’ai besoin d’un nouveau travail, parle-moi de ton entreprise ? Peux-tu m’introduire auprès de ton patron ? Merci » reçu de twin.spark@enterprise.mars dont l’objet est « vas-y » et le tout en anglais !

Le plus déroutant, explique l’avocat, c’est que les messages paraissaient en premier sur la boîte de réception comme des messages provenant d’adresses de personnes qu’il connaît, ou de lettres de diffusions auxquelles il est abonné, puis une fois consultés, ils disparaissent comme par enchantement de la boîte de réception n’y laissant que « la conversation demandée ne se trouve plus dans la boîte de réception » quand il tente de retourner au message !

Abdallah Zouari, journaliste et blogueur tunisien, emprisonné pendant 11 ans pour ses activités politiques et qui subit une mesure d’éloignement forcé qui le condamne, depuis sa libération en 2002, à vivre sous résidence surveillée à 500 km de sa famille, s’est plein des mêmes problèmes au blogueur et coadministrateur de Nawaat Sami Ben Gharbia à qui il a confié plusieurs captures d’écran qui attestent du sabotage de sa boite de messagerie.


« Salut ! J’ai besoin d’un nouveau travail, parle moi de ton entreprise ? Peux-tu m’introduire au pré de ton patron ? Merci » Traduction d'un des messages qui apparaissent à la place du contenu des emails. Capturé sur l'ordinateur de Abdallah Zouari.


Abdallah Zouari et Sami Ben Gharbia se sont alors livrés à quelques tests pour voir si ces messages apparaissaient également pour ceux qui se connectent de l’extérieur du pays. Le résultat est sans appel. Le contenu d’un même message était disponible pour Sami qui vit aux Pays-Bas mais pour le journaliste il s’ouvre sur le message suivant : « Salut ! J’ai besoin d’un nouveau travail, parle moi de ton entreprise ? Peux-tu m’introduire au pré de ton patron ? Merci ». Ceci démontre, au moins pour les tests effectués, que ces messages n’apparaissent que pour les utilisateurs se connectant de la Tunisie. On peut aussi supposer qu’il s’agisse de messages préenregistrés et générés d’une manière automatique et aléatoire. Enfin, certains messages sont récurrents comme le message ci-dessus reçu par plusieurs personnes, dont maître Mataar.



Capture d'écran de l'email de la lettre de diffusion de Tunisnews consultée sur le compte de messagerie de Abdallah Zouari à partir des Pays-Bas.



Le même email consulté à partir de la Tunisie.


D’autres témoignages rapportés font état de messages similaires comme le confirme un communiqué de l’AISPP du 13 juin 2008 et appelant à mener une « campagne internationale pour dénoncer le piratage de l’internet en Tunisie. » :
« […] Quel étonnement pour celui qui consulte un message électronique d’une association militante en découvrant les insultes ordurières du contenu du message ou des phrases comme : « hier j’ai eu un mal de ventre. Est-ce que tu es un docteur ? » Ou « je cherche Carla, l’as-tu croisé ? » Ou encore « hier j’ai marché jusqu’à la lune, je sens une extrême fatigue ».
Ces messages fantomatiques et plus au moins équivoques n’apparaissent pas seulement dans les boites de réceptions des messageries des personnalités de la société civile et de l’opposition tunisienne. Selon plusieurs témoignages reçus d’internautes tunisiens, le même type de messages apparaît à des abonnés « anonymes »s aux lettres de diffusion (newsletters) d’organisations interdites ou de sites censurés.

Une lectrice de notre site voulant s’abonner à Manchour, la newslettre de Nawaat, à eu la surprise, à l’ouverture du mail de confirmation de l’abonnement, de découvrir un message intitulé « 10 miles away » et contenant la phrase suivante : « I’m running too fast, much more than Lewis : a policeman catch me. » (Je cours très vite, encore plus vite que Lewis : le policier m’a rattrapé) ! Surprise et un peu inquiète, elle nous contacte croyant à une plaisanterie. Trois essais consécutifs d’envois de mails de confirmations plus tard, tous reçus avec des messages aussi étranges les uns que les autres, montrent que très probablement les envois à partir de l’adresse de messagerie par laquelle est diffusée notre newsletter sont filtrés pour les boites de réception tunisiennes. Les essais ont également montré que cela se faisait d’une manière instantanée.


Captures d'écrans effectuées par une abonnée de la newslettre de Nawaat.org.


Des abonnées d’autres lettres de diffusion se sont également plaint de problèmes similaires dont certains abonnés de la lettre de diffusion du site d’information Tunisnews. A signaler tout de même que ce n’est pas le cas de tous les abonnés dont certains contactés ont affirmé ne rencontrer aucun problème de ce genre.

Plus généralement, et en se basant sur les différents témoignages, « le filtrage » semble s’opérer à deux niveaux. Tout d’abord, sur des adresses de messagerie ciblées. La totalité ou certains des emails envoyés à partir de ces adresses ne sont tout simplement pas délivrés à leurs destinataires. La même chose se produit pour les emails envoyés par des tiers à destination de ces adresses. Les propriétaires de ces comptes ainsi ciblés continuent à y avoir accès et ce sont en général leurs interlocuteurs étonnés de ne pas recevoir un email attendu ou une réponse à un email envoyé qui avertissent la victime de ces dysfonctionnements. Ce sabotage ciblé peut aussi aller jusqu'à l’effacement de la totalité du contenu d’une adresse donnée ou encore par le piratage pur et simple du compte de messagerie en changeant les identifiants du compte. La victime perd alors l’accès à ce compte.

En conséquence de ce ciblage, les malfaiteurs peuvent alors étendre leurs filtrages à tous les destinataires de ces comptes de messageries. Ils peuvent selon le contenu de l’email envoyé, soit le modifier ou le supprimer ou alors le substituer par un message d’erreur ou par un message farfelu comme nous l’avons vu dans les témoignages précédents. C’est comme ça que par exemple des abonnés de différentes lettres de diffusion se retrouvent eux aussi touchés par ce sabotage. Très probablement cette manipulation se fait directement sur le flux de leur boite de messagerie puisque les messages ainsi modifiés ne sont consultables qu’une seule fois et disparaissent ensuite de leurs boites de réceptions.

Ce qui nous ramène à la question fatidique, à savoir : qui se cache derrière cette campagne de sabotage des boites de messageries en Tunisie ? Vu l’ampleur des sabotages et la réactivité des malfaiteurs et surtout les moyens humains et techniques nécessaires à de tels agissements, ont peut raisonnablement exclure l’acte de piraterie gratuit œuvre d’un pirate solitaire ou d’un groupe de pirates en manque de notoriété. Sami Ben Gharbia parle lui de Deep packet inspection (DPI) et qui « est une technologie qui permet de contrôler l'activité en ligne et filtrer les échanges sur le réseau en effaçant le contenu « indésirable » des courriers électroniques reçus ». Une technologie qui s’installe sur un réseau donnée et opère comme un filtre en temps réel sur les échanges des contenus.

Pour les victimes, il n’y a pourtant aucun doute. Cela ne peut être que l’œuvre de la fameuse police de l’Internet comme l’affirme maître Mataar qui estime que tout le contenu de ses comptes de messagerie ont été « détournés par et au profit de la police d’Internet». Et il est difficile de chercher ailleurs tant qu’il est vrai que tous les éléments recueillis montrent que cette censure s’opère au sein du réseau Internet tunisien. Un réseau qui se trouve justement sous le contrôle de Tunisie Télécom en tant qu’opérateur historique et la fameuse ATI en tant qu’administratrice du réseau. Deux entités qui ont un sombre passé avec la censure de l’Internet tunisien. Et puis le caractère ciblé de ces attaques, le fait qu’elles ne touchent, a priori, que ceux qui ont un rapport de près ou de loin avec la scène contestataire au régime tunisien met l’Agence Tunisienne de l’Internet et par conséquent le pouvoir tunisien au premier banc des accusés.

Et les charges ne sont pas légères, les plus importantes sont certainement celles en rapport avec « la violation du secret de la correspondance » qui comme le rappelle Astrubal lors de l’attaque du blog de Nawaat :
« nous sommes en plein dans le crime organisé et qualifié comme tel par la loi tunisienne. Il s’agit, en effet, ni plus ni moins que de la violation systématique des réseaux informatiques et du secret de la correspondance. ». En rappelant « la nécessite pour toutes les victimes de ces agressions de se réunir afin de rassembler et recouper les preuves en vue d’un dépôt de plainte contre X ».
En attendant, bien qu’il soit impossible de dénombrer toutes les victimes de ces violations, mais si toutefois les malfaiteurs s’avisaient à les étendre à toutes les lettres de diffusion et à leurs abonnés, les victimes potentielles seraient à compter par milliers…

Malek.k
http://stranger-paris.blogspot.com

Article publié sur www.nawaat.org



dimanche 3 août 2008

Ordre protocolaire dans la République de Ben Ali



Ben Ali en visite au palais de Bardo pour fêter la République ! Source : Site internet de la présidence

uelques jours avant de répondre positivement et en « toute fierté » à la demande qui lui a été faite (interdiction de rire) d’être Le Candidat du RCD pour l’élection présidentielle de 2009, « au milieu de youyous de femmes de son parti dans une salle archicomble décorée de drapeaux en rouge et blanc de la Tunisie. », notre « fier » président s’est invité, le vendredi 25 juillet, au siège de « l’honorable » chambre des députés à une réception organisée à l’occasion du 51e anniversaire de la proclamation de notre chère République nous dit-on sur le site officiel de la présidence. Il faut dire que cet anniversaire est assez symbolique pour Ben Ali puisque c’est le vingtième qu’il « célèbre » en tant que président de cette République après avoir célébré en grandes pompes le 20e anniversaire du « changement du 7 novembre », et fêter pour la vingtième fois l’indépendance de notre pays en étant à sa tête. Cela méritait bien une petite sauterie républicaine.

Il est vrai que pendant plus de 50 ans qu’on fait semblant de fêter la République, on n’est plus à une cérémonie pompeuse près. Pourtant à la lecture du compte rendu de cette joyeuse fête, une phrase étrange ferait dresser les cheveux sur les têtes des plus blasés d’entre nous. Je cite : « Le Président de la République a été accueilli, à son arrivée au palais du Bardo, par le premier vice-président du Rassemblement Constitutionnel Démocratique, le premier ministre, le président de la chambre des députés et les membres du bureau de la chambre des députés ». Oui vous avez bien lu…le président qui, rappelons-le, est en visite au palais de Bardo, siège des supposés représentants du peuple tunisien, pour célébrer le 51e anniversaire de la République, a été accueilli par…le premier vice-président du parti au pouvoir !

Commençons déjà par ce qui relève des bonnes manières, si j’ose dire. Le président de la chambre des députés n’est que troisième dans cet ordre protocolaire. La moindre des politesses aurait été qu’il soit le premier à souhaiter la bienvenue au président. Après tout, c’est le maitre des lieux en quelques sortes et c’est à lui d’accueillir son invité. Vous…vous vous imaginez inviter, chez vous, une personnalité de l’envergure de « notre président » et accepter que se soit « le premier vice-président » de son « fan club » qui la reçoive à votre place ? Je pense que personne n’accepterait. Détrompez-vous. Le président de notre chambre des députés, lui, accepte. Et il n’est pas le seul. Ses députés non plus ne semblent pas très regardants sur les convenances puisqu’à leur tour ils se sont faits reléguer presque à la dernière place, cette fois-ci derrière les membres du bureau politique du RCD !

S’il ne s’agissait que d’une question de bonnes manières cela ne mériterait certainement pas qu’on en fasse tout un plat. Surtout connaissant les manières de ceux qui nous gouvernent. Mais voilà, une République a ses règles et parmi celles-ci se trouve celle d’un ordre protocolaire bien établi qui classe les personnalités politiques selon l’importance de leurs fonctions au sein de cet édifice. Un ordre d’importance qui, dans une République, se défini en fonction des trois pouvoirs supposés indépendants sur lesquels se base celle-ci, à savoir le pouvoir exécutif, parlementaire et judiciaire.

Dans notre cas précis le protocole républicain aurait donc voulu que le président soit éventuellement accueilli en premier par son premier ministre, étant le chef du gouvernement, et représentant du pouvoir exécutif mais impérativement suivi par le président de la chambre des députés et celui de la chambre des conseillers, représentants du pouvoir législatif. Le président du conseil constitutionnel, s’il était présent (surement un oubli), suivrait et ainsi de suite. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que notre constitution désigne ces trois personnages comme les premiers garants de la continuité du pouvoir « en cas de vacance de la Présidence de la République pour cause de décès, de démission ou d'empêchement absolu ». Le président de la chambre des députés étant même le premier sur la liste des potentiels intérimaires.

Le plus grave, mais aussi le plus triste, c’est que ce mépris est perpétué par la tête de gondole de l’appareil de propagande du pouvoir en place, j’ai nommé la tristement célèbre Tunis7. Une petite recherche dans les archives des journaux télévisés de la chaine nationale nous permet de voir que cet ordre protocolaire est déjà de mise depuis quelques années, et plus particulièrement depuis le 20e anniversaire du « changement » comme l’atteste ce bref montage.





Il est vrai que le président de cette « chambre introuvable » n’a rien fait pour mériter un meilleur traitement. Ce n’est pas lui qui, à l’unisson avec le président de La chambre des conseillers, a accouché le premier d’une déclaration pour appeler Ben Ali à « renouveler sa candidature aux élections présidentielles de 2009 pour briguer un cinquième mandat de cinq ans » ? Permettant pour que cela puisse se faire qu’on massacre pour la énième fois la constitution tunisienne. Vu de cet angle là il ne mérite même pas d’être le président de cette chambre. Mais puisqu’on est dans cette recherche pathétique de sauver les apparences. Celle qui consiste à mettre en avant la place du pouvoir législatif et ses représentants et « le renforcement des acquis républicains », selon la formule officielle psalmodiée à tous les discours de Ben Ali, ne semble plus de mise. C’est ainsi que, dans la république de Ben Ali, un premier vice-président d’un parti politique peut reléguer au troisième rang de l’importance protocolaire le représentant des élus du peuple tunisien !

Ce manque cruel d’égards vis-à-vis des représentants de deux des trois pouvoirs sur lesquels repose notre République n’a rien de la simple faute de frappe sur une dépêche de la TAP ou de la faute de goût et encore moins d’une méconnaissance des ordres d’importances et des règles protocolaires. Il traduit en réalité, le vrai rapport de force au sein de la république de Ben Ali. Une république du parti unique avec à sa tête un homme…« unique » qui centralise à lui seul tous les pouvoirs, en théorie indépendants. Aucune institution n’échappe à cette mise aux pas de plus en plus ostentatoire. Le RCD ne se contente plus du rôle du Parti du président mais s’affiche clairement aujourd’hui comme la véritable antichambre du pouvoir du président et son unique successeur. Marginalisant ainsi nos institutions certes malmenés depuis 50 ans mais néanmoins existantes. En vingt et un ans de pouvoir Ben Ali aurait-il oublié que c’est par les règles de cette même République qu’il ne cesse de bafouer qu’il a pu, un jour de novembre 1987, en devenir le président ?

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samedi 5 juillet 2008

Affaire Al-Doura : 8 ans après, il est temps que le petit mohammed repose en paix.


e 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim, aux abords de la bande de Gaza, le petit Mohammed Al-Doura était tué par balle dans les bras de son père Jamal, qui tentait de le protéger. L’atroce scène de la lente agonie de ce petit garçon filmé par le caméraman Talal Abu Ramah et commentée par Charles Enderlin, le correspondant de France 2 à Jérusalem, fait le tour du monde et provoque l’indignation de l’opinion internationale sur fond de début de la 2e Intifada.

Aussitôt les autorités israéliennes soutenues par l’extrême droite israélienne mettent en doute la véracité des images et crient à la manipulation. Les images seraient « un montage partial à but propagandiste ». L’agence de presse israélienne MENA - Metula News Agency réalise un documentaire de 20 minutes, AL DURA : l’enquête, qui à partir des déclarations de Nahum Shahaf, physicien ayant participé à l’enquête de Tsahal, met en cause la réalité des scènes filmées par le cameraman de France 2 et conclut à « une véritable mise en scène jouée par des acteurs ». Un an plus tard c’est le correspondant permanent de la MENA à Paris, Gérard Huber, qui publie en janvier 2003, Contre-expertise d’une mise en scène, ouvrage reprenant la thèse du documentaire à la réalisation duquel il avait participé.

En France cette thèse du complot a été longuement étayée par Media-Ratings, une agence de notation des médias qui a conclu après enquête que selon les éléments dont elle disposait, « le correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin, a effectivement diffusé un faux reportage ce 30 septembre 2000 » et exige « la démission immédiate de ceux qui se sont livrés à cette supercherie ». Arlette Chabot, directrice de l’information de la chaine publique française a aussitôt menacé de porter plainte contre toute personne qui accuserait France 2 d'avoir diffusé un faux et engage une procédure judiciaire de diffamation à l’encontre de Média-Rating et de son président Philippe Karsenty.

Le 19 octobre 2006, la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, en charge de l’affaire, a déclaré Philippe Karsenty coupable des faits visés à son encontre et l’a condamné à 1000 € d’amende et à 3000 € de dommage et intérêts à France 2 et Charles Enderlin. Le condamné ayant fait appel, la 11e chambre de la cour d’appel de Paris, a ordonné un supplément d’information afin que France2 transmette les rushes pris par son cameraman Talal Abu Ramah.

S’en suit une bataille d’experts mandatés par les deux parties pendant laquelle l’accusation a effectivement présenté la totalité des images tournées par le caméraman de France 2. Des images qui mettent la scène en situation et permettent de constater l’existence d’au moins 3 autres caméramans de différents médias sur les lieux ce qui rend la thèse selon laquelle la mort du jeune Mohammed était « une mise en scène tournée par des acteurs », difficilement envisageable.







Mohammed al Dura. Les Images - Ma-Tvideo France2
Mohammed al Dura. Les Images - Ma-Tvideo France2

Images présentées devant la cour d'appel de Paris le 27 fevrier 2008



La défense a de son coté appelé entre autres, Jean-Claude Schlinger, expert en armes et munitions, auteur d’un rapport de balistique basé uniquement sur les images de France 2 concluant, sans même se rendre sur les lieux, dans un langage d’expert que :
« En tenant compte du contexte général et des nombreuses mises en scène que nous avons constatées sur l’ensemble des documents étudiés, aucun élément objectif ne nous permet de conclure que l’enfant a été tué et son père blessé dans les conditions qui ressortent du reportage de France 2. Il est donc sérieusement possible qu’il s’agisse d’une mise en scène. »
Mais voilà que le 21 mai 2008, coup de théâtre, la 11e chambre d’appel de Paris déboute les accusations de diffamation de France 2 et de Charles Enderlin à l’encontre du journaliste Philippe Karsenty ! Laurence Trébucq (Présidente de la Cour d’appel de Paris,) affirme le droit de celui-ci à exercer de bonne foi son « droit de libre critique ». France 2 et Charles Enderlin décident alors d'entamer un recours en cassation.

Suite à ce jugement, les supporters de la thèse du complot boivent du petit lait considérant que la décision du tribunal confirme les accusations de manipulation de la part de France 2 et de son envoyé spécial. C’est sous la plume d’Elie Barnavi, ambassadeur d’Israël en France au moment des faits, que le camp des « négationnistes » a réaffirmé ses arguments. Lors d’une tribune publiée sur l’hebdomadaire Marianne, intitulée L’honneur du journalisme, l’ex ambassadeur et défenseur inconditionnel de l’État d’Israël, soucieux de l’image de son pays, regrette que « depuis que juifs et Arabes s'affrontent sur ce bout de terre, rien n’a eu un effet aussi dévastateur sur l'image d'Israël et de ses armes que la mort du petit Mohammed al-Doura, seule la tuerie de Deir Yassin, le 9 avril 1948, a eu des conséquences plus graves. » !

Soutenant la thèse de la manipulation et reprenant presque tous les arguments circulant autour de cette affaire, Barnavi se base sur la littérature foisonnante sur le sujet, fruit de « l’acharnement de quelques francs-tireurs - pas tous des sionistes excités » selon lui et qui jettent « un doute sérieux sur la version des faits offerte par France 2. » Ainsi l’ex ambassadeur explique à propos du cameraman et du père du petit Mohammed :
« Il s'avéra bientôt que Talal Abou Rahma, le cameraman d'Enderlin - lequel n'était pas présent sur les lieux lors des faits - n'était point ce professionnel au-dessus de la mêlée que vantait son patron, mais, de son propre aveu - et il s'en faisait gloire -, un propagandiste au service de la cause palestinienne. Bien plus tard, on devait apprendre aussi que les cicatrices exhibées par le père de Mohammed étaient dues à des coups de couteau subis au cours d'une rixe à Gaza et soignés dans un hôpital israélien. Et bien d'autres choses encore. »
Charles Enderlin, qui une semaine plus tard répond dans le même Marianne, s’étonne, ironiquement, que M Barnavi n’ait pas vérifié ses informations auprès des services israéliens estimant que l’ex ambassadeur avait « certainement un niveau d’habilitation « sécuritaire » [lui] permettant l’accès à certains dossiers du Shabak, le service de sécurité intérieure israélien.» en affirmant :
« Pour le Shabak, Talal Abou Rahmeh qui a filmé la mort de Mohammed A Dura n’est pas un propagandiste palestinien et n’est soupçonné d’aucune activité subversive anti-israélienne comme vous l’affirmez. La réponse que nous avons reçue de ce service – et d’autres – lorsqu’il a fallu obtenir pour Talal une autorisation d’entrée en territoire israélien était la suivante : « Il est blanc comme neige ». Les accusations que vous portez contre lui sont fausses et inadmissibles »
En ce qui concerne Jamel le père du garçon Enderlin poursuit :
« Si vous aviez contacté Jamal avant de publier votre éditorial, il vous aurait décrit les soins qu’il a reçus à l’hôpital Shifa de Gaza; communiqué les radios qui montrent sa blessure au bassin. Le compte rendu des opérations subies à l’hôpital militaire d’Amman où d’ailleurs il a reçu les visites de deux journalistes israéliens, Tom Segev et Semadar Peri, également du Roi Abdallah »
Il a rappelé que les défenseurs de l’idée du « complot pro-palestinien » ont fait circuler des remueurs affabulant le père d’un passé trouble de narcotrafiquant connu des services israéliens. Il aurait d’ailleurs eu ces coups de couteaux, qu’il fait passer pour des impacts de balles, au cours d’un règlement de compte avec d’autres trafiquants. « Problème : Israël n’accorde pas de permis de travail à de tels criminels. Or, Jamal a travaillé – en toute légalité – chez une enseignante de l’université de Tel Aviv qui le raconte dans un livre. ». Rétorque le journaliste dans son droit de réponse.

Après avoir mis en doute la moralité et l’intégrité du caméraman de France 2 et de celle de Jamel, Barnavi continu en mettant en doute celle de toute la chaine. « La querelle se noua autour des rushes, dont on n'avait monté qu'une petite partie. » dit-il en se demandant « Que cachaient les autres ? L'agonie de l'enfant, qu'Enderlin disait avoir voulu épargner à ses téléspectateurs ? Ou des images moins douloureuses, mais aussi plus préjudiciables à sa version des événements ? » En s’empressant tout de même de formuler ses certitudes :
« On découvrit [à la vision des rushes NDLR] que la plupart des « affrontements » filmés avant la scène finale étaient du théâtre au bénéfice des caméras. Et l'on a vu le petit Mohammed lever la tête après les tirs censés l’avoir tué et jeter un regard furtif à la caméra. »
Le plus étrange dans ces affirmations c’est qu’elles contredisent les rushes en question (voir la vidéo plus haut). Des images encore une fois tournées par d’autres caméramans présents ce jour-là, comme l’explique Enderlin :
« Oui, Talal n’a filmé que ce que les circonstances permettaient. Ces scènes d’Intifada ont également été tournées par d’autres cameramen qui se trouvaient sur place, notamment d’Associated Press et de Reuters […] Pour notre part, lorsque cette campagne de diffamation a débuté, nous avons présenté les images à un médecin légiste qui a conclu que les mouvements de l’enfant étaient consistants avec l’agonie. (Selon le dictionnaire : les instants qui précédent la mort). »
L’agonie. Celle d’un petit garçon mort dans les bras de son père incapable de le protéger. C’est de cela qu’il s’agit au fond. Cette image est si dérangeante, si choquante mais aussi si symbolique d’une réalité quotidienne comme l’a dit le journaliste de France 2 en commentant les images. Mais c'étais le commentaire de trop. En parcourant rapidement la littérature qui traite de « la thèse du complot » on se rend rapidement compte que ce qui compte le plus pour ces « défenseurs de la vérité » à l’instar d’Elie Barnavi, c’est « l’image d’Israël ». Ce n’est pas que l’enfant soit en vie ou qu’il soit tué par les Palestiniens ou encore l’honneur de son armée…Rien de tout cela. C’est le fait qu’à travers quelques minutes d’images, se cristallise toute la cruauté de l’entreprise coloniale de l’État d’Israël. Et c'est finalement ce qui rend ces images insupportables pour les défenseurs de l'indéfendable.

Des images aussi abominables les unes que les autres on en a vu depuis. Mais les autorités israéliennes et ses défenseurs continuent et par tous les moyens, de vouloir faire croire que tout cela n’est que « mascarade », « cinéma » et « mise en scène ». Le caméraman, le père, l’enfant, Charles Enderlin, France 2, des médecins palestiniens et jordaniens, le roi abdallâh de Jordanie et quelques autres caméramans seraient tous des menteurs et des affabulateurs ! Tous ont participé à un énorme « complot » visant à salir « l’image d’Israël » et de son armée ! Et cela continu encore puisque M. Prasquier, le président du CRIF, à demander maintenant « la formation d’une commission médicale ad hoc destinée à vérifier l’origine des cicatrices de Jamal » !

Bien que le juge n’ait pas trouvé que cela soit diffamant pour le journaliste est sa chaine, cela n’enlève absolument rien au caractère farfelu et je dirais même pervers, des accusations de ses fossoyeurs. Que huit ans après la mort tragique du petit Mohammed, on continu à dire "qu’il est vivant et vend des fruits à Gaza", cela devient carrément abominable. N'est-il pas temps que Mohammed repose enfin en paix ?


Article publié sur www.nawaat.org



jeudi 3 juillet 2008

Les autorités tunisiennes confirment par les actes les accusations d’Amnesty International


l est grand temps que les autorités cessent de rendre un hommage de pure forme aux droits humains et qu’elles prennent des mesures concrètes pour mettre fin aux atteintes commises », déclarait voilà à peine une dizaine de jours Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International dans le dernier rapport de l’organisation sur l’état des droits de l’homme en Tunisie. Les autorités tunisiennes, qui avaient vivement rejeté les accusations formulées par AI, les qualifiant de « totalement subjectives et dépourvues de crédibilité » jurant la main sur le cœur que la loi anti-terroristes « est conforme aux standards internationaux et offre toutes les garanties aux accusés, […] et n'autorise aucune prorogation abusive ou arbitraire des délais de garde à vue et de détention préventive », ont eu, depuis la publication du rapport, l’occasion de montré leur « bonne foi ».

Dans un communiqué reçu par courrier électronique le 2 juillet 2008, AI affirme que Ziad Fakraoui, ancien prisonnier et victime présumée d’actes de tortures lors de sa détention et dont le cas a été cité dans le rapport, et depuis « victime de ce qui s’apparente à des représailles de la part des autorités tunisiennes.»
« Ziad Fakraoui, […] a été arrêté par des agents des services de sécurité en civil, le 25 juin 2008, deux jours après la publication du document, et n’a pas été revu depuis son arrestation. Les responsables des services de sécurité qui l’ont emmené ont dit à sa mère qu’ils le conduisaient au ministère de l’Intérieur mais ont refusé d'indiquer le motif de son arrestation. Sa famille et ses avocats ont cherché, en vain, à obtenir de ses nouvelles après son arrestation. Les avocats ont appris ce mercredi 2 juillet uniquement, soit sept jours après son arrestation, qu’il avait été présenté à un juge d’instruction le 28 juin et inculpé d’appartenance à une organisation terroriste et d’incitation au terrorisme. »
Rapporte le communiqué.

Or, il se trouve, comme le rappelle AI, que Ziad Fakraoui a déjà été arrêté en 2005, jugé puis condamné à douze ans d’emprisonnement en décembre 2007 - peine ramenée à 3 ans après appel en mai 2008 - pour les mêmes faits qui lui sont reprochés aujourd’hui. C’est donc pour répondre aux mêmes accusations qu’il a été présenté devant le juge d’instruction au mépris du droit tunisien ainsi qu’au mépris de toutes les conventions internationales condamnant les peines multiples (voir le documentaire sur le drame des peines multiples en Tunisie). Cette entorse flagrante au droit n’est pas la seule commise à l’encontre de M Fakraoui par les autorités tunisiennes. « Le fait que personne n’ait été informé du lieu où il était détenu signifie qu’il a été détenu au secret pendant plus longtemps que la période de six jours autorisée par la loi tunisienne. » Précise Amnesty international.

Craignant pour sa sécurité, l’organisation à par ailleurs lancé un appel pour soutenir le prisonnier en exprimant dans un communiqué reçu par email le 3 juillet 2008 (le communiqué en anglais), « ses craintes de tortures et mauvais traitements » dont pourrait être victime M Fakraoui, rappelant l’article 13 du code de procédures criminelles tunisien qui stipule que :
« Les suspects ne peuvent être détenus par la police ou par la gendarmerie nationale pendant plus de trois jours. Le procureur public à le pouvoir d’étendre cette détention de trois jours supplémentaires « en cas de nécessité ». Les autorités sont obligées d’informer les prisonniers des poursuites engagées à leur encontre, la raison et la durée de leur détention et de leurs droits garantis par la loi, incluant le droit à un examen médical durant ou après la détention. Ils sont également tenus d’informer un membre de la famille proche du détenu de son arrestation et de sa détention. »

Comme nous venant de le voir et comme presque toujours, c’est plus au niveau des responsables de l’application de la loi qu’a la loi elle-même qu'incombe les pratiques les plus honteuses décriées ici par Amnesty international mais aussi ailleurs par d’autres organisations nationales et internationales. Encore une fois la justice tunisienne accepte de se salir les mains en effectuant les basses besognes d’un régime totalitaire qui a fait de l’intimidation, de la répression et de la torture un pilier de sa politique exercée en Tunisie depuis voilà maintenant plus de deux décennies.

Malek
www.nawaat.org


lundi 16 juin 2008

Violentes attaques subies par l’équipe de Nawaat.org



ujourd’hui l’équipe de Nawaat a subi la plus brutale des attaques comparativement à toutes celles subies antérieurement. Le Blog de Nawaat a été défacé, les bases de données effacées également. Cette attaque a concerné aussi bien le Blog de Nawaat, que celui de Sami Ben Gharbia et d’Astrubal. De même, les bases de données de l’agrégateur de Nawaat n’ont pas été épargnées.

Nous avons commencé la restauration, mais les blogs remis en ligne ne sont pas cependant exempt de quelques dysfonctionnements sur lesquels nous travaillons. Nous donnerons de plus amples informations dès que possible. Pour l’instant, bien que le blog de Nawaat soit remis en ligne, nous avons encore des difficultés à mettre correctement en ligne des informations.

Que ceux qui ont porté cette attaque sachent qu’à chaque fois, l’équipe de Nawaat mettra un point d’honneur à ce que l’indisponibilité des blogs soit la plus courte que possible. Et à ce jeu, nous serons toujours les vainqueurs. Ils ont l’argent et les moyens, nous avons la détermination pour ne pas être réduit au silence.

nawaat will survive



لقد تمت اليوم قرصنة موقع نواة و إتلاف جميع محتوياته التي تحوي أربع سنواة من أرشيف العمل السياسي و الحقوقي و النشاط الألكتروني التونسي. و تعد هذه القرصنة الأخطر منذ ولادة موقع نواة سنة 2004، مع الذكر أن محاولات القرصنة لم تتوقف يوما لا عن نواة و لا عن مدوناتنا. .و قد قام القراصنة بإتلاف محتويات موقع نواة و مدونة صدربعل و تمكنوا من دخول قاعدة البيانت و أتلفوها بالجملة.

إلا ان الأمر الذي لا يعلمه هؤلاء هو أننا لن نستسلم يوما للقرصنة و التخريب و الحجب و أن مواقعنا و مدوناتنا الحاضرة و التي ستولد غدا و بعد غد ستكون كما كانت دائما فضاءا لفضح أساليب هذا النظام الذي اتخذ من المعلومة الحرة عدوا. فاليعي هؤلاء أننا سنهزمهم و أن زمام المبادرة على الشبكة سيكون بأيدينا.

و كما قلناها سنة 2004 بعد أول محاولة تخريب تعرض لها موقع نواة، نعيدها اليوم:أنا أقاوم فأنا موجود



L’équipe de Nawaat.org





vendredi 13 juin 2008

Tunisie : les récents événements dramatiques de Redeyef sous les projecteurs du Canal du dialogue.



Ed. 165 du 12/06/08 - Canal du Dialogue Tunisien (El Hiwar



a 165ème édition du journal télévisé du Canal du Dialogue a été en grande partie consacrée aux derniers développements dramatiques que connait le bassin minier et plus particulièrement la ville de Redeyef où des affrontements avec les forces de polices ont fait un mort et huit blessés - cinq manifestants et trois policiers -, selon un bilan gouvernemental, et un mort et 28 blessés, selon des sources syndicales. A découvrir également dans cet extrait mis en ligne par Astrubal et publié sur Nawaat.org, le précieux témoignage du responsable syndicale d’Adnen El Hajji qui se trouvait à proximité de l’endroit où les tires à balle réelles ont touché mortellement le jeune Hafnaoui ben Ridha Belhafnaoui.

Lors de cette entretien téléphonique avec le journaliste de la chaine, M. El Hajji, met fortement en doute la thèse officielle selon laquelle les forces de l’ordre auraient tiré pour empêcher « des éléments perturbateurs » de jeter des cocktails Molotov sur la police, les récipients remplis d’essence servaient, selon lui, à faire bruler les pneus qui servaient de barricades. Et que par ailleurs cela se serait passé dans un autre quartier de la ville et pas à l’endroit où la police avait ouvert le feu.

Les saccages, les pillages, et les violations de domiciles ont également étaient confirmés par M El hajji qui rendait compte du sentiment de « colère » et d’« humiliation » qui prévalent aujourd’hui chez les habitants de Redayef. En effet plusieurs vidéos montraient déjà comment les forces de polices lançaient leurs assauts sur des maisons et des commerces causant d’énormes dégâts matériels. Sans compter les dégâts moraux et psychologiques causés par ces violations de l’intimité et de la propriété privée des habitants de cette ville assiégée depuis maintenant plus de 5 mois.

Des habitants, dont certains auraient fui la ville, ont, par désespoir appelé l’armée pour les protéger de la violence et la cruauté de la police nationale. L’armée a été, parait-il, reçu en protectrice et le dialogue avec les responsables de ce mouvement de protestation ont permis de revenir au calame. Mais, comme le rappelle, M El Hajji, le retour au calame ne signifie en aucun cas l’abondant des revendications initiales ni le silence sur la mort dramatique du jeune manifestant.




mercredi 21 mai 2008

Tunisie : La e-gouvernance ne séduit pas ceux qui gouvernent


ans le cadre d’un programme de développement du projet e-gouvernance en Tunisie, qui vise à améliorer l’accès aux tunisiens aux services administratifs en ligne, la Banque Mondiale, a commandé à un cabinet d’audit français une étude sur « l’état de la e-gouvernance en Tunisie ». Un état des lieux qui s’impose alors que la Tunisie venait d’être classée 124ème - entre le Surinam et le Swaziland - dans dernier rapport de l’ONU sur la e-gouvenance dans le monde. Les résultats, accablants, de cette étude françaises ont été présentés le jeudi 15 mai, devant un parterre de hauts fonctionnaires des administrations concernées et en présence de Zouheir Mdhaffar ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Fonction publique et du Développement administratif a raporté le site internet AfricanManager.com







Gestion complexe et inadaptée du dossier e-gouv, manque d’attractivité des services, difficultés pour y accéder, manque de formation et de conviction aux seins des administrations, débit très faible, ont été les principaux points soulevés par la présentation du dit rapport. Le cabinet conseil pointera surtout l’accès à l’Internet haut-débit dont il dit qu’il «n’est pas suffisamment accessible, n’est pas disponible en terme de pouvoir d’achat, à cause du manque de concurrence». Plus généralement les experts pensent que « le coût des télécommunications reste élevé en Tunisie » alors que le développement de l’administration électronique nécessite un débit plus fort, plus disponible et à faible coût ! Avant de conclure conciliants : «la Tunisie est allée [en matière d’Administration électronique] au bout de ce qu’elle pouvait faire, sans aller au bout du chemin».Voilà qui nécessite sûrement une autre étude qui nous expliquera comment aller « au bout du chemin ».

Le ministre délégué, M Zouheir Mdhaffar, a quand à lui commencé par contester le classement en précisant que « sur certains aspects, le diagnostic n’était pas réel » et en prétendant que ce classement a été corrigé et donne désormais la 106ème place à la Tunisie. Une correction qui n’apparaît pourtant pas encore dans le rapport disponible en ligne (voir l’extrait du classement plus haut). Peu importe pour le délégué ce classement « ne traduit pas la volonté qui existe en Tunisie, d’améliorer les choses ». M Mdhaffar confond sûrement politique et religion si non il saurait qu’en politique les bonnes intentions ne sont pas comptabilisées en tant que bonnes actions.

Mais après ce moment de mauvaise foi obligatoire, le ministre délégué se voulais, parait-il, plus sincère. Devant les caciques de cette administration, il a fait amende honorable en reconnaissant que les « services en lignes ne sont pas performants et l’accès du citoyen y est limité » […] ils ne sont même pas utilisés par les usagers même de l’administration », déplore-t-il. « Il n’y a pas de formation au sein des différents ministères ».a t-il ajouté. Il a également exhorté les fonctionnaires à se mobiliser pour « ne pas se laisser dépasser par les autres », en rappelant qu’un budget de 5 MDT, alloué a ce programme, reste mal ou pas utilisé. Sur ces 5MDT qui dorment selon lui en attendant qu’on les utilise, notre naïf ministre délégué continu de confondre intentions ostentatoirement affichées et réalité politique du pays.

Sûrement pour justifier son post, M Zouheir Mdhaffar terminera son constat, pourtant accablant, en parlant de l’ambition de la Tunisie de se doter d’une administration sans papier « la seule voie » selon lui « pour éradiquer tous les maux de l’administration et pour éviter le va et vient du citoyen à l’administration.». une ambition louable qui toujours selon ses affirmations « contribuera aussi, à réduire le coût des prestations administratives et qui représentent actuellement 13 % du PNB. ». Mais comme toujours en Tunisie ou rien n’est jamais la faute du législateur puisque «nous avons le cadre juridique qu’il faut » se sont naturellement « l’infrastructure et la pratique de l’administration, [qui] ne suivent pas». Le législateur appréciera sûrement tant reconnaissance. L’administré, lui, attend plutôt que « l’infrastructure et la pratique de l’administration » suivent !

Et cela ne risque pas de produire de si tôt au regard de ce qu’en pense l’administration à travers les réactions de ses éminents représentants raportées par le site Internet. Un ancien responsable d’un centre informatique aurait même fait l’apologie de l’ancien système et un autre celui du système d’archivage papier qui existe en Tunisie et demandera qu’on l’introduise dans ce nouveau système d’administration électronique. Ou « pourquoi faire du neuf quand on peut faire ce qu’on a toujours fait ? ». D’où le commentaire assassin d’un des présent : «on les comprend lorsqu’on voit la moyenne d’âge des personnes chargées de la coordination du e-gouv au seins des ministères». Voilà qui n’aidera sûrement pas « la pratique » à suivre !

Malek
Publié sur www.nawaat.org


dimanche 18 mai 2008

Tunisie : Imed et Moaz Trabelsi mis en examen par un magistrat tunisien




écidément, notre si vénéré président, grand ami de Sarkozy, a bien des soucis à se faire avec sa famille. Plus précisément avec celle de sa femme, Leïla Trabelsi. Le dernier en date vient d’être révélé dans une dépêche de l’AFP annonçant la mise en examen, vendredi 16 mai, par un magistrat tunisien des deux neveux par alliance du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, dans le cadre de l'enquête sur le vol du yacht du banquier Bruno Roger à Bonifacio en 2006.

Il a fallu toute l’obstination de M Jean-Bastien Risson, juge d'instruction du tribunal d'Ajaccio, qui s’est rendu à Tunis jeudi, pour que la justice tunisienne se résigne enfin à accepter de mettre en examen Imed et Moaz Trabelsi pour « complicité de vol en bande organisée ». En effet, le juge français attendait l’exécution d’une commission rogatoire internationale délivrée aux autorités tunisiennes depuis le début de l’année 2008. Le sujet était depuis le début de l’affaire motif de tension diplomatique entre les deux pays. Chose que le procureur de la République d'Ajaccio, José Thorel, également du déplacement, dément. « S'il y avait eu des différends diplomatiques, la commission rogatoire n'aurait pas été exécutée par le juge d'instruction tunisien et nous n'aurions pas assisté aux auditions ainsi qu'aux perquisitions », a-t-il déclaré à l’AFP. Six autres personnes ont été également entendues par la justice tunisienne en tant que témoins dans cette affaire et les frères Trabelsi devraient même « répondre prochainement à une convocation de la justice française », toujours selon le procureur.

C’est un changement de position radical qu’opèrent ici les autorités tunisiennes qui tout en confirmant « que le bateau est bien entré en infraction en Tunisie », continue à démentir « toute implication de la famille présidentielle », comme le déclarait l’ambassadeur de Tunisie en France au canard enchaîné au moment du dernier vol. Les frères Trabelsi étaient pourtant soupçonnés d'être les commanditaires du vol en France de trois yachts et avaient été mis en cause par les convoyeurs du yacht de M. Roger, lors de leur interrogatoire en 2006 à Ajaccio.

Le canard qui a révélé cette dernière affaire racontait comment Princess, un yacht de 18 mètres de plus d'un million d'euros, appartenant à Bruno Roger, le PDG de la banque Lazard Frères, disparaissait en pleine nuit du port de Bonifacio en Corse. «Après une halte en Sardaigne, il ne tarde pas à réapparaître en Tunisie, à Sidi Bou Saïd», raconte l'hebdomadaire satirique. La compagnie d'assurances de Bruno Roger, qui dépêche un enquêteur en Tunisie, va y découvrir le yacht repeint et enregistré à la capitainerie du port de Sidi Bou Saïd sous le nom d’Imad Trabelsi, le célèbre neveu de Leïla, la femme du président. Informé, Interpol se rend sur place et saisi le yacht le 26 mai 2006 et puis le restitue à son propriétaire.

Mais, bonnes relations avec Tunis obligent, les négociations pour éviter de mettre en cause la famille de Ben Ali vont bon train. En la matière, la proximité entre Bruno Roger et Jacques Chirac, l’ancien président français s’est s'avérée très utile. Le patron de la banque Lazard s’est d’ailleurs montré très discret sur la mésaventure du Princess. Des tractations auraient même eux lieu pour racheter le fameux yacht et régler l’affaire « entre amis ». L’excellente relation qu’entretient Nicols Sarkozy avec son homologue Ben Ali ne pourra que renforcer le soutien de la diplomatie française à la famille du président tunisien. Bien vaillance qui pourraient expliquer qu’il a fallu deux ans au juge d’instruction français pour obtenir l’audition des frères Trabelsi !

Quatorze ans en arrière c’est le scandale du sang contaminé vendu par la France à la Tunisie qui aurait servi de monnaie d’échange pour que les autorités françaises renoncent à extrader Moncef, le frère de Ben Ali, condamné par contumace à Paris à douze ans de prison pour «trafic de drogue» dans l’affaire de la « Couscous Connection ». Que seront aujourd’hui les arguments du palais de Carthage pour pousser l’Elysée à calmer les ardeurs de la justice française ? L’affaire du jeune tunisien Abdelhakim Ajimi, tué lors d’une bavure policière en France ou les contrats fraichement signés, pourraient êtres des bonnes pistes de réflexions. Pour une famille qui semble ne rien se refuser…

Article publié sur Nawaat.org



mardi 6 mai 2008

Mai 1968 – Mai 2008, 40 ans de «liberté» d’expression en Tunisie




C'était pourtant en 1968 ...




Comment ne pas reconnaître l’aspect si surprenant de ces séquences d’un reportage tourné il y a 40 ans. Il s’agit d’un échange entre jeunes étudiants Tunisiens sur un de ces sujets si tabou en Tunisie.

Et pourtant … Des décennies plus tard, on s’aperçoit que la capacité des tunisiens à s’exprimer sur leur quotidien, notamment politique, au sein des médias autorisés, demeure toujours aussi stérilisée. La politique s’avère être encore plus tabou que les mœurs. Pour les plus hardis, la malice, parfois d’une rare cocasserie, se substitue aux propos directs pour lâcher ce qu’ils ont sur le cœur. Tous les interstices, surtout sportifs, sont mis à contribution pour repousser les limites de la répression de la liberté d’expression.




Pour les plus hardis, faute de mieux, la malice se substitue aux propos directs...
"Moncef, pourquoi ris-tu ... ti chbiik !"




Le monde a changé et les Tunisiens avec. Et pour les nantis d’entre-eux, avec l’internet, c’est l’accession enfin à un paysage médiatique plus libre, plus ouvert, malgré les blocages de l’ATI.

L’Internet, par le biais de ses canaux libres, a rendu toute forme de censure ou de travestissement de la réalité bête et ridicule à l’image de ses auteurs. Du procès du défunt Moncef Ben Ali si « blackouté », aux documents de la CIA déclassés, en passant par la mise en ligne publique du calendrier des réservations d’espaces publicitaires sur certains quotidiens, jusqu’au déplacement de l’avion présidentiel... tout est aujourd’hui devenu accessible malgré la censure.




Procès de la "Couscous Connection" - JT FR3, novembre 1992



L'Internet a été une bénédiction pour toutes les plumes libres, mais également la malédiction qui a ringardisé, en un laps de temps si court, tous ces imbéciles qui n’ont toujours pas compris qu’à la désinformation, il y a une limite au-delà de laquelle il ne faut pas s’aventurer. Et en l’occurrence, les temps sont loins où l’on pouvait raconter tout et n’importe quoi en jouissant du monopole de la parole publique tout en excluant les contradicteurs de leur droit à la parole. Aujourd’hui, avec ce qui se passe et s’échange sur près de 500 blogs tunisiens actifs, la lutte pour ces imbéciles de la désinformation est devenue inégale. Il n’y a qu'à voir où et sur quels supports les tunisiens se sont informés à propos des derniers événements d’El Redaif .



Blogs Tunisiens - Tunisian Blogs
Près de 500 blogs actifs à l'affut des écarts de Mbarek et ses semblables ...



Bien qu’encore relativement timorés pour certains, les blogs tunisiens n’hésitent plus désormais à clouer au pilori la « presse boudourou » (Presse à deux sous) telle qu'il la qualifient communément.

Cette blogosphère, après une première période marquée par une défiance exacerbée à l’égard de la chose publique, défiance qui fut particulièrement nourrie à l’époque – et non sans arrières pensés - par une première génération de blogueurs, sous le prétexte de ne pas vouloir faire de la politique, va s’enhardir pour remplir ce rôle en matière d’information, qui n’est normalement pas sa vocation naturelle.

En effet, depuis peu on assiste à une inversion de tendance où la réappropriation de l’espace public et la parole qu’elle suppose n’est plus perçue comme une politisation malsaine, mais comme l’exercice d’un droit à l’information et à la parole, y compris lorsqu’il s’agit d’exercer un droit de regard sur la gestion des affaires de la cité. Se faisant, s’est amorcé ainsi ce positionnement de la blogosphère tunisienne en tant que pôle désormais incontournable dans le paysage informatif tunisien. Il faut reconnaître aussi que la langue de bois des médias officiels, les privant de toute crédibilité, va largement contribuer à mettre en avant la blogosphère, non pas uniquement quant à la circulation de l’information, mais également dans la création de l’événement médiatique.

Et à plus forte raison, une troisième étape se dessine par l’arrivée de plus en plus de journalistes professionnels qui ont choisi de contourner la censure par la création de leurs propres pages en ligne. Aux blogs des journalistes pionniers en la matière comme celui de Nadia Omrane, A. Zouri ou de Slim Boukhdir (actuellement emprisonné et son blog hacké depuis), on voit arriver ceux de Soufiane Ben Farhat ou de Zied El Heni. Et au-delà des journalistes, on trouve également d’autres profils à l’image de Kastalli Chérif, lequel, bien que se revendiquant comme un « militant de base au sein du RCD et défenseur acharné du projet de société civile de Ben Ali », n’hésite pas à relever dans le pays du même Ben Ali, que « le journaliste est en train de perdre son statut pour devenir une loque humaine [...] ».

Tout comme ce cadre et exploitant agricole Tunisien, on en dénombre d’autres, issus de diverses branches, lesquels désormais contribuent à créer de l’information sur leurs blogs. Cette même information que les médias locaux censurent, transforment ou, dans le meilleur des cas, ignorent.

La liberté d’expression des Tunisiens s’exerce effectivement sur l’internet. Et plus celle-ci s’exerce, plus les médias officiels dont la parole est toujours aussi lénifiante s'avèrent ringards et surranés. Tout esprit sensé, aurait pu raisonnablement s’attendre à ce que, avec l’apparition du réseau des réseaux, la liberté de la presse en Tunisie évolue un tant soit peu. Il n’en fut rien. Et l’on assiste aujourd’hui à un constat qui fait que l’un des plus anciens journaux de la place « La Presse de Tunisie », l’un des plus tirés autrefois, soit perçu, non pas par la majorité, mais par quasiment l’ensemble de la blogosphère tunisienne comme l’un des summums de la presse lénifiante, pour ne pas dire de caniveaux. Et parmi ceux qui sont perçus comme les grands toccards de ce journalisme tunisien, quelqu'un comme M M, un des redacs chefs du même journal, "La Presse", occupe le haut de cette liste peu glorieuse. Quel gachis !

En ce jour où se commémore la « Journée Mondiale de la Liberté de la Presse », bonne fête à tous les épris du droit à la parole et du droit pour une circulation sans entrave de l’information.

Astrubal,
Centrist
et Malek

Samedi 3 mai 2008
http://www.nawaat.org



lundi 5 mai 2008

Les internautes français jugent les propos du président Sarkozy

lors que les internautes tunisiens réagissent timidement à la visite de Nicolas Sarkozy en Tunisie et à son fumeux Discours de Tunis, leurs amis français, eux, n’ont pas perdu du temps pour être nombreux à le faire. Un discours, qui, contenu des premières déclarations du président français, s’annonçait déjà très prometteur. Et on peut dire, sans risque de se tromper, qu’il l’a été !

Les mêmes ingrédients qui ont fait le succès du candidat puis du président Sarkozy, les mêmes qui lui valent aujourd’hui une dégringolade sans précédent dans les enquêtes d’opinions en France, ont été employés pour montrer encore une fois, pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, son soutien total et inconditionnel, à son hôte le dictateur-président Ben Ali.




Nicolas Sarkozy devant les étudiants de l'INSAT - Tunis - 30 Avril 2008 - Images: Public Sénat



Tout cela n’a donc pas échappé à la critique, le plus souvent cinglante, des compatriotes internautes de M. Sarkozy qui sont sûrement plus à même de décortiquer les subtilités de son discours. Comme le montre ce commentaire publié sur le site internet du quotidien Le Monde :


« On avait eu droit à “Est-ce que vous trouvez normal qu’une jeune femme soit brûlée vive dans un bus… ?” (Ben non, toi oui ?) […] C’était avant de faire Président. On continue à présent avec: “Alors tout n’est pas parfait en Tunisie, certes, tout n’est pas parfait en France non plus”. Ou encore la voix de son maître: “la Tunisie n’est pas la Corée du Nord”. Ben ouai, faudrait voir à pas oublier que tout est relatif… »


L’internaute fait référence à cette fâcheuse tendance de M. Sarkozy à poser des questions dont les réponses sont évidentes et qui bien évidemment servent la logique de son argumentaire. Donc, il est clair que si la question est : « voulez-vous que « les barbares » s’emparent de la Tunisie ? » La réponse des bientôt 11 million de tunisiennes et tunisiens ne pourrait être qu’un grand oui à l’unisson. Mais là où la manœuvre est payante, c’est quand il rajoute derrière : « C’est pour cela que je suis venu ici soutenir les efforts du président Ben Ali » !

Mais l’ironie n’a pas été le choix de tous et les commentaires étaient pour la plupart très virulents d’où il ressort en premier un sentiment de « honte » et d’« indignation ». En effet, pour beaucoup, le président français n’a pas été « digne de ses fonctions présidentielles » comme le fustige ce commentaire assassin d’un certain « Yannick L» :

« Il est difficile d’imaginer pire représentant de la France que notre Président. Il se comporte à l’étranger comme un marchand de cravates. Aucun sens de l’honneur, aucune grandeur d’âme. Il piétine sans vergogne tous les grands principes, car il n’a pas de principes, aucun dessein…»

Francis qui s’exprimait sur un article paru sur libération.fr enfonce le clou :

« Le modèle de Sarko, ce n’est certainement pas Charles de Gaulle. Ce n’est pas non plus Mitterrand, ni Chirac, ni Giscard, ni Pompidou. Tous avaient une haute idée de la France. Jamais ils n’auraient abdiqué les valeurs de la République, notamment les Droits de l’Homme, devant un dictateur…».

Il est clair que ça aurait été naïf d’attendre quoi que ce soit de Sarkozy sur le sujet des droits de l’Homme en Tunisie, il a montré lors de son premier passage à Tunis en 2006 qu’il considérait clairement Ben Ali comme un allié à soutenir et il n’y avait aucune raison pour que cela change entre temps. Surtout, qu’il y a eu depuis, la déjà légendaire, visite de Kadhafi en France et les déclarations d’amour à la moitié des dictateurs encore vivants de cette planète. Mais, delà, à carrément en venir à prostituer des valeurs aussi nobles et aussi ancrées dans l’histoire des peuples, et en rajouter comme pour assumer son acte, peu de gens l’avaient envisagé. Un langage et un comportement qui semble terrifier certains :

« Ce qui me terrifie, c’est que malheureusement, un clou chassant l’autre, les prochains discours (présidence de l’Union européenne, Jeux Olympiques, pour rester dans l’actualité) seront de pire en pire… ».

Voir horrifier d’autres :

« Quelle horreur ! Je crois que ça y est le président français vient de nier d’un seul coup tout ce qui nous construit : fini l’éthique en politique. C’est la porte ouverte au plus sordide. Au vu de ce qui va continuer de se passer en Tunisie, on peut presque parler de « crime contre la République ».

Mais ce qui semble le plus indigner ces internautes, c’est le caractère « raciste » et « condescendant » du discours du président français. Comme le signale avec beaucoup de prudence cette internaute :

« Vous avez sans doute raison sur le fait qu’il ne faille pas forcément se jeter dans la brèche, mais cela n’empêche pas que ce que dit Sarko est raciste ».
« Même Le Pen n’aurait pas osé sortir pareille connerie ! »

Enchérit un autre.

Beaucoup d’entre eux se rappellent le fameux discours de l’université de Dakar sur « l’Homme africain », qui selon lui « n’est pas assez entré dans l’histoire. » ! Sarkozy récidive à Tunis avec : « Vous avez une main d’œuvre qui ne demande qu’à être formée” […] “Nous avons beaucoup d’intelligence et beaucoup de formation. ». Un propos prononcé la veille lors d’un autre discours et repris avec d’autres mots dans le Discours de Tunis : « Vous avez fait apparaitre une classe moyenne qui pourra consommer et produire les produits que nous même nous pouvons vendre » !


Mais, Henri Guaino, le véritable auteur de ces discours sirupeux, populistes, démagogues et aux relents racistes, n’a pas été oublié par les critiques souvent indignées des internautes français, à l’instar de « AC-89 » qui lance lors d’une discussion sur le site d’information Rue89.fr :

« Probablement un discours rédigé par Henri Guaino, comme celui de Dakar. Ce type transpire le racisme et la suffisance."

Au cours de la même discussion Queenisdead est quant à lui beaucoup plus loquasse :

[…] En parlant d'écriture, je me demande qui a bien pu lui écrire son discours, une nouvelle fois Guaino ? Cette paire de récidivistes est en train de faire plus fort que George W Bush, c'est dire ! Bref, j'ai honte pour mon pays, j'ai honte car il est sensé représenté la France. Les plaies du discours de Dakar ne sont pas encore refermées, qu'il se sent obligé d'y rajouter un peu de sel! On subodore, des préjugés raciaux qui fleurent bon le XIX° siècle, cet homme n'est pas l'avenir, il vit dans le passé [...] »

« Sonnez le réveil », un peu abattu par tant de condescendance, tente de faire réagir les Tunisiens en leur adressant son message :

« Tant pis pour la France ! Pays réduit à un mini pays qui mérite son mini président. Mais franchement les Tunisiens et les autres, vous avez une histoire longue de 3000 ans et plus, vous avez régné sur le monde comme des seigneurs et aujourd’hui vous cherchez votre salut auprès du président le plus ridicule dans l’histoire de la France…réveillez-vous ! Et faites comme vos ancêtres qui ont foutu dehors le dernier soldat et ont construit leur gloire de leur bravoure."
On ne peut que partager son avis !

Il est clair que quand M. Sarkozy nous félicite pour tout ce que la Tunisie a accompli en 52 ans d’indépendance, il semble oublier que l’histoire de la Tunisie ne se résume pas seulement à son histoire avec la France. Il oublie sûrement…ou, ne le sait-il peut-être pas, qu’il prononce son discours à deux pas de Carthage, capitale historique de la méditerranée ! C’est comme si l’on disait aux Français « regardez tout ce que vous avez accompli en 63 ans d’indépendance », considérant la Libération comme le début de l’histoire de France ! Ainsi, il est donc normal que la France produise le Minitel, le TGV, l’Airbus, et des centrales nucléaires depuis 1946 et que la Tunisie se limite à ses lois antiterroristes qui font ce progrès tant apprécié par le président Français !

En fin de compte et après la performance « remarquable » de M. Sarkozy, on peut tout à fait le croire sur parole quand il dit qu’il n’est pas venu en donneur de leçons. Je dirais même qu’il a bien fait de s’abstenir. Des leçons…surtout en histoire, c’est lui qui semble en avoir le plus besoin.


Malek Khadhraoui


Articles publié sur Nawaat.org